Poutine donne des sueurs froides au monde occidental. Sa méthode, peu orthodoxe, a dérouté les politologues américains et ceux de l'Union européenne. Ceux qu'on appelle les kremlinologues. Une discipline politique qui remonte à l'époque du bloc soviétique et qui revient en force depuis que Poutine en fait voir de toutes les couleurs à ses vis-à-vis du pacte atlantique. Poutine donne des sueurs froides au monde occidental. Sa méthode, peu orthodoxe, a dérouté les politologues américains et ceux de l'Union européenne. Ceux qu'on appelle les kremlinologues. Une discipline politique qui remonte à l'époque du bloc soviétique et qui revient en force depuis que Poutine en fait voir de toutes les couleurs à ses vis-à-vis du pacte atlantique. Il y a quelque temps, à un journaliste qui lui demandait s'il comptait réviser la constitution pour briguer un troisième mandat, le président russe a eu cette réponse : «La Russie n'est pas une république bananière.» Néanmoins, on constate bien que cette profession de foi a des limites. Et qu'elle ne pourra tenir longtemps la route. En dirigeant la liste de son parti «Russie Unie» aux législatives, Vladimir Poutine a montré qu'il a plus d'un tour dans son sac, et qu'il ne compte pas abdiquer. Même si pour l'instant la constitution russe lui interdit de se présenter à un troisième mandat, on voit que les pressions sont très fortes sur lui de la part de son entourage pour lui tailler un trône sur mesure. Et pour sa part, il n'écarte aucune éventualité pour garder la haute main sur l'essentiel du pouvoir en Russie. Deux mandats et puis… revient Le défi de Poutine : comment continuer à dominer la vie politique russe tout en quittant le palais du Kremlin ? Sachant que constitutionnellement parlant, le président de la fédération concentre entre ses mains tous les pouvoirs, c'est une gageure qui se présente à Poutine. En fait, Poutine dérange beaucoup de pouvoir. Même si la Russie n'est plus la superpuissance qu'elle a été jusqu'à la chute du mur de Berlin et au morcellement du bloc soviétique, il n'en demeure pas moins que ce membre actif et à part entière du Conseil de sécurité, qui plus est détient dans son sous-sol des réserves de gaz, n'a pas encore dit son dernier mot. Double grille de lecture pour une personnalité complexe, à deux faces. Vu de Bruxelles et de Washington, Poutine est un dictateur, une menace pour la sécurité dans le monde. Vu de Russie , Poutine est un fédérateur, le garant des équilibres internes et de la renaisance russe. Rembobinons ce film : vu de l'extérieur (eu et usa), les griefs adressés à Poutine sont nombreux, dans un dossier à charge dans lequel les capitales occidentales ont toujours le beau rôle. D'abord, il y eut la Tchétchénie : depuis l'éclatement de l'ancien empire soviétique, seules quelques républiques continuent de faire partie de la fédération, dont la Tchétchénie et quelques autres républiques du Caucase, sans doute parce qu'elles sont préexistantes à la création de l'ex-union bolchevique. Pour moult raisons, notamment économique et géostratégiques, Moscou refuse de lâcher prise et est prêt à mater toute velléité de rébellion ou d'indépendance, y compris dans le sang, comme cela a été souvent le cas. Les Occidentaux ont longtemps fait la leçon à Moscou sur ce sujet, jusqu'aux attentats du 11 septembre à New York, qui ont changé la face du monde, puis les occupations de l'Afghanistan et de l'Irak. La lutte antiterroriste est devenue le leitmotiv et personne ne trouve plus à redire sur la politique répressive de Poutine. Le gaz, une arme stratégique Mais la méfiance demeure. Reprenant à son compte le vieux projet de Reagan de la guerre des étoiles, qui avait fait sortir Gorbatchev de ses gonds, Washington ne trouve rien de mieux à faire que de projeter d'installer des batteries de boucliers antimissile, dans le l'ex-glacis soviétique, aux frontières de la Russie, amenant Moscou à se rebiffer. Washington et ses alliés de l'Otan (Tchéquie, Pologne), ont beau jurer que ces missiles ne sont pas dirigés contre la Russie (Bush a même invité Poutine dans son ranch pour le rassurer), et qu'il s'agit, d'après cette thèse, de contrer une éventuelle attaque de l'axe du mal (entendre Téhéran), rien n'y fait. Le Kremlin y voit bien une menace contre sa sécurité. Mais la goutte qui a fait déborder le vase, c'est la fermeture des vannes du gaz