L'ancien président de la LADDH fait du respect de la dignité humaine le point nodal de son combat pour les droits de l'Homme L'ancien président de la LADDH fait du respect de la dignité humaine le point nodal de son combat pour les droits de l'Homme L'été en Algérie a toujours eu son feuilleton politique. Le départ en vacances a généralement coïncidé, dans l'esprit des gens, avec vacances du pouvoir, à tort ou à raison. C'est la faute au soleil sans doute. A la chaleur algérienne, à ces longues journées torrides d'été qui n'en finissent pas et que les gens trouvent le moyen de meubler d'une manière ou d'une autre. L'été 1988 a été annonciateur des émeutes du 5 octobre. L'été 1998 a précédé de peu l'annonce par le Président Zeroual de l'organisation d'élections présidentielles anticipées ; L'été 2003 avait ouvert, d'une manière un peu anticipée, la campagne électorale pour la présidentielle du 8 avril 2004. Et ainsi de suite. Même les catastrophes naturelles sont politisées à l'extrême et sont observées et annotées à travers le prisme déformant de l'été: inondation de Bab El Oued du 10 novembre 2001 ou séisme de Boumerdès de mai 2003. Rien n'échappe à la boulimie de commentaires du café du commerce. Manque de loisirs, et d'équipement socio ? Sans doute. Faute de grive on mange des merles, et les Algériens qui ne peuvent pas se payer des vacances à Palma — ils sont des millions dans ce cas — se rabattent sur leur activité favorite, faire et défaire les gouvernements. Destituer les présidents. Après tout, ça ne coûte rien, et c'est moins cher que le loto ou le monopoly. Ainsi donc, il sera peut-être dit que cet été 2007 sera livresque. Cela nous change un peu. Et ça nous fera de la lecture. Parce que les commentateurs commençaient à se lasser des chroniques et des fausses vraies fuites sur la modification de la Constituion. Il y a d'abord le brûlot que Belaïd Abdeleslam a mis sur le Net et qui revient sur la période où il était Chef de gouvernement. Coopté par un cercle restreint de décideurs, celui qu'on avait surnommé le père de l'industrie industrialisante, avait été appelé à la rescousse dans un contexte de crise évidente, aux plans économique et politique, une crise à laquelle il n'était pas parvenu à apporter des solutions. Ce n'était pas chose facile au vu des contraintes multiformes de l'époque, où les rapports de force et les jeux de pouvoir, couplés à une chute drastique des cours du baril, pesaient de tout leur poids sur la gestion au quotidien de la vie des citoyens. Toute autre est l'approche de maître Ali Yahia Abdenour. En tant qu'opposant, il n'entre pas dans ces jeux de coulisse et pour lui, c'est le pouvoir dans son ensemble qu'il faut rejeter. Les saupoudrages subtils pour parvenir aux équilibres entre clans, entre régions, entre factions, il rejette tout cela en bloc et dans le détail. C'est certainement ce qui force le respect chez lui. C'est un pan de l'histoire de l'Algérie que l'auteur fait défiler dans ce livre. Des bribes d'histoire qui ne sont pas toujours connues du grand public, mais qui ont fait partie malgré nous de notre actualité contemporaine. C'est que dès le départ, maître Ali Yahia Abdenour a mis le costume de l'opposant et il ne l'a jamais quitté. Si certains ont cru bon d'utiliser ce costume pour viser une carrière politique, lui se contente de faire de l'opposition politique sans jamais briguer aucun poste, ni aucun porte-feuille, fut-il électif. Son livre, intitulé, La dignité humaine, est édité aux éditions INAS. C'est un ouvrage de 290 pages dans lequel il raconte son parcours de militant invétéré des droits de l'Homme. Après avoir fait un historique des droits de l'Homme, dans le monde, à partir de la Déclaration des droits de l'Homme de 1948, Ali Yaha Abdenour revient sur la création de la LADH en 1985, l'emprisonnement de ses militants à la prison de Berrouaghia. Il revient également sur l'assassinat de Mohamed Boudiaf, celui du journaliste écrivain Tahar Djaout. Si la question des disparus reste l'un de ses thèmes favoris, il n'oublie pas néanmoins d'aborder les droits de la femme en Algérie, ou la question de l'amazighité. Dans le préambule, il donne déjà la ton, écrivant que «l'indépendance du pays en 1962 a engendré des dirigeants qui ont confondu Etat, Nation, peuple, socialisme et capitalisme d'Etat, socialisme national et national-socialisme, droit du peuple à disposer de lui-même et droit de l'Etat à disposer du peuple». Ce fut un système de parti unique dans lequel, dit-il, «la répression vise à supprimer les contradictions en éliminant les contradicteurs». Mais c'est surtout ce concept de dignité qui retient le plus son attention et qu'il met en exergue. Il cite pour cela l'article premier de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948, adoptée à l'issue de la victoire sur le nazisme hitlérien. «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.» Cela lui fera dire que le concept de dignité humaine est la clef de voûte de la société et son contraire est l'humiliation. Il en fait un principe dans son action de tous les jours et dans son combat de militant de la LADH puis de la LADDH. Ce qui l'amène à placer la morale et l'éthique au-dessus de tout, estimant que lorsque la politique n'est pas interpellée par l'éthique, il y a dérive. D'où sa charge pour ce qu'il estime être une usurpation du pouvoir après 1962 ; en disant que la Guerre de Libération a donné naissance après l'indépendance du pays à un capitalisme d'Etat au sein duquel la nomenklatura a pris la place des anciens colons. En cela, il reprend à son compte une analyse qui avait été faite par Frantz Fanon dans son essai «Peau noire, masque blanc», bien avant l'indépendance. Estimant qu'il est humain de se tromper, mais qu'il est diabolique de persévérer, maître Ali Yahia Abdenour s'accorde toutefois quelques jeux de mots faciles, dont il aurait pu faire l'économie dans un livre aussi fondamental pour la défense des droits de l'Homme. On ne citera ici que quelques exemples, mais le livre en foisonne : «Que la force de la raison triomphe de la raison de la force. Il faut exclure l'exclusion et être intolérant avec l'intolérance». Ce sont des poncifs et des pense-bête communs qui dispensent un auteur d'apporter la preuve de ce qu'il avance. Ils sont peut-être utiles dans un prétoire, pour renforcer une plaidoirie et impressionner les jurés, mais dans un tel ouvrage, ils deviennent lassants à force de faire guirlandes. En revanche, on appréciera quelques envolées d'une rare sincérité et qui recadrent le combat de l'avocat pour la réalisation de son idéal : « Je n'ai jamais cessé d'explorer les effets dévastateurs du rejet de l'autre, de celui qui pense autrement mais demeure égal dans la dignité.» Cela est conforme à la ligne de conduite que s'est tracée maître Ali Yahia durant tout son parcours. En tant qu'avocat, mais aussi en tant que militant, il n'a jamais dévié de sa voie, qui consiste à défendre la vérité et la dignité de l'autre, quel que soit son bord politique. Pour les médecins, le serment d'Hippocrate leur conseille de toujours apporter assistance à une personne en danger et d'avoir le même comportement avec tous les malades, sans aucune distinction. Pour l'avocat Ali Yahia Abdenour, le respect des droits de la défense fait partie des droits fondamentaux de la personne humaine et, bien sûr, c'est tout à son honneur. Cela ne l'empêche pas de décocher quelques piques à l'adresse des intellectuels, dont il dira que dans leur grande majorité, ils ont renoncé à leur rôle de critiques et d'analystes rigoureux. « Leur silence, dit-il, prouve que l'histoire se fait sans eux et contre eux.» Adepte de la réconciliation au plus fort de la confrontation entre éradicateurs et réconciliateurs, au milieu des années 90, et depuis l'arrêt du processus électoral, maître Ali Yahia Abdenour estime, et ce n'est pas nouveau, que la stratégie du tout sécuritaire ne mène qu'à l'échec car elle est sans perspective politique et ne fait qu'entretenir le cycle de la violence. Il y a tout un chapitre qui concerne, cela va de soi, le projet de création de la première Ligue algérienne des droits de l'Homme, LADH, projet qui s'est concrétisé par une réunion tenue le 14 avril 1985 au restaurant El Boustan, à El Biar, sur les hauteurs d'Alger. Pour l'auteur, du fait des divergences entre les participants à cette réunion préparatoire, l'assemblée générale n'a pas fait avancer la cause des droits de l'homme, car elle a soulevé «des divergences de forme et de fond». Ses statuts furent déposés, et la demande d'affiliation à la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a été effectuée en août 1985, alors même que les militants de la Ligue étaient emprisonnés à Berrouaghia. Pour la petite histoire, il est bien de savoir que le 5 Juillet 1985, date de l'anniversaire de l'indépendance, les membres de l'association «Enfants des martyrs de la révolution», ont décidé de participer aux festivités nationales, en déposant une gerbe de fleurs aux carrés des