Dur, dur le quotidien des citoyens de Ouled Chebel. Les robinets de la petite bourgade sont à sec depuis une bonne dizaine d'années. Les travaux d'adduction sont toujours au stade de promesses. Dur, dur le quotidien des citoyens de Ouled Chebel. Les robinets de la petite bourgade sont à sec depuis une bonne dizaine d'années. Les travaux d'adduction sont toujours au stade de promesses. La commune d'Ouled Chebel, située à 30 km d'Alger, est encore méconnue d'un grand nombre de citoyens. Et pour cause, cette bourgade de la Mitidja a toujours été victime des aléas sécuritaires très défavorables lors de la décennie noire et de son enclavement, qui ont été la cause principale de son délaissement par les autorités publiques. Cette situation a engendré par ailleurs un énorme déficit en matière de développement. Avant le découpage de 1984, Ouled Chebel n'était qu'un simple douar exclusivement rural à zones éparses. Elle était partagée entre deux autres communes : Chebli et Birtouta. Etant considérée par les pouvoirs publics comme une agglomération secondaire à vocation agricole, elle a été de tout temps défavorisée sur le plan du développement local par rapport aux chefs-lieux. De 1984 à 1997, le douar de Ouled Chebel, qui a été érigé en commune, fut rattaché à son tour à la daïra de Boufarik et plus tard à celle de Bouinan. Aussi, dans le cadre de la création du gouvernorat du Grand Alger, elle a été rattachée à la circonscription administrative de Birtouta. La superficie de cette commune est de 29,3 km2, et elle abrite à peu près 20 mille âmes. «On manque de tout ici» Aujourd'hui, les habitants de cette petite commune subissent plus que jamais un mal-être engendré essentiellement par les mauvaises conditions de vie dans lesquelles ils doivent évoluer quotidiennement. Au-delà des déficiences relevées dans les quelques infrastructures publiques existantes et l'«impotence» des élus locaux à gérer les affaires courantes et à répondre aux besoins des citoyens de la commune, les habitants d'Ouled Chebel n'hésitent plus désormais à afficher leur colère et leur incompréhension concernant notamment leur cadre de vie quotidien. En effet, certains quartiers et hameaux de cette commune manquent de tout : routes praticables, conduites d'égouts, éclairage, etc. C'est le cas par exemple de la rue frères Arrache qui incarne parfaitement l'indigence d'Ouled Chebel et la galère de ses habitants. Force est de constater que les malheureux habitants de ce hameau isolé et éloigné de plus de deux kilomètres du centre de la commune ne bénéficient guère, et ce depuis de très nombreuses années, des «bienfaits de la civilisation». Pistes défoncées, coupures d'électricité récurrentes, réseau d'assainissement défaillant, et surtout une eau de plus en plus rare. Pour la vingtaine de familles qui habitent la rue frères Arrache, la vie est devenue insupportable. «On manque de tout ici. Ni gaz de ville ni eau courante. Pouvez-vous vivre sans eau ? Nous, c'est notre quotidien depuis des dizaines d'années. L'eau dans les robinets, c'est une image que nous ne caressons que dans nos rêves ou sur les écrans de nos télévisions. Et croyez-moi, notre misère n'émeut personne», nous confie sans ambages Mustapha, un des habitants du quartier. Misère est certainement le terme le plus approprié pour qualifier les conditions de vie de ces familles. «Notre seul espoir ici, c'est le tonneau d'eau qui nous ravitaille chaque 15 jours. Oui, nous n'avons droit à de l'eau qu'une fois chaque deux semaines ! C'est tout ce qu'elle peut faire pour nous notre mairie. Et dire que nous sommes en 2007», s'indigne encore notre jeune interlocuteur. «Quelquefois, c'est à nous de nous déplacer jusqu'à la mairie pour rappeler à nos élus que nous existons et que nous ne pouvons pas vivre sans eau», déplore Mahmoud qui ne rêve aujourd'hui que de partir habiter en ville pour en finir avec cette galère. «On en a marre de cette vie. Chaque jour il faut que nos enfants se tapent la corvée de partir avec des brouettes chargées de jerricans pour chercher de l'eau auprès des forages des exploitations agricoles voisines. De ce fait, on ne peut ni prendre une douche comme tout le monde ni laver notre linge. Notre seul souci est d'économiser cette eau précieuse pour ne pas exténuer quotidiennement nos enfants. Pourquoi mon Dieu toute cette misère ? Qu'attend-on à la mairie pour nous aider ?» s'interroge amti Zohra qui trouve le poids de ces souffrances de plus en plus insupportable avec les années qui passent. Des citoyens mis à l'écart «On peut fermer les yeux sur l'état de la route, sur l'électricité, sur le gaz ou sur tout ce que vous voulez. Mais pas sur l'eau. C'est quand même un élément vital. Les fellahs qui possèdent les forages rechignent de nos jours à nous alimenter en eau car leurs pompes n'en aspirent plus assez du sous-sol. Résultat : notre situation est de plus en plus délicate et, à la mairie, ils ne trouvent pas mieux qu'un tonneau chaque deux semaines pour nous aider», regrette, sur un ton résigné Fayçal qui ne cache pas non plus son scepticisme quant à un éventuel espoir de changement. Entourées de terrains et d'exploitations agricoles privées, les familles de la rue frères Arrache ont de tout temps souffert de leur isolement. «Les autres quartiers qui ne sont pas situés à la périphérie de la commune ont largement bénéficié des derniers travaux d'aménagements urbains. Ainsi, les routes ont été bitumées et les conduites de gaz ont été installées. Même l'eau courante est devenue disponible dans certains quartiers. Quant à nous, comme vous le voyez, on nous a privés de tout cela», nous explique Mouloud, 45 ans, enseignant de son état. «A maintes reprises, on nous a promis des travaux d'adduction d'eau potable. Mais nous n'avons rien vu de concret. Jusqu'à aujourd'hui, les promesses et les bonnes paroles pleuvent sur nous. On nous a même affirmé que des Chinois viendront prochainement effectuer les travaux nécessaires pour que l'on soit enfin alimentés en eau potable ! Sincèrement, je pense qu'à quelques mois des élections locales, on abuse effrontement de notre naïveté», relève Ibrahim, 27 ans. Avec l'été et ses grandes chaleurs, l'angoisse de ces malheureuses familles va crescendo. Il y va de soi que pendant la saison estivale, la consommation de l'eau connaît une hausse conséquente. Conditions climatiques obligent, les habitants recourent régulièrement à l'eau pour se réhydrater ou pour d'autres besoins. Or, à Ouled Chebel, l'été est toujours annonciateur de mauvaises surprises. «En été, nous souffrons toujours d'une pénurie d'eau. Contrairement aux autres saisons, il n'est pas évident de trouver un tonneau pour nous ravitailler. Et puis les prix de ces tonneaux s'envolent en cette saison car même en ville où l'eau est disponible, on se les arrache», explique Fayçal. L'eau et l'assainissement constituent à eux seuls un réel handicap pour la commune d'Ouled Chebel. D'autant plus que les différents réseaux réalisés anciennement en amiante-ciment sont très vétustes, provoquant ainsi des fuites de l'eau potable, ce qui expose les habitants aux maladies à transmission hydrique. Il est donc urgent et impératif de les rénover dans les plus brefs délais. Si de nombreux travaux sont en cours, les habitants de la petite bourgade considèrent néanmoins que leur mairie ne fait pas assez pour leur bien-être. Une mairie impuissante «Ils ne font que construire des chaussées, les détruire après pour les reconstruire ensuite ! Des centaines de familles vivent toujours avec des robinets à sec, d'autres n'ont jamais songé à avoir des robinets dans leurs maisons car elles savent pertinemment que cette commune est maudite», s'insurge un père de famille qui désire plus que jamais du changement dans sa vie routinière. «Ce que je ne comprends pas, c'est que c'est seulement notre commune qui est mal gérée dans toute la région de la Mitidja. Partout ailleurs, il y a une évolution. Quant à nous, nos élus ressassent toujours le même discours : budget insuffisant, enclavement de la commune, révision du P.D.A.U, etc. Il est facile de raisonner de la sorte mais quand vous avez des enfants qui parcourent chaque jour des kilomètres pour aller à l'école, des routes défoncées et impraticables, des centaines de familles sans gaz et sans eau, c'est que vous êtes pour quelque chose dans ce mal-être puisque vous n'assumez pas comme il se doit vos responsabilités», explique encore un autre citoyen de la commune. Enfin, malgré les misères du quotidien, les habitants d'Ouled Chebel continuent à caresser le rêve de