pour l'Ukraine, en hiver 2005. Subitement, la Russie est entrée dans l'axe du mal. Même si cela ne fut pas dit, c'est du moins ainsi que la classèrent les capitales de l'UE et l'Amérique. L'ours russe est apparu dans toute sa réalité effrayante : on avait vendu sa peau avant de l'avoir tué. On croyait que le fauve était à terre depuis la chute du mur, et le voilà qui revient à la charge : des réserves énormes de gaz naturel, et cela lui donne un pouvoir jamais atteint. En cette période de raréfaction du pétrole, c'est bien le gaz qui est devenu l'énergie de l'avenir, et les pays européens, qui ont cru, par le biais de l'Ukraine (qui s'est rapproché de l'Occident, dit la propagande) avoir trouvé la voie qui permettra de porter ce gaz dans les centrales et les foyers de l'UE, se sont vite mordu les doigts. En fermant les vannes, pour exiger un prix de vente plus juste, Moscou est dans son bon droit, mais les pays de l'UE crient au loup ! C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Ce fut l'estocade. Et pour enfoncer le clou, Moscou se montre plus que tiède sur le dossier du nucléaire iranien et sur l'indépendance du Kosovo, et sur d'autres dossiers sensibles qui donnent des sueurs froides à Bush et à Angela Merkel. En retour, les ténors occidentaux vont enfourcher une fois de plus le cheval des droits de l'homme. La Tchétchénie étant remisée au placard pour cause d'Afghanistan et d'Irak, on déterre des dossiers les plus médiatiques : ce fut le cas pour l'assassinat à Londres de l'espion russe Litvinenko, empoisonné au polonium 210 , et pour lequel le gouvernement britannique demande l'extradition d'un ponte du régime russe. Ce fut également le cas pour l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, célèbre pour sa couverture très critique de la guerre en Tchétchénie, et qui fut tuée par balles à Moscou. Elle était l'une des rares journalistes à couvrir ce conflit oublié. Poutine vu par ses concitoyens Son corps a été découvert par une voisine dans l'ascenseur de son immeuble. L'enquête ouverte par le parquet de Moscou n'a jamais publié ses conclusions. Ce sont autant de dossiers sensibles, dont sont friands les opinions occidentales, et qui sont censés donner une image plus que médiocre du pouvoir de Poutine, d'autant que ce dernier ne fait rien pour soigner son image, en mettant sous sa coupe la liberté d'expression à la télévision et dans la presse écrite, ou en jetant en prison l'opposant Victor Gasparov, ancien champion du monde aux échecs. . Les électeurs russes viennent pourtant de plébisciter le parti de Vladimir Poutine. Car eux n'ont pas la même vision que celle des leaders occidentaux. Après une décennie de pénuries et de désordre sous Eltsine, décennie au cours de laquelle les retraités ne touchaient pas leur pension et manifestaient dans les rues, l'avènement de Poutine est vécue comme une délivrance. Les caisses de l'Etat sont désormais pleines. Le président russe prend même la tête des pays qui veulent créer une Opep du gaz. Certains reprochent à Poutine ses relations, voire ses accointances avec les oligarques. De nouvelles classes de riches sont apparues. L'économie est repartie. La corruption est encore trop forte, mais les Russes mangent à leur fin, et pour eux c'est l'essentiel. Plus que ça, Poutine peut hausser le ton à l'ONU et sur la scène internationale. Même si c'est encore loin d'être le cas, les Russes ont l'impression que leur pays a retrouvé son rang de superpuissance. Et ça flatte leur ego. Que va-t-il se passer maintenant ? Après avoir gagné plus de 64 % des voix à la nouvelle Douma, que va faire Poutine ? Quels sont les scénarios possibles ? Apparemment, tous les paris sont ouverts. Il a laissé entendre qu'il pourrait occuper un poste de premier ministre, ou celui de président du parlement. On dit même que sa confortable majorité lui permettra sans doute de modifier la constitution, ce qui lui permettra de briguer un troisième mandat. On dit même qu'il pourrait occuper le poste de président directeur général du tout puissant gazprom. Tous ces scénarios sont possibles. On parle également d'une sorte de guide suprême, comme El Guedafi, ou comme l'ayatollah Khomeyni. N'a-t-on pas vu dans le passé un certain guide chinois, Deng Xiaoping pour ne pas le nommer, n'occuper presque aucune fonction officielle, tout en étant le maître à Pékin ? En réalité, on