martyrs inhumés aux cimetières d'Alger, de Tizi Ouzou et de Chlef. Et que ce jour-là, le pouvoir a procédé à leur arrestation. L'été en Algérie a toujours eu son feuilleton politique. Le départ en vacances a généralement coïncidé, dans l'esprit des gens, avec vacances du pouvoir, à tort ou à raison. C'est la faute au soleil sans doute. A la chaleur algérienne, à ces longues journées torrides d'été qui n'en finissent pas et que les gens trouvent le moyen de meubler d'une manière ou d'une autre. L'été 1988 a été annonciateur des émeutes du 5 octobre. L'été 1998 a précédé de peu l'annonce par le Président Zeroual de l'organisation d'élections présidentielles anticipées ; L'été 2003 avait ouvert, d'une manière un peu anticipée, la campagne électorale pour la présidentielle du 8 avril 2004. Et ainsi de suite. Même les catastrophes naturelles sont politisées à l'extrême et sont observées et annotées à travers le prisme déformant de l'été: inondation de Bab El Oued du 10 novembre 2001 ou séisme de Boumerdès de mai 2003. Rien n'échappe à la boulimie de commentaires du café du commerce. Manque de loisirs, et d'équipement socio ? Sans doute. Faute de grive on mange des merles, et les Algériens qui ne peuvent pas se payer des vacances à Palma — ils sont des millions dans ce cas — se rabattent sur leur activité favorite, faire et défaire les gouvernements. Destituer les présidents. Après tout, ça ne coûte rien, et c'est moins cher que le loto ou le monopoly. Ainsi donc, il sera peut-être dit que cet été 2007 sera livresque. Cela nous change un peu. Et ça nous fera de la lecture. Parce que les commentateurs commençaient à se lasser des chroniques et des fausses vraies fuites sur la modification de la Constituion. Il y a d'abord le brûlot que Belaïd Abdeleslam a mis sur le Net et qui revient sur la période où il était Chef de gouvernement. Coopté par un cercle restreint de décideurs, celui qu'on avait surnommé le père de l'industrie industrialisante, avait été appelé à la rescousse dans un contexte de crise évidente, aux plans économique et politique, une crise à laquelle il n'était pas parvenu à apporter des solutions. Ce n'était pas chose facile au vu des contraintes multiformes de l'époque, où les rapports de force et les jeux de pouvoir, couplés à une chute drastique des cours du baril, pesaient de tout leur poids sur la gestion au quotidien de la vie des citoyens. Toute autre est l'approche de maître Ali Yahia Abdenour. En tant qu'opposant, il n'entre pas dans ces jeux de coulisse et pour lui, c'est le pouvoir dans son ensemble qu'il faut rejeter. Les saupoudrages subtils pour parvenir aux équilibres entre clans, entre régions, entre factions, il rejette tout cela en bloc et dans le détail. C'est certainement ce qui force le respect chez lui. C'est un pan de l'histoire de l'Algérie que l'auteur fait défiler dans ce livre. Des bribes d'histoire qui ne sont pas toujours connues du grand public, mais qui ont fait partie malgré nous de notre actualité contemporaine. C'est que dès le départ, maître Ali Yahia Abdenour a mis le costume de l'opposant et il ne l'a jamais quitté. Si certains ont cru bon d'utiliser ce costume pour viser une carrière politique, lui se contente de faire de l'opposition politique sans jamais briguer aucun poste, ni aucun porte-feuille, fut-il électif. Son livre, intitulé, La dignité humaine, est édité aux éditions INAS. C'est un ouvrage de 290 pages dans lequel il raconte son parcours de militant invétéré des droits de l'Homme. Après avoir fait un historique des droits de l'Homme, dans le monde, à partir de la Déclaration des droits de l'Homme de 1948, Ali Yaha Abdenour revient sur la création de la LADH en 1985, l'emprisonnement de ses militants à la prison de Berrouaghia. Il revient également sur l'assassinat de Mohamed Boudiaf, celui du journaliste écrivain Tahar Djaout. Si la question des disparus reste l'un de ses thèmes favoris, il n'oublie pas néanmoins d'aborder les droits de la femme en Algérie, ou la question de l'amazighité. Dans le préambule, il donne déjà la ton, écrivant que «l'indépendance du pays en 1962 a engendré des dirigeants qui ont confondu Etat, Nation, peuple, socialisme et capitalisme d'Etat, socialisme national et national-socialisme, droit du peuple à disposer de lui-même et droit de l'Etat à disposer du peuple». Ce fut un système de parti unique dans lequel, dit-il, «la répression vise à supprimer les contradictions en éliminant les contradicteurs». Mais c'est surtout ce concept de dignité qui retient le plus son attention et qu'il met en exergue. Il cite pour cela l'article premier de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948, adoptée à l'issue de la victoire sur le nazisme hitlérien. «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.» Cela lui fera dire que le concept de dignité humaine est la clef de voûte de la société et son contraire est l'humiliation. Il en fait un principe dans son action de tous les jours et dans son combat de militant de la LADH puis de la LADDH. Ce qui l'amène à placer la morale et l'éthique au-dessus de tout, estimant que lorsque la politique n'est pas interpellée par l'éthique, il y a dérive. D'où sa charge pour ce qu'il estime être une usurpation du pouvoir après 1962 ; en disant que la Guerre de Libération a donné naissance après l'indépendance du pays à un capitalisme d'Etat au sein duquel la nomenklatura a pris la place des anciens colons. En cela, il reprend à son compte une analyse qui avait été faite par Frantz Fanon dans son essai «Peau noire, masque blanc», bien avant l'indépendance. Estimant qu'il est humain de se tromper, mais qu'il est diabolique de persévérer, maître Ali Yahia Abdenour s'accorde toutefois quelques jeux de mots faciles, dont il aurait pu faire l'économie dans un livre aussi fondamental pour la défense des droits de l'Homme. On ne citera ici que quelques exemples, mais le livre en foisonne : «Que la force de la raison triomphe de la raison de la force. Il faut exclure l'exclusion et être intolérant avec l'intolérance». Ce sont des poncifs et des pense-bête communs qui dispensent un auteur d'apporter la preuve de ce qu'il avance. Ils sont peut-être utiles dans un prétoire, pour renforcer une plaidoirie et impressionner les jurés, mais dans un tel ouvrage, ils deviennent lassants à force de faire guirlandes. En revanche, on appréciera quelques envolées d'une rare sincérité et qui recadrent le combat de l'avocat pour la réalisation de son idéal : « Je n'ai jamais cessé d'explorer les effets dévastateurs du rejet de l'autre, de celui qui pense autrement mais demeure égal dans la dignité.» Cela est conforme à la ligne de conduite que s'est tracée maître Ali Yahia durant tout son parcours. En tant qu'avocat, mais aussi en tant que militant, il n'a jamais dévié de sa voie, qui consiste à défendre la vérité et la dignité de l'autre, quel que soit son bord politique. Pour les médecins, le serment d'Hippocrate leur conseille de toujours apporter assistance à une personne en danger et d'avoir le même comportement avec tous les malades, sans aucune distinction. Pour l'avocat Ali Yahia Abdenour, le respect des droits de la défense fait partie des droits fondamentaux de la personne humaine et, bien sûr, c'est tout à son honneur. Cela ne l'empêche pas de décocher quelques piques à l'adresse des intellectuels, dont il dira que dans leur grande majorité, ils ont renoncé à leur rôle de critiques et d'analystes rigoureux. « Leur silence, dit-il, prouve que l'histoire se fait sans eux et contre eux.» Adepte de la réconciliation au plus fort de la confrontation entre éradicateurs et réconciliateurs, au milieu des années 90, et depuis l'arrêt du processus électoral, maître Ali Yahia Abdenour estime, et ce n'est pas nouveau, que la stratégie du tout sécuritaire ne mène qu'à l'échec car elle est sans perspective politique et ne fait qu'entretenir le cycle de la violence. Il y a tout un chapitre qui concerne, cela va de soi, le projet de création de la première Ligue algérienne des droits de l'Homme, LADH, projet qui s'est concrétisé par une réunion tenue le 14 avril 1985 au restaurant El Boustan, à El Biar, sur les hauteurs d'Alger. Pour l'auteur, du fait des divergences entre les participants à cette réunion préparatoire, l'assemblée générale n'a pas fait avancer la cause des droits de l'homme, car elle a soulevé «des divergences de forme et de fond». Ses statuts furent déposés, et la demande d'affiliation à la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a été effectuée en août 1985, alors même que les militants de la Ligue étaient emprisonnés à Berrouaghia. Pour la petite histoire, il est bien de savoir que le 5 Juillet 1985, date de l'anniversaire de l'indépendance, les membres de l'association «Enfants des martyrs de la révolution», ont décidé de participer aux festivités nationales, en déposant une gerbe de fleurs aux carrés des martyrs inhumés aux cimetières d'Alger, de Tizi Ouzou et de Chlef. Et que ce jour-là, le pouvoir a procédé à leur arrestation.