voir un jour leur commune bénéficier des commodités nécessaires à une vie décente. Mais, de l'avis général, ce rêve ne se réalisera certainement pas à coup de promesses électorales jamais tenues… La commune d'Ouled Chebel, située à 30 km d'Alger, est encore méconnue d'un grand nombre de citoyens. Et pour cause, cette bourgade de la Mitidja a toujours été victime des aléas sécuritaires très défavorables lors de la décennie noire et de son enclavement, qui ont été la cause principale de son délaissement par les autorités publiques. Cette situation a engendré par ailleurs un énorme déficit en matière de développement. Avant le découpage de 1984, Ouled Chebel n'était qu'un simple douar exclusivement rural à zones éparses. Elle était partagée entre deux autres communes : Chebli et Birtouta. Etant considérée par les pouvoirs publics comme une agglomération secondaire à vocation agricole, elle a été de tout temps défavorisée sur le plan du développement local par rapport aux chefs-lieux. De 1984 à 1997, le douar de Ouled Chebel, qui a été érigé en commune, fut rattaché à son tour à la daïra de Boufarik et plus tard à celle de Bouinan. Aussi, dans le cadre de la création du gouvernorat du Grand Alger, elle a été rattachée à la circonscription administrative de Birtouta. La superficie de cette commune est de 29,3 km2, et elle abrite à peu près 20 mille âmes. «On manque de tout ici» Aujourd'hui, les habitants de cette petite commune subissent plus que jamais un mal-être engendré essentiellement par les mauvaises conditions de vie dans lesquelles ils doivent évoluer quotidiennement. Au-delà des déficiences relevées dans les quelques infrastructures publiques existantes et l'«impotence» des élus locaux à gérer les affaires courantes et à répondre aux besoins des citoyens de la commune, les habitants d'Ouled Chebel n'hésitent plus désormais à afficher leur colère et leur incompréhension concernant notamment leur cadre de vie quotidien. En effet, certains quartiers et hameaux de cette commune manquent de tout : routes praticables, conduites d'égouts, éclairage, etc. C'est le cas par exemple de la rue frères Arrache qui incarne parfaitement l'indigence d'Ouled Chebel et la galère de ses habitants. Force est de constater que les malheureux habitants de ce hameau isolé et éloigné de plus de deux kilomètres du centre de la commune ne bénéficient guère, et ce depuis de très nombreuses années, des «bienfaits de la civilisation». Pistes défoncées, coupures d'électricité récurrentes, réseau d'assainissement défaillant, et surtout une eau de plus en plus rare. Pour la vingtaine de familles qui habitent la rue frères Arrache, la vie est devenue insupportable. «On manque de tout ici. Ni gaz de ville ni eau courante. Pouvez-vous vivre sans eau ? Nous, c'est notre quotidien depuis des dizaines d'années. L'eau dans les robinets, c'est une image que nous ne caressons que dans nos rêves ou sur les écrans de nos télévisions. Et croyez-moi, notre misère n'émeut personne», nous confie sans ambages Mustapha, un des habitants du quartier. Misère est certainement le terme le plus approprié pour qualifier les conditions de vie de ces familles. «Notre seul espoir ici, c'est le tonneau d'eau qui nous ravitaille chaque 15 jours. Oui, nous n'avons droit à de l'eau qu'une fois chaque deux semaines ! C'est tout ce qu'elle peut faire pour nous notre mairie. Et dire que nous sommes en 2007», s'indigne encore notre jeune interlocuteur. «Quelquefois, c'est à nous de nous déplacer jusqu'à la mairie pour rappeler à nos élus que nous existons et que nous ne pouvons pas vivre sans eau», déplore Mahmoud qui ne rêve aujourd'hui que de partir habiter en ville pour en finir avec cette galère. «On en a marre de cette vie. Chaque jour il faut que nos enfants se tapent la corvée de partir avec des brouettes chargées de jerricans pour chercher de l'eau auprès des forages des exploitations agricoles voisines. De ce fait, on ne peut ni prendre une douche comme tout le monde ni laver notre linge. Notre seul souci est d'économiser cette eau précieuse pour ne pas exténuer quotidiennement nos enfants. Pourquoi mon Dieu toute cette misère ? Qu'attend-on à la mairie pour nous aider ?» s'interroge amti Zohra qui trouve le poids de ces souffrances de plus en plus insupportable avec les années qui passent. Des citoyens mis à l'écart «On peut fermer les yeux sur l'état de la route, sur l'électricité, sur le gaz ou sur tout ce que vous voulez. Mais pas sur l'eau. C'est quand même un élément vital. Les fellahs qui possèdent les forages rechignent de nos jours à nous alimenter en eau car leurs pompes n'en aspirent plus assez du sous-sol. Résultat : notre situation est de plus en plus délicate et, à la mairie, ils ne trouvent pas mieux qu'un tonneau chaque deux semaines pour nous aider», regrette, sur un ton résigné Fayçal qui ne cache pas non plus son scepticisme quant à un éventuel espoir de changement. Entourées de terrains et d'exploitations agricoles privées, les familles de la rue frères Arrache ont de tout temps souffert de leur isolement. «Les autres quartiers qui ne sont pas situés à la périphérie de la commune ont largement bénéficié des derniers travaux d'aménagements urbains. Ainsi, les routes ont été bitumées et les conduites de gaz ont été installées. Même l'eau courante est devenue disponible dans certains quartiers. Quant à nous, comme vous le voyez, on nous a privés de tout cela», nous explique Mouloud, 45 ans, enseignant de son état. «A maintes reprises, on nous a promis des travaux d'adduction d'eau potable. Mais nous n'avons rien vu de concret. Jusqu'à aujourd'hui, les promesses et les bonnes paroles pleuvent sur nous. On nous a même affirmé que des Chinois viendront prochainement effectuer les travaux nécessaires pour que l'on soit enfin alimentés en eau potable ! Sincèrement, je pense qu'à quelques mois des élections locales, on abuse effrontement de notre naïveté», relève Ibrahim, 27 ans. Avec l'été et ses grandes chaleurs, l'angoisse de ces malheureuses familles va crescendo. Il y va de soi que pendant la saison estivale, la consommation de l'eau connaît une hausse conséquente. Conditions climatiques obligent, les habitants recourent régulièrement à l'eau pour se réhydrater ou pour d'autres besoins. Or, à Ouled Chebel, l'été est toujours annonciateur de mauvaises surprises. «En été, nous souffrons toujours d'une pénurie d'eau. Contrairement aux autres saisons, il n'est pas évident de trouver un tonneau pour nous ravitailler. Et puis les prix de ces tonneaux s'envolent en cette saison car même en ville où l'eau est disponible, on se les arrache», explique Fayçal. L'eau et l'assainissement constituent à eux seuls un réel handicap pour la commune d'Ouled Chebel. D'autant plus que les différents réseaux réalisés anciennement en amiante-ciment sont très vétustes, provoquant ainsi des fuites de l'eau potable, ce qui expose les habitants aux maladies à transmission hydrique. Il est donc urgent et impératif de les rénover dans les plus brefs délais. Si de nombreux travaux sont en cours, les habitants de la petite bourgade considèrent néanmoins que leur mairie ne fait pas assez pour leur bien-être. Une mairie impuissante «Ils ne font que construire des chaussées, les détruire après pour les reconstruire ensuite ! Des centaines de familles vivent toujours avec des robinets à sec, d'autres n'ont jamais songé à avoir des robinets dans leurs maisons car elles savent pertinemment que cette commune est maudite», s'insurge un père de famille qui désire plus que jamais du changement dans sa vie routinière. «Ce que je ne comprends pas, c'est que c'est seulement notre commune qui est mal gérée dans toute la région de la Mitidja. Partout ailleurs, il y a une évolution. Quant à nous, nos élus ressassent toujours le même discours : budget insuffisant, enclavement de la commune, révision du P.D.A.U, etc. Il est facile de raisonner de la sorte mais quand vous avez des enfants qui parcourent chaque jour des kilomètres pour aller à l'école, des routes défoncées et impraticables, des centaines de familles sans gaz et sans eau, c'est que vous êtes pour quelque chose dans ce mal-être puisque vous n'assumez pas comme il se doit vos responsabilités», explique encore un autre citoyen de la commune. Enfin, malgré les misères du quotidien, les habitants d'Ouled Chebel continuent à caresser le rêve de voir un jour leur commune bénéficier des commodités nécessaires à une vie décente. Mais, de l'avis général, ce rêve ne se réalisera certainement pas à coup de promesses électorales jamais tenues…