Ce qui continue toujours d'étonner et de scandaliser Aïcha, c'est d'être à la tête d'une famille qui ne se retrouve jamais réunie au complet, même autour d'une table bien garnie. Ainsi, elle ne trouve jamais l'occasion (et le plaisir !) de trôner au bout de la table et de pérorer ou d'affirmer son leadership en servant ses obligés l'un après l'autre. D'ailleurs, le repas du soir qui est censé réunir tout le monde est avalé chaque jour par les membres qui se succèdent dans la cuisine au gré de leur fringale. Pourtant, ce soir Samir est rentré plus tôt que prévu et Salah affiche une mine peu réjouissante : il avait des problèmes de connexion et présentait tout les symptômes d'un individu en manque. Sarah n'arrêtait pas de lui lancer des piques affectueuses en le traitant de drogué. Mais ce fut Samir, qui à force de compulser les journaux dans l'espoir de trouver un boulot qui lança le débat sur le sujet du jour et qui roula sur le fameux sondage d'Al-Jazeera : ce qui fit tirer une moue à Aïcha car elle n'avait jamais vu, ni chercher à voir, cette chaîne dont on parle tant ces derniers jours. Mais le sujet plut à Messaoud qui n'attendait que cette occasion pour étaler ses connaissances au grand dam d'Aïcha qui se sentit écartée dès lors. « El Jazeera ? » avait repris Messaoud, « mais c'est une création américaine ! Et une création américaine ne peut servir que les intérêts américains. Qu'on se souvienne bien des vers de Virgile : « Je crains les Grecs et les présents qu'ils nous font ». Il voulait parler du cheval de Troie qui fut offert aux Troyens par Ulysse et ses compagnons. La Maison Blanche a besoin du terrorisme et de ses relais pour affirmer sa présence dans les pays riches en matières premières. On parle de « main étrangère » : moi, je pense que le cerveau peut-être étranger, pas la main… Je me souviens que dans l'entreprise où j'ai travaillé jadis, chaque fois que le mouvement syndical se durcissait, que les travailleurs excédés voulaient pousser à la grève, il y'avait toujours un syndicaliste professionnel pour nous menacer sur un ton de tragédie : « Le moment n'est pas choisi pour la grève, l'ennemi est à nos frontière et derrière lui la coalition imperialo-sioniste… » A moins que… Est-ce qu'on s'est simplement posé la question pourquoi la chaîne Qatarie n'a pas fait de sondage sur l'ignoble attentat qui a ciblé une école dans une lointaine République de Russie ? Parce que, tout simplement, la Russie est un trop gros poisson dur à avaler ! Tandis que nous… » Ce qui continue toujours d'étonner et de scandaliser Aïcha, c'est d'être à la tête d'une famille qui ne se retrouve jamais réunie au complet, même autour d'une table bien garnie. Ainsi, elle ne trouve jamais l'occasion (et le plaisir !) de trôner au bout de la table et de pérorer ou d'affirmer son leadership en servant ses obligés l'un après l'autre. D'ailleurs, le repas du soir qui est censé réunir tout le monde est avalé chaque jour par les membres qui se succèdent dans la cuisine au gré de leur fringale. Pourtant, ce soir Samir est rentré plus tôt que prévu et Salah affiche une mine peu réjouissante : il avait des problèmes de connexion et présentait tout les symptômes d'un individu en manque. Sarah n'arrêtait pas de lui lancer des piques affectueuses en le traitant de drogué. Mais ce fut Samir, qui à force de compulser les journaux dans l'espoir de trouver un boulot qui lança le débat sur le sujet du jour et qui roula sur le fameux sondage d'Al-Jazeera : ce qui fit tirer une moue à Aïcha car elle n'avait jamais vu, ni chercher à voir, cette chaîne dont on parle tant ces derniers jours. Mais le sujet plut à Messaoud qui n'attendait que cette occasion pour étaler ses connaissances au grand dam d'Aïcha qui se sentit écartée dès lors. « El Jazeera ? » avait repris Messaoud, « mais c'est une création américaine ! Et une création américaine ne peut servir que les intérêts américains. Qu'on se souvienne bien des vers de Virgile : « Je crains les Grecs et les présents qu'ils nous font ». Il voulait parler du cheval de Troie qui fut offert aux Troyens par Ulysse et ses compagnons. La Maison Blanche a besoin du terrorisme et de ses relais pour affirmer sa présence dans les pays riches en matières premières. On parle de « main étrangère » : moi, je pense que le cerveau peut-être étranger, pas la main… Je me souviens que dans l'entreprise où j'ai travaillé jadis, chaque fois que le mouvement syndical se durcissait, que les travailleurs excédés voulaient pousser à la grève, il y'avait toujours un syndicaliste professionnel pour nous menacer sur un ton de tragédie : « Le moment n'est pas choisi pour la grève, l'ennemi est à nos frontière et derrière lui la coalition imperialo-sioniste… » A moins que… Est-ce qu'on s'est simplement posé la question pourquoi la chaîne Qatarie n'a pas fait de sondage sur l'ignoble attentat qui a ciblé une école dans une lointaine République de Russie ? Parce que, tout simplement, la Russie est un trop gros poisson dur à avaler ! Tandis que nous… »