est un peu dans un système asiatique, où ce n'est pas celui qui est au-devant de la scène qui détient la réalité du pouvoir. Il y a des castelets, des ombres chinoises, et des poupées gigognes à la russe. Les prochains mois nous en diront davantage. A moins qu'il ne soit tenté par le retour du système tsariste, comme fit un certain Napoléon, qui s'intronisa empereur. Il y a quelque temps, à un journaliste qui lui demandait s'il comptait réviser la constitution pour briguer un troisième mandat, le président russe a eu cette réponse : «La Russie n'est pas une république bananière.» Néanmoins, on constate bien que cette profession de foi a des limites. Et qu'elle ne pourra tenir longtemps la route. En dirigeant la liste de son parti «Russie Unie» aux législatives, Vladimir Poutine a montré qu'il a plus d'un tour dans son sac, et qu'il ne compte pas abdiquer. Même si pour l'instant la constitution russe lui interdit de se présenter à un troisième mandat, on voit que les pressions sont très fortes sur lui de la part de son entourage pour lui tailler un trône sur mesure. Et pour sa part, il n'écarte aucune éventualité pour garder la haute main sur l'essentiel du pouvoir en Russie. Deux mandats et puis… revient Le défi de Poutine : comment continuer à dominer la vie politique russe tout en quittant le palais du Kremlin ? Sachant que constitutionnellement parlant, le président de la fédération concentre entre ses mains tous les pouvoirs, c'est une gageure qui se présente à Poutine. En fait, Poutine dérange beaucoup de pouvoir. Même si la Russie n'est plus la superpuissance qu'elle a été jusqu'à la chute du mur de Berlin et au morcellement du bloc soviétique, il n'en demeure pas moins que ce membre actif et à part entière du Conseil de sécurité, qui plus est détient dans son sous-sol des réserves de gaz, n'a pas encore dit son dernier mot. Double grille de lecture pour une personnalité complexe, à deux faces. Vu de Bruxelles et de Washington, Poutine est un dictateur, une menace pour la sécurité dans le monde. Vu de Russie , Poutine est un fédérateur, le garant des équilibres internes et de la renaisance russe. Rembobinons ce film : vu de l'extérieur (eu et usa), les griefs adressés à Poutine sont nombreux, dans un dossier à charge dans lequel les capitales occidentales ont toujours le beau rôle. D'abord, il y eut la Tchétchénie : depuis l'éclatement de l'ancien empire soviétique, seules quelques républiques continuent de faire partie de la fédération, dont la Tchétchénie et quelques autres républiques du Caucase, sans doute parce qu'elles sont préexistantes à la création de l'ex-union bolchevique. Pour moult raisons, notamment économique et géostratégiques, Moscou refuse de lâcher prise et est prêt à mater toute velléité de rébellion ou d'indépendance, y compris dans le sang, comme cela a été souvent le cas. Les Occidentaux ont longtemps fait la leçon à Moscou sur ce sujet, jusqu'aux attentats du 11 septembre à New York, qui ont changé la face du monde, puis les occupations de l'Afghanistan et de l'Irak. La lutte antiterroriste est devenue le leitmotiv et personne ne trouve plus à redire sur la politique répressive de Poutine. Le gaz, une arme stratégique Mais la méfiance demeure. Reprenant à son compte le vieux projet de Reagan de la guerre des étoiles, qui avait fait sortir Gorbatchev de ses gonds, Washington ne trouve rien de mieux à faire que de projeter d'installer des batteries de boucliers antimissile, dans le l'ex-glacis soviétique, aux frontières de la Russie, amenant Moscou à se rebiffer. Washington et ses alliés de l'Otan (Tchéquie, Pologne), ont beau jurer que ces missiles ne sont pas dirigés contre la Russie (Bush a même invité Poutine dans son ranch pour le rassurer), et qu'il s'agit, d'après cette thèse, de contrer une éventuelle attaque de l'axe du mal (entendre Téhéran), rien n'y fait. Le Kremlin y voit bien une menace contre sa sécurité. Mais la goutte qui a fait déborder le vase, c'est la fermeture des vannes du gaz pour l'Ukraine, en hiver 2005. Subitement, la Russie est entrée dans l'axe du mal. Même si cela ne fut pas dit, c'est du moins ainsi que la classèrent les capitales de l'UE et l'Amérique. L'ours russe est apparu dans toute sa réalité effrayante : on avait vendu sa peau avant de l'avoir tué. On croyait que le fauve était à terre depuis la chute du mur, et le voilà qui revient à la charge : des réserves énormes de gaz naturel, et cela lui donne un pouvoir jamais atteint. En cette période de raréfaction du pétrole, c'est bien le gaz qui est devenu l'énergie de l'avenir, et les pays européens, qui ont cru, par le biais de l'Ukraine (qui s'est rapproché de l'Occident, dit la propagande) avoir trouvé la voie qui permettra de porter ce gaz dans les centrales et les foyers de l'UE, se sont vite mordu les doigts. En fermant les vannes, pour exiger un prix de vente plus juste, Moscou est dans son bon droit, mais les pays de l'UE crient au loup ! C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Ce fut l'estocade. Et pour enfoncer le clou, Moscou se montre plus que tiède sur le dossier du nucléaire iranien et sur l'indépendance du Kosovo, et sur d'autres dossiers sensibles qui donnent des sueurs froides à Bush et à Angela Merkel. En retour, les ténors occidentaux vont enfourcher une fois de plus le cheval des droits de l'homme. La Tchétchénie étant remisée au placard pour cause d'Afghanistan et d'Irak, on déterre des dossiers les plus médiatiques : ce fut le cas pour l'assassinat à Londres de l'espion russe Litvinenko, empoisonné au polonium 210 , et pour lequel le gouvernement britannique demande l'extradition d'un ponte du régime russe. Ce fut également le cas pour l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, célèbre pour sa couverture très critique de la guerre en Tchétchénie, et qui fut tuée par balles à Moscou. Elle était l'une des rares journalistes à couvrir ce conflit oublié. Poutine vu par ses concitoyens Son corps a été découvert par une voisine dans l'ascenseur de son immeuble. L'enquête ouverte par le parquet de Moscou n'a jamais publié ses conclusions. Ce sont autant de dossiers sensibles, dont sont friands les opinions occidentales, et qui sont censés donner une image plus que médiocre du pouvoir de Poutine, d'autant que ce dernier ne fait rien pour soigner son image, en mettant sous sa coupe la liberté d'expression à la télévision et dans la presse écrite, ou en jetant en prison l'opposant Victor Gasparov, ancien champion du monde aux échecs. . Les électeurs russes viennent pourtant de plébisciter le parti de Vladimir Poutine. Car eux n'ont pas la même vision que celle des leaders occidentaux. Après une décennie de pénuries et de désordre sous Eltsine, décennie au cours de laquelle les retraités ne touchaient pas leur pension et manifestaient dans les rues, l'avènement de Poutine est vécue comme une délivrance. Les caisses de l'Etat sont désormais pleines. Le président russe prend même la tête des pays qui veulent créer une Opep du gaz. Certains reprochent à Poutine ses relations, voire ses accointances avec les oligarques. De nouvelles classes de riches sont apparues. L'économie est repartie. La corruption est encore trop forte, mais les Russes mangent à leur fin, et pour eux c'est l'essentiel. Plus que ça, Poutine peut hausser le ton à l'ONU et sur la scène internationale. Même si c'est encore loin d'être le cas, les Russes ont l'impression que leur pays a retrouvé son rang de superpuissance. Et ça flatte leur ego. Que va-t-il se passer maintenant ? Après avoir gagné plus de 64 % des voix à la nouvelle Douma, que va faire Poutine ? Quels sont les scénarios possibles ? Apparemment, tous les paris sont ouverts. Il a laissé entendre qu'il pourrait occuper un poste de premier ministre, ou celui de président du parlement. On dit même que sa confortable majorité lui permettra sans doute de modifier la constitution, ce qui lui permettra de briguer un troisième mandat. On dit même qu'il pourrait occuper le poste de président directeur général du tout puissant gazprom. Tous ces scénarios sont possibles. On parle également d'une sorte de guide suprême, comme El Guedafi, ou comme l'ayatollah Khomeyni. N'a-t-on pas vu dans le passé un certain guide chinois, Deng Xiaoping pour ne pas le nommer, n'occuper presque aucune fonction officielle, tout en étant le maître à Pékin ? En réalité, on est un peu dans un système asiatique, où ce n'est pas celui qui est au-devant de la scène qui détient la réalité du pouvoir. Il y a des castelets, des ombres chinoises, et des poupées gigognes à la russe. Les prochains mois nous en diront davantage. A moins qu'il ne soit tenté par le retour du système tsariste, comme fit un certain Napoléon, qui s'intronisa empereur.