Décidément, depuis que Samir a perdu son emploi, cela ne tourne plus rond chez Aicha. Elle n'arrête pas de se tourmenter au sujet de son aîné dont l'élan vient d'être subitement brisé par une décision arbitraire. Bien sûr, ce n'est pas la perte d'un salaire qui l'affecte outre mesure, car Samir ne participait pas au budget familial bien que de temps en temps, il lui arrivait de surprendre agréablement sa mère en la gratifiant d'un de ces petits cadeaux qui rendent le sourire et font dérider les fronts, surtout que Messaoud n'a jamais eu la délicate pensée de se fendre d'une petite attention à l'occasion d'un anniversaire ou de la Saint-Valentin même à l'époque où leurs relations étaient au beau fixe. Ce qui tourmentait surtout Aicha, c'était l'avenir de ce jeune homme qui va être livré pendant un certain temps au chômage : l'oisiveté étant mère de tous les vices, elle redoutait par-dessus tout que son fils ne soit tenté comme beaucoup de jeunes de cette cité : il n'y a qu'à voir les enfants des voisins les plus proches. L'un d'eux est encore en train de purger une peine de cinq années de prison pour vol et usage de drogue. La drogue ! C'est ce dont elle avait le plus peur ! Il n'y a qu'à voir ces bandes de jeunes accroupis au bord des trottoirs toute la journée, désœuvrés, sirotant un café louche et tirant sur un mégot encore plus louche ! Ce sont eux qui font les plus sales coups pour se procurer un peu de pognon afin de payer leur came. Les revendeurs sont connus de tout le monde et personne ne fait rien pour stopper ce commerce illicite ! Elle se demande quand Samir pourra trouver un nouveau boulot. A combien de portes il devra encore frapper ? Et Messaoud qui a passé ses plus belles années (33 !) dans une entreprise prestigieuse et qui trouve le moyen de ne connaître personne dès qu'il s'agit de placer un de ses rejetons quelque part. Elle se voit déjà en train de solliciter ses frères ou ses beaux-frères pour un éventuel coup de pouce. Mais son cauchemar récurrent, c'est que son fils ne soit tenté, comme de plus en plus de jeunes désespérés, à tenter le tout pour le tout pour se joindre dans une entreprise suicidaire : s'embarquer dans un rafiot pour joindre les côtes européennes. Harraga ! Le terme résonne de façon macabre à ses oreilles chaque fois qu'elle entend parler de ces cadavres repêchés en mer ou rejetés par la mer. Tiens ! Le dernier drame s'est déroulé au large de Mostaganem : 12 innocents ont péri parce qu'ils croyaient que c'était facile. Elle pense avec effroi à l'état de ces mères quand elles apprendront l'affreuse nouvelle ! C'est alors qu'elle entendit Messaoud l'appeler. Elle courut vers la chambre. «Regarde ! Les Etats-Unis encore ! L'auteur du massacre qui a eu lieu dans un supermarché d'une ville du Nebraska : c'est quelqu'un qui a été licencié !» Décidément, depuis que Samir a perdu son emploi, cela ne tourne plus rond chez Aicha. Elle n'arrête pas de se tourmenter au sujet de son aîné dont l'élan vient d'être subitement brisé par une décision arbitraire. Bien sûr, ce n'est pas la perte d'un salaire qui l'affecte outre mesure, car Samir ne participait pas au budget familial bien que de temps en temps, il lui arrivait de surprendre agréablement sa mère en la gratifiant d'un de ces petits cadeaux qui rendent le sourire et font dérider les fronts, surtout que Messaoud n'a jamais eu la délicate pensée de se fendre d'une petite attention à l'occasion d'un anniversaire ou de la Saint-Valentin même à l'époque où leurs relations étaient au beau fixe. Ce qui tourmentait surtout Aicha, c'était l'avenir de ce jeune homme qui va être livré pendant un certain temps au chômage : l'oisiveté étant mère de tous les vices, elle redoutait par-dessus tout que son fils ne soit tenté comme beaucoup de jeunes de cette cité : il n'y a qu'à voir les enfants des voisins les plus proches. L'un d'eux est encore en train de purger une peine de cinq années de prison pour vol et usage de drogue. La drogue ! C'est ce dont elle avait le plus peur ! Il n'y a qu'à voir ces bandes de jeunes accroupis au bord des trottoirs toute la journée, désœuvrés, sirotant un café louche et tirant sur un mégot encore plus louche ! Ce sont eux qui font les plus sales coups pour se procurer un peu de pognon afin de payer leur came. Les revendeurs sont connus de tout le monde et personne ne fait rien pour stopper ce commerce illicite ! Elle se demande quand Samir pourra trouver un nouveau boulot. A combien de portes il devra encore frapper ? Et Messaoud qui a passé ses plus belles années (33 !) dans une entreprise prestigieuse et qui trouve le moyen de ne connaître personne dès qu'il s'agit de placer un de ses rejetons quelque part. Elle se voit déjà en train de solliciter ses frères ou ses beaux-frères pour un éventuel coup de pouce. Mais son cauchemar récurrent, c'est que son fils ne soit tenté, comme de plus en plus de jeunes désespérés, à tenter le tout pour le tout pour se joindre dans une entreprise suicidaire : s'embarquer dans un rafiot pour joindre les côtes européennes. Harraga ! Le terme résonne de façon macabre à ses oreilles chaque fois qu'elle entend parler de ces cadavres repêchés en mer ou rejetés par la mer. Tiens ! Le dernier drame s'est déroulé au large de Mostaganem : 12 innocents ont péri parce qu'ils croyaient que c'était facile. Elle pense avec effroi à l'état de ces mères quand elles apprendront l'affreuse nouvelle ! C'est alors qu'elle entendit Messaoud l'appeler. Elle courut vers la chambre. «Regarde ! Les Etats-Unis encore ! L'auteur du massacre qui a eu lieu dans un supermarché d'une ville du Nebraska : c'est quelqu'un qui a été licencié !»