Avec «Ideqqi, art de femmes berbères» une exposition qui se déroule à Paris jusqu'au 16 septembre, le musée du Quai Branly met en lumière une très ancienne tradition décorative du Maghreb inscrite sur des pièces d'argile. Art populaire par excellence, cette tradition qui remonte au Néolithique, s'est conservée jusqu'à nos jours. Production féminine et rurale transmise de mère en fille, inscrite dans le tatouage, le tissage, la tapisserie, la décoration murale, le bijou et ici dans l'argile, cette forme de décoration aux motifs essentiellement géométriques est typique des cultures de la Méditerranée centrale avant l'introduction du tour. «Aujourd'hui parfaitement abstraits», pour reprendre feu Gabriel Camps, l'un des spécialistes de la protohistoire de l'Afrique du Nord et du Sahara, la plupart des motifs «ne sont que le fruit ou plutôt le résidu d'anciennes figures progressivement desséchées par la stylisation». Pour le chercheur, «les noms imagés qui leur sont donnés (le soldat, le papillon, l'œil de l'âne...) révèlent bien leur origine figurative et permettent parfois de leur retrouver une signification primitive» (in Les Berbères. Aux marges de l'histoire, Editions Les Hespérides, 1980). Parmi les quelque 120 pièces exposées, provenant du Maroc (Moyen Atlas, Rif), d'Algérie (Nedroma, Tlemcen, Chenoua, Kabylie) et de Tunisie, figurent trois œuvres de la céramiste et potière Ouiza Bacha aujourd'hui établie dans le Sud de la France et dont le travail interroge le geste millénaire des céramistes berbères. Cinq tirages de «Femmes Algériennes de 1960» de Marc Garanger complètent le parcours avec les tatouages visibles sur les photographies, un hommage rendu à toutes ces femmes; il rappelle d'ailleurs qu'à cette époque il faisait son service en Algérie : «L'armée française avait décidé que les autochtones devaient avoir une carte d'identité française pour mieux contrôler leurs déplacements dans les "villages de regroupement". Comme il n'y avait pas de photographe civil, on me demanda de photographier tous les gens des villages avoisinants : Ain Terzine, Le Merdoud, le Maghine, Souk el Khémis... J'ai aussi photographié près de 2000 personnes, en grande majorité des femmes, à la cadence de 200 par jour. C'est le visage des femmes qui m'a beaucoup impressionné. Elles n'avaient pas le choix. Elles étaient dans l'obligation de se dévoiler et de se laisser photographier. J'ai reçu leur regard à bout portant, premier témoin de leur protestation muette, violente. Je veux leur rendre hommage aujourd'hui !» Avec «Ideqqi, art de femmes berbères» une exposition qui se déroule à Paris jusqu'au 16 septembre, le musée du Quai Branly met en lumière une très ancienne tradition décorative du Maghreb inscrite sur des pièces d'argile. Art populaire par excellence, cette tradition qui remonte au Néolithique, s'est conservée jusqu'à nos jours. Production féminine et rurale transmise de mère en fille, inscrite dans le tatouage, le tissage, la tapisserie, la décoration murale, le bijou et ici dans l'argile, cette forme de décoration aux motifs essentiellement géométriques est typique des cultures de la Méditerranée centrale avant l'introduction du tour. «Aujourd'hui parfaitement abstraits», pour reprendre feu Gabriel Camps, l'un des spécialistes de la protohistoire de l'Afrique du Nord et du Sahara, la plupart des motifs «ne sont que le fruit ou plutôt le résidu d'anciennes figures progressivement desséchées par la stylisation». Pour le chercheur, «les noms imagés qui leur sont donnés (le soldat, le papillon, l'œil de l'âne...) révèlent bien leur origine figurative et permettent parfois de leur retrouver une signification primitive» (in Les Berbères. Aux marges de l'histoire, Editions Les Hespérides, 1980). Parmi les quelque 120 pièces exposées, provenant du Maroc (Moyen Atlas, Rif), d'Algérie (Nedroma, Tlemcen, Chenoua, Kabylie) et de Tunisie, figurent trois œuvres de la céramiste et potière Ouiza Bacha aujourd'hui établie dans le Sud de la France et dont le travail interroge le geste millénaire des céramistes berbères. Cinq tirages de «Femmes Algériennes de 1960» de Marc Garanger complètent le parcours avec les tatouages visibles sur les photographies, un hommage rendu à toutes ces femmes; il rappelle d'ailleurs qu'à cette époque il faisait son service en Algérie : «L'armée française avait décidé que les autochtones devaient avoir une carte d'identité française pour mieux contrôler leurs déplacements dans les "villages de regroupement". Comme il n'y avait pas de photographe civil, on me demanda de photographier tous les gens des villages avoisinants : Ain Terzine, Le Merdoud, le Maghine, Souk el Khémis... J'ai aussi photographié près de 2000 personnes, en grande majorité des femmes, à la cadence de 200 par jour. C'est le visage des femmes qui m'a beaucoup impressionné. Elles n'avaient pas le choix. Elles étaient dans l'obligation de se dévoiler et de se laisser photographier. J'ai reçu leur regard à bout portant, premier témoin de leur protestation muette, violente. Je veux leur rendre hommage aujourd'hui !»