«Œil pour œil, dent pour dent», telle est la formule célèbre qui reflète amplement ce que vit actuellement la société algérienne à une époque où le recours à la force est devenue monnaie courante. Le recours de plus en plus fréquent par des individus à la force et aux hommes de main pour régler les courants démêlés. Un déni de la loi et des règles. La société algérienne serait-elle en train de glisser petit à petit vers la loi du talion ? Zoom. «Œil pour œil, dent pour dent», telle est la formule célèbre qui reflète amplement ce que vit actuellement la société algérienne à une époque où le recours à la force est devenue monnaie courante. Le recours de plus en plus fréquent par des individus à la force et aux hommes de main pour régler les courants démêlés. Un déni de la loi et des règles. La société algérienne serait-elle en train de glisser petit à petit vers la loi du talion ? Zoom. EL Harrach. Le nom de ce quartier populaire situé à 12 Km de l'est d'Alger est associé illico, dans la mentalité des algériens, au recours à la force, voire à la violence pour résoudre les fréquents litiges. Aujourd'hui, des jeunes n'en recourent qu'à la loi de la force et de la violence. Témoin est les nombreux faits divers relatés par la presse nationale et qui font état de l'ampleur que prend ce phénomène de société. Des conflits de voisinage, des disputes entre enfants, des querelles entre jeunes hommes, la violence verbale et physique imprègne de nos jours les échanges relationnels entre individus au point de devenir un vrai langage. Par la force des bras «Si j'ai déposé plainte auprès des éléments de la police, c'est pour me protéger contre mes voisins impertinents», a déclaré Mme Wahiba qui s'est vue, harcelée et violentée par sa voisine et son mari. «Je n'ai jamais imaginé qu'un jour mon voisin pourrait me frapper sans craindre les suites de son acte irréfléchi », s'est plaint, en larmes, notre interlocutrice. Rencontrée au tribunal d'Hussein Dey, la malheureuse victime nous a livré son douloureux vécu. Sa voisine dont l'appartement se trouve juste en dessous du sien a commencé par la harceler et lui créer des problèmes à tort et à travers. « Au début, j'ai décidé de la négliger. Cependant, nos démêlés ne faisaient qu'empirer », témoigne-t-elle. Jours après jours, la mère de famille se voyait insulter par sa voisine qui, maintenant lui assénait des propos blessants. Un jour, et alors qu'elle s'attendait le moins à un évènement traumatisant, la voisine fut accosté par le mari de sa rivale qui n'a pas hésité à la frapper, tout en l'injuriant. Le mari de la victime arriva et la querelle a failli tourner au drame si des voisins n'avaient pas intervenu pour mettre terme à la dispute. Au tribunal, l'agresseur a avoué son forfait criant à tue-tête qu'il aurait du la tuer pour mettre fin à la pression que son épouse lui faisait subir chaque soir en rentrant à la maison. Pour une fille, rixe sanglante à Baïnem Dans la société algérienne, on recourt de plus en plus à la force pour arracher ses droits. « Ce n'est plus des cas individuels, mais c'est devenu un phénomène. Dans divers quartiers populaires ou des régions de l'intérieur, nombreux individus font appel à la violence pour résoudre leurs ennuis. L'incident qui s'est déroulé, lors de la deuxième semaine du Ramadhan, à Baïnem, en est l'illustration vraie d'un phénomène aux dimensions inquiétantes. En effet, des jeunes de deux Cités populaires à Baïnem s'étaient férocement disputés à cause d'une fille, une dispute qui s'est soldée par des blessés si ce n'est l'intervention des éléments de l'ordre. En effet, il suffit de parcourir la page des faits divers pour se rendre compte de cette évidence. Le dernier incident publié dernièrement sur le crime crapuleux qui s'est déroulé à Belcourt. Deux frères s'étaient entretués à cause d'un portable. En effet, le frère cadet avait acheté un portable high-tech très coûteux en dépensant la totalité de son salaire. A son retour à la maison, ses parents le grondent pour ses dépenses, jugés inutiles. Ce dernier, en colère, claque la porte et descend en courant au magasin d'alimentation général où son frère aîné travaille. Le cadet raconte à son frère aîné son altercation avec ses parents. Ce dernier n'hésita pas à le gronder. Les deux frères se sont cruellement bagarrés. Une bagarre qui s'est soldée par un crime puisque l'aîné, aveuglé par la colère, s'armant d'un couteau qui se trouvait à proximité de lui, asséna des coups mortels, en plein thorax, à son frère. La violence, une tendance Pour la sociologue R. Saïfi, ces grands crimes qui ont secoué l'opinion publique ne sont pas les seules preuves que prendre son droit par la force est devenu une tendance. Il existe donc d'autres aspects qui n'ont rien à voir avec les tribunaux et les pages des journaux. Mounir, comptable de 30 ans, rapporte qu'un jour, alors qu'il tentait de parquer sa voiture au bas de son immeuble, il a dû recourir à la force pour obtenir un droit supposé évident. Il a failli tuer le chauffard, apparemment ivre, qui l'a percuté. « Il était ivre et je savais que je n'allais pas être dédommagé. Sur le coup, j'ai insisté pour qu'il me paye les dommages qu'il venait de me causer. Il refusa, me criant d'aller au diable. Je l'ai donc tabassé en allant jusqu'à lui confisquer tout objet de valeur qui se trouvait dans la voiture », confie Mounir. Et d'ajouter : « je pense que le meilleur recours est d'en venir aux mains pour arracher ses droits, car les algériens ne comprennent qu'ainsi». «Drôle de mentalité qui règne aujourd'hui», nous dira la sociologue avant d'expliquer le phénomène par un déficit de communication chez le citoyen algérien et un manque de foi en la justice. « Nombreux préfèrent arracher leur droit au lieu d'attenter des procédure de justice qui risquent de traîner », