Enthousiastes et déterminés, tels nous sont apparus les membres de l'équipage initiateur de cette expérience «qui a lieu partout ailleurs dans le monde, alors pourquoi pas en Algérie ?» Ce mardi, la mer est agitée et le plaisancier n'a pas effectué ses périples habituels. Sagement garé sur l'un des quais du nouveau port de pêche de Jijel qui prolonge la plage du lieudit «Boudis», nous avons rencontrés à son bord le raïs, Drourou Nouredine, les matelots Chetran Douyer et son camarade qui ne s'est pas présenté, le mécanicien Mouâd Bouchmel et, enfin, le propriétaire gérant de l'Entreprise de location de véhicules touristiques et nautiques, Chetitah Ahmed. Ils nous ont fait part aussi bien de la joie des estivants qui font leur baptême de mer que des blocages rencontrés par l'entreprise de location de véhicules touristiques et nautiques dans son exploitation du «U Sao Paulu Bi.» Durant l'entretien, des vacanciers de tous les âges s'empressaient autour du bateau, demandant la date de la prochaine croisière et s'enquérant des tarifs. «Lorsque nous sommes allés à Oued Z'hor c'était formidable ! Il y avait les gens de la télé ( la Chaîne A3) à bord ainsi qu'un couple de touristes étrangers ravis de pouvoir faire de la plongée sous-marine», déclare Chetran Douyer, l'un des deux matelots. Le jeune marin signale fièrement ses 10 ans d'expérience professionnelle. Cette croisière vers Oued Z'hor semble les avoir marqués aussi bien par les paysages sauvages découverts que par la joie manifestée par les voyageurs… «Nous leur avons servi un couscous au poisson fait maison et beaucoup ont déclaré qu'ils ne pensaient pas que c'était aussi délicieux…», souligne Chetitah Ahmed. L'atmosphère de sérénité qui baigne le port de pêche en cette fin de journée donne au décor un je ne sais quoi de factice lorsque les travailleurs de la mer déroulent la longue trame de leurs problèmes et préoccupations. Tout d'abord, l'emplacement de ce nouveau port, inauguré depuis un an, jugé problématique par ses utilisateurs. Dans le prolongement d'une plage, il est exigu et déjà la place manque pour tous les bateaux qui l'utilisent. De plus, lorsque la mer monte et que le mauvais temps s'installe, le fond se couvre de sable et très vite il n'y a plus assez de profondeur. Les bateaux à fort tirant d'eau ont alors de sérieuses chances de s'échouer sur les bancs de sable. Ce qui contraint le port à d'éternels travaux de dragage. «Il y a vers l'Ouest, une place dite «John Douglas» ou «champ de Glace» selon les aléas de la prononciation locale, qui aurait été parfaite pour la construction d'un port de pêche. Pourquoi ce choix malheureux ?» se demandent nos interlocuteurs. Il faut souligner que l'ancien port de pêche de Jijel situé à Scala a été transformé en port de la Marine nationale. Ce qui avec le nouveau port de Djen-Djen dote la ville de trois ports. Les autorisations tardent à venir. Concernant l'exploitation du plaisancier, l'autorisation officielle des administrations ministérielles de tutelle, tarde à venir pour des raisons que l'équipage et le patron trouvent inexplicables. Pourtant, selon eux, tout y est : les certificats de conformité, la visite des gardes-côtes de Béjaïa, les conditions de sécurité (voir encadré), le confort, le personnel compétent, etc. «Les estivants amateurs de balade, avaient pourtant l'habitude de se rabattre sur les sardiniers et autres bateaux de pêche pour faire un tour en mer. Le débat s'anime et s'élargit aux exigences du développement du pays par le tourisme. En Tunisie, ils nous font découvrir un petit bout de côte alors qu'ici la nature est généreuse et magnifique. Chaque année 300 000 touristes algériens vont en Tunisie. Nous avons un pays à développer et nous ne comprenons rien aux raisons de cette lenteur à nous délivrer cette convention qui doit être signée par les gardes-côtes. Pourtant, nous sommes la première entreprise à organiser cela et nous nous attendions à être encouragés ! » L'encouragement existe toutefois de la part du wali, ont tenu à souligner nos interlocuteurs. Côté médiatisation, l'expérience a déjà bénéficié de la couverture de Canal Algérie, de la Chaîne A3 et même de la visite des organisateurs de l'émission Thalassa intéressés par la région paradisiaque de Oued Z'hor où des phénomènes naturels rares ont été remarqués par les scientifiques. «Depuis son démarrage le 28 juin, l'exploitation du «U Sao Paulu BI» rencontre pas mal d'obstacles», répète M. Chetitah. «Des problèmes avec l'entreprise portuaire.» Après s'être acquitté des 23.000 dinars annuels de droits d'accostage, M. Chetitah dit ne pas encore avoir eu droit à la baraque mise à la disposition des utilisateurs de plans d'eau. «Alors que même les petits métiers ont une baraque…» soupire-t-il. Loin de se décourager, il a fabriqué lui-même une baraque qu'il a installée en face du bateau. Il a alors demandé l'autorisation d'installer une petite terrasse pour que les voyageurs puissent se détendre et prendre une boisson en attendant leur embarquement. La réponse a été positive moyennant le versement d'une taxe de 80.000 DA. Il a alors décidé de temporiser, mais il affirme que la somme lui est demandée même sans l'organisation de l'espace buvette. Après avoir adressé du courrier à ce sujet, à M. le wali et aux autorités portuaires de Jijel, le chef de la petite entreprise opte pour l'instant pour le wait and see. Les membres de l'équipage ont également fait part de leurs préoccupations concernant le devenir d'une centaine de travailleurs de l'ECOREP, entreprise fabriquant des bateaux dans l'ancien port de pêche de Scala, mis à la disposition de la marine nationale. L'unité qui selon ses travailleurs, est performante, sera-t-elle simplement délocalisée ou est-elle définitivement fermée ? Autant de questions que se posent ces artisansde la mer. Enthousiastes et déterminés, tels nous sont apparus les membres de l'équipage initiateur de cette expérience «qui a lieu partout ailleurs dans le monde, alors pourquoi pas en Algérie ?» Ce mardi, la mer est agitée et le plaisancier n'a pas effectué ses périples habituels. Sagement garé sur l'un des quais du nouveau port de pêche de Jijel qui prolonge la plage du lieudit «Boudis», nous avons rencontrés à son bord le raïs, Drourou Nouredine, les matelots Chetran Douyer et son camarade qui ne s'est pas présenté, le mécanicien Mouâd Bouchmel et, enfin, le propriétaire gérant de l'Entreprise de location de véhicules touristiques et nautiques, Chetitah Ahmed. Ils nous ont fait part aussi bien de la joie des estivants qui font leur baptême de mer que des blocages rencontrés par l'entreprise de location de véhicules touristiques et nautiques dans son exploitation du «U Sao Paulu Bi.» Durant l'entretien, des vacanciers de tous les âges s'empressaient autour du bateau, demandant la date de la prochaine croisière et s'enquérant des tarifs. «Lorsque nous sommes allés à Oued Z'hor c'était formidable ! Il y avait les gens de la télé ( la Chaîne A3) à bord ainsi qu'un couple de touristes étrangers ravis de pouvoir faire de la plongée sous-marine», déclare Chetran Douyer, l'un des deux matelots. Le jeune marin signale fièrement ses 10 ans d'expérience professionnelle. Cette croisière vers Oued Z'hor semble les avoir marqués aussi bien par les paysages sauvages découverts que par la joie manifestée par les voyageurs… «Nous leur avons servi un couscous au poisson fait maison et beaucoup ont déclaré qu'ils ne pensaient pas que c'était aussi délicieux…», souligne Chetitah Ahmed. L'atmosphère de sérénité qui baigne le port de pêche en cette fin de journée donne au décor un je ne sais quoi de factice lorsque les travailleurs de la mer déroulent la longue trame de leurs problèmes et préoccupations. Tout d'abord, l'emplacement de ce nouveau port, inauguré depuis un an, jugé problématique par ses utilisateurs. Dans le prolongement d'une plage, il est exigu et déjà la place manque pour tous les bateaux qui l'utilisent. De plus, lorsque la mer monte et que le mauvais temps s'installe, le fond se couvre de sable et très vite il n'y a plus assez de profondeur. Les bateaux à fort tirant d'eau ont alors de sérieuses chances de s'échouer sur les bancs de sable. Ce qui contraint le port à d'éternels travaux de dragage. «Il y a vers l'Ouest, une place dite «John Douglas» ou «champ de Glace» selon les aléas de la prononciation locale, qui aurait été parfaite pour la construction d'un port de pêche. Pourquoi ce choix malheureux ?» se demandent nos interlocuteurs. Il faut souligner que l'ancien port de pêche de Jijel situé à Scala a été transformé en port de la Marine nationale. Ce qui avec le nouveau port de Djen-Djen dote la ville de trois ports. Les autorisations tardent à venir. Concernant l'exploitation du plaisancier, l'autorisation officielle des administrations ministérielles de tutelle, tarde à venir pour des raisons que l'équipage et le patron trouvent inexplicables. Pourtant, selon eux, tout y est : les certificats de conformité, la visite des gardes-côtes de Béjaïa, les conditions de sécurité (voir encadré), le confort, le personnel compétent, etc. «Les estivants amateurs de balade, avaient pourtant l'habitude de se rabattre sur les sardiniers et autres bateaux de pêche pour faire un tour en mer. Le débat s'anime et s'élargit aux exigences du développement du pays par le tourisme. En Tunisie, ils nous font découvrir un petit bout de côte alors qu'ici la nature est généreuse et magnifique. Chaque année 300 000 touristes algériens vont en Tunisie. Nous avons un pays à développer et nous ne comprenons rien aux raisons de cette lenteur à nous délivrer cette convention qui doit être signée par les gardes-côtes. Pourtant, nous sommes la première entreprise à organiser cela et nous nous attendions à être encouragés ! » L'encouragement existe toutefois de la part du wali, ont tenu à souligner nos interlocuteurs. Côté médiatisation, l'expérience a déjà bénéficié de la couverture de Canal Algérie, de la Chaîne A3 et même de la visite des organisateurs de l'émission Thalassa intéressés par la région paradisiaque de Oued Z'hor où des phénomènes naturels rares ont été remarqués par les scientifiques. «Depuis son démarrage le 28 juin, l'exploitation du «U Sao Paulu BI» rencontre pas mal d'obstacles», répète M. Chetitah. «Des problèmes avec l'entreprise portuaire.» Après s'être acquitté des 23.000 dinars annuels de droits d'accostage, M. Chetitah dit ne pas encore avoir eu droit à la baraque mise à la disposition des utilisateurs de plans d'eau. «Alors que même les petits métiers ont une baraque…» soupire-t-il. Loin de se décourager, il a fabriqué lui-même une baraque qu'il a installée en face du bateau. Il a alors demandé l'autorisation d'installer une petite terrasse pour que les voyageurs puissent se détendre et prendre une boisson en attendant leur embarquement. La réponse a été positive moyennant le versement d'une taxe de 80.000 DA. Il a alors décidé de temporiser, mais il affirme que la somme lui est demandée même sans l'organisation de l'espace buvette. Après avoir adressé du courrier à ce sujet, à M. le wali et aux autorités portuaires de Jijel, le chef de la petite entreprise opte pour l'instant pour le wait and see. Les membres de l'équipage ont également fait part de leurs préoccupations concernant le devenir d'une centaine de travailleurs de l'ECOREP, entreprise fabriquant des bateaux dans l'ancien port de pêche de Scala, mis à la disposition de la marine nationale. L'unité qui selon ses travailleurs, est performante, sera-t-elle simplement délocalisée ou est-elle définitivement fermée ? Autant de questions que se posent ces artisansde la mer.