Le musée du quai Branly, à Paris, vient consacrer un espace, la galerie-est et un temps, trois mois, à une exposition de poteries berbères. « Ideqqi, art de femmes berbères », ce sont 120 pièces provenant, pour la plupart, d'Algérie (Chenoua, Tlemcen, Nedroma, Kabylie). Parmi les objets exposés, figurent trois œuvres de la céramiste et potière algérienne Ouiza Bacha, dont le travail interroge le geste millénaire de ses aînées de la Grande Kabylie. Dans cette grande exposition, on peut apprécier l'art de la décoration qui consiste en des signes et des formes géométriques typiques de cette région, que l'on retrouve tant sur les poteries que dans le tissage, le tatouage, les bijoux... Mais l'accent est mis sur l'argile, cette terre que les femmes ont malaxée et façonnée pour créer des objets usuels et de décoration depuis le néolithique. Des objets qui ont été conservés, à ce jour, et que quelques femmes continuent encore à créer, aujourd'hui, dans quelques villages isolés de la montagne. Les pièces sont travaillées à la main, sans usage du tour, et cuite à l'air libre et non dans un four. 24 pièces exceptionnelles sont, d'ailleurs, présentées, dont des pichets, des cruches, des lampes, des jarres, ainsi que des châles, des capes et des tentures. En gros, l'idée est de représenter les objets les plus importants, ou, du moins, selon la catégorie à laquelle ils appartiennent. C'est ainsi qu'on retrouve les jarres, les cruches et les pots pour le transport et la conservation, les ustensiles utilisés pour la cuisson des aliments, la vaisselle de service à table et, enfin, les objets dont l'usage n'est pas lié à l'alimentation : les lampes à huile principalement. Dans un pays où l'approvisionnement en eau était un problème quotidien, il n'est pas surprenant que les poteries utilisées pour le transport, la conservation et le service de l'eau soient très nombreuses et très variées. En parallèle à la poterie, 5 portraits de femmes algériennes tatouées, réalisés par Marc Garanger en 1960. Ce dernier, présent en Algérie pour son service militaire, avait reçu l'ordre de photographier les autochtones afin de leur procurer des cartes d'identité et, par là même, contrôler leurs déplacements dans les villages.