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La spirale infernale
Harragas
Publié dans Le Midi Libre le 13 - 01 - 2008

Décidément, rien ne semble pouvoir arrêter le flux continu des candidats à l'émigration clandestine. Ainsi, après les quelque 64 harragas arrêtés par les gardes-côtes au large de Beni-Saf durant les journées de mercredi et jeudi, onze autres Algériens ont été arrêtés vendredi au large d'Arzew, dans la région d'Oran. Agés de 22 à 26 ans, ils tentaient de rejoindre les côtes espagnoles à bord d'une embarcation de fabrication artisanale. Notons que les gendarmes avaient découvert aussi dans cette région un atelier de fabrication de barques destinées aux candidats à l'émigration clandestine. Au total, plus de 140 harragas ont été appréhendés sur l'ensemble du littoral national, de Annaba à Ain Témouchent, et ce, en l'espace de trois jours seulement !
A la lumière de ces données, l'on est tenté de croire que le phénomène des harragas a atteint un seuil alarmant, même s'il rythme désormais quotidiennement la vie sociale des Algériens. De l'avis général, ce phénomène est en relation directe avec les difficultés existentielles des citoyens algériens, notamment les jeunes. De nombreux observateurs avertis estiment aujourd'hui que ledit phénomène est le symbole même de la grave crise sociale qui frappe de plein fouet l'Algérie actuellement. Le phénomène des harragas résume à lui seul la dégradation des conditions de vie des familles, la pauvreté qui s'est installée dans les foyers, le chômage, en particulier celui des jeunes qui atteint toujours des proportions inquiétantes, et les inégalités sociales qui demeurent flagrantes. «Je suis bouleversé quand je lis chaque matin dans les journaux le nombre considérable de nos enfants qui se jettent à corps perdu dans la mer dans l'espoir de trouver un ailleurs meilleur. Et pourtant, le pays n'est plus endetté, le pétrole n'a jamais atteint un tel coût, et les réserves financières sont, nous dit-on, plus que confortables. Alors, pourquoi tout ce désespoir qui touche notre jeunesse ?!», s'écrie Moncef, 61 ans, retraité, que nous avons interrogé sur ce phénomène. De leur côté, les jeunes ont une vision plus nuancée du sujet. «Moi, je les comprends ces jeunes qui préfèrent braver la mort en haute mer plutôt que de l'attendre ici. Sincèrement, avec toutes les difficultés auxquelles nous sommes confrontés en Algérie, il est impossible de penser qu'on a réellement une chance de faire sa vie ici», affirme pour sa part Omar, 23 ans, chômeur. «Pour être tout à fait sincère avec vous, je suis très tenté par cette aventure. Je boulotte de temps en temps, mais rien ne me permet de gagner ma vie et être autonome. Je n'ai pas envie de vivre éternellement aux dépens de ma famille. D'autant plus que je connais beaucoup d'amis qui ont réussi la traversée et qui se débrouillent pas mal en Europe. De toute façon, ici, il faut être le fils de quelqu'un pour avoir sa part du bonheur», ajoute encore notre interlocuteur. Malheureusement, ces témoignages sont de plus en plus nombreux. Le jeune Algérien, pris à la gorge par son désarroi généré par les problèmes de la vie, est visiblement plus que jamais vulnérable. En l'absence d'autres solutions pour s'arracher à sa détresse psychologique, le jeune Algérien ne voit le sens de son existence que dans la quête d'une terre promise. Les harragas sont bel et bien le nouveau malaise algérien…
Décidément, rien ne semble pouvoir arrêter le flux continu des candidats à l'émigration clandestine. Ainsi, après les quelque 64 harragas arrêtés par les gardes-côtes au large de Beni-Saf durant les journées de mercredi et jeudi, onze autres Algériens ont été arrêtés vendredi au large d'Arzew, dans la région d'Oran. Agés de 22 à 26 ans, ils tentaient de rejoindre les côtes espagnoles à bord d'une embarcation de fabrication artisanale. Notons que les gendarmes avaient découvert aussi dans cette région un atelier de fabrication de barques destinées aux candidats à l'émigration clandestine. Au total, plus de 140 harragas ont été appréhendés sur l'ensemble du littoral national, de Annaba à Ain Témouchent, et ce, en l'espace de trois jours seulement !
A la lumière de ces données, l'on est tenté de croire que le phénomène des harragas a atteint un seuil alarmant, même s'il rythme désormais quotidiennement la vie sociale des Algériens. De l'avis général, ce phénomène est en relation directe avec les difficultés existentielles des citoyens algériens, notamment les jeunes. De nombreux observateurs avertis estiment aujourd'hui que ledit phénomène est le symbole même de la grave crise sociale qui frappe de plein fouet l'Algérie actuellement. Le phénomène des harragas résume à lui seul la dégradation des conditions de vie des familles, la pauvreté qui s'est installée dans les foyers, le chômage, en particulier celui des jeunes qui atteint toujours des proportions inquiétantes, et les inégalités sociales qui demeurent flagrantes. «Je suis bouleversé quand je lis chaque matin dans les journaux le nombre considérable de nos enfants qui se jettent à corps perdu dans la mer dans l'espoir de trouver un ailleurs meilleur. Et pourtant, le pays n'est plus endetté, le pétrole n'a jamais atteint un tel coût, et les réserves financières sont, nous dit-on, plus que confortables. Alors, pourquoi tout ce désespoir qui touche notre jeunesse ?!», s'écrie Moncef, 61 ans, retraité, que nous avons interrogé sur ce phénomène. De leur côté, les jeunes ont une vision plus nuancée du sujet. «Moi, je les comprends ces jeunes qui préfèrent braver la mort en haute mer plutôt que de l'attendre ici. Sincèrement, avec toutes les difficultés auxquelles nous sommes confrontés en Algérie, il est impossible de penser qu'on a réellement une chance de faire sa vie ici», affirme pour sa part Omar, 23 ans, chômeur. «Pour être tout à fait sincère avec vous, je suis très tenté par cette aventure. Je boulotte de temps en temps, mais rien ne me permet de gagner ma vie et être autonome. Je n'ai pas envie de vivre éternellement aux dépens de ma famille. D'autant plus que je connais beaucoup d'amis qui ont réussi la traversée et qui se débrouillent pas mal en Europe. De toute façon, ici, il faut être le fils de quelqu'un pour avoir sa part du bonheur», ajoute encore notre interlocuteur. Malheureusement, ces témoignages sont de plus en plus nombreux. Le jeune Algérien, pris à la gorge par son désarroi généré par les problèmes de la vie, est visiblement plus que jamais vulnérable. En l'absence d'autres solutions pour s'arracher à sa détresse psychologique, le jeune Algérien ne voit le sens de son existence que dans la quête d'une terre promise. Les harragas sont bel et bien le nouveau malaise algérien…


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