Messaoud peinait : il s'apercevait qu'il n'avait plus les jambes de vingt ans. La côte s'annonçait dure. Surtout avec dans une main un couffin rempli comme au premier jour du Ramadan et dans l'autre, un filet tout aussi pesant ! C'est le destin d'un père de famille. Il faut accepter de payer ses erreurs ! C'est devenu en quelque sorte sa philosophie depuis que les enfants ont grandi et que Samir, dans son nouveau statut de chômeur, se permettait de prendre de temps en temps la voiture sous prétexte de maintenance, pour aller voir ses copains… Et lui, Messaoud, se retrouvait à faire les commissions à pied. Il réfléchissait toujours avant d'entamer la côte qui devait le conduire chez lui, non seulement à cause de l'effort qu'il devait fournir, mais encore, et c'est sa plus grande appréhension, à cause de la fraîcheur de l'accueil que lui réservait Aïcha : elle avait toujours quelque chose à redire sur la qualité des viandes, des fruis ou des légumes qu'il ramenait. Alors, pour revenir à la maison, il prenait toujours le chemin des écoliers, s'arrêtant ici et là pour discuter de la pluie et du beau temps, comme aimait à le répéter ammi Elhocine, un vieux retraité qui, d'Alsace-Lorraine, commentait avec dérision tous les sujets politiques d'actualité. Et les sujets ne manquent pas ! Les élections communales semblent avoir déçu tout le monde puisque l'ancienne équipe dont le bilan est quasiment nul a été reconduite avec toujours les mêmes gens peu recommandable au gouvernail ! Mais le sujet de la semaine demeure la visite d'El-Guedafi chez Sarkozy. Le leader libyen a exprimé sa repentance quant aux dépassements dont il a été l'inspirateur dans le passé et Sarkozy est prêt à passer l'éponge puisque le seigneur du désert s'apprête à signer des contrats dont la valeur est le double des contrats signés en Algérie ! En plein journée des droits de l'Homme ! La secrétaire d'Etat aux dits droits n'a pas manqué de critiquer la visite du Libyen : l'atmosphère est la même que celle qu'avaient créée les commentaires de Chérif Abbas concernant Sarkozy. Bref, les vieux passent très vite sur le sujet du lobby juif pour s'attaquer à une préoccupation plus terre à terre : les déçus du socialisme spécifique ne manquent pas de railler Messaoud en considérant son couffin rempli. « Tu nous as laissé au moins quelque chose au marché ? « Au prix où sont les fruits et légumes, il y en aura pour tout le monde » répondait Messaoud qui aimait toujours brancher ses camarades sur l'état des retraites qui avancent à pas de tortue et les prix des produits alimentaires qui ont chaussé les bottes des sept lieues ! La polémique se poursuivait toujours sur l'écart scandaleux du prix du baril avec celui du calcul du budget ! Cela n'empêchait pas la polémique de bifurquer sur les silences de Sidi- Saïd concernant le pouvoir d'achat des travailleurs et sa soudaine sortie pour demander un troisième mandat pour le Président. « C'est sûrement son récent séjour en Suisse qui a dû l'inspirer : l'air des grandes cimes donnent le vertige ! » avait déclaré celui qu'on appelait par dérision Tarzan tant il était maigre, fripé, avec toujours un teint maladif. Il concluait toujours, lui qui avait vécu longtemps dans la banlieue parisienne, : « Il ne faut jamais prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ! » Et il écrasait son vieux mégot d'un geste rageur. Messaoud peinait : il s'apercevait qu'il n'avait plus les jambes de vingt ans. La côte s'annonçait dure. Surtout avec dans une main un couffin rempli comme au premier jour du Ramadan et dans l'autre, un filet tout aussi pesant ! C'est le destin d'un père de famille. Il faut accepter de payer ses erreurs ! C'est devenu en quelque sorte sa philosophie depuis que les enfants ont grandi et que Samir, dans son nouveau statut de chômeur, se permettait de prendre de temps en temps la voiture sous prétexte de maintenance, pour aller voir ses copains… Et lui, Messaoud, se retrouvait à faire les commissions à pied. Il réfléchissait toujours avant d'entamer la côte qui devait le conduire chez lui, non seulement à cause de l'effort qu'il devait fournir, mais encore, et c'est sa plus grande appréhension, à cause de la fraîcheur de l'accueil que lui réservait Aïcha : elle avait toujours quelque chose à redire sur la qualité des viandes, des fruis ou des légumes qu'il ramenait. Alors, pour revenir à la maison, il prenait toujours le chemin des écoliers, s'arrêtant ici et là pour discuter de la pluie et du beau temps, comme aimait à le répéter ammi Elhocine, un vieux retraité qui, d'Alsace-Lorraine, commentait avec dérision tous les sujets politiques d'actualité. Et les sujets ne manquent pas ! Les élections communales semblent avoir déçu tout le monde puisque l'ancienne équipe dont le bilan est quasiment nul a été reconduite avec toujours les mêmes gens peu recommandable au gouvernail ! Mais le sujet de la semaine demeure la visite d'El-Guedafi chez Sarkozy. Le leader libyen a exprimé sa repentance quant aux dépassements dont il a été l'inspirateur dans le passé et Sarkozy est prêt à passer l'éponge puisque le seigneur du désert s'apprête à signer des contrats dont la valeur est le double des contrats signés en Algérie ! En plein journée des droits de l'Homme ! La secrétaire d'Etat aux dits droits n'a pas manqué de critiquer la visite du Libyen : l'atmosphère est la même que celle qu'avaient créée les commentaires de Chérif Abbas concernant Sarkozy. Bref, les vieux passent très vite sur le sujet du lobby juif pour s'attaquer à une préoccupation plus terre à terre : les déçus du socialisme spécifique ne manquent pas de railler Messaoud en considérant son couffin rempli. « Tu nous as laissé au moins quelque chose au marché ? « Au prix où sont les fruits et légumes, il y en aura pour tout le monde » répondait Messaoud qui aimait toujours brancher ses camarades sur l'état des retraites qui avancent à pas de tortue et les prix des produits alimentaires qui ont chaussé les bottes des sept lieues ! La polémique se poursuivait toujours sur l'écart scandaleux du prix du baril avec celui du calcul du budget ! Cela n'empêchait pas la polémique de bifurquer sur les silences de Sidi- Saïd concernant le pouvoir d'achat des travailleurs et sa soudaine sortie pour demander un troisième mandat pour le Président. « C'est sûrement son récent séjour en Suisse qui a dû l'inspirer : l'air des grandes cimes donnent le vertige ! » avait déclaré celui qu'on appelait par dérision Tarzan tant il était maigre, fripé, avec toujours un teint maladif. Il concluait toujours, lui qui avait vécu longtemps dans la banlieue parisienne, : « Il ne faut jamais prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ! » Et il écrasait son vieux mégot d'un geste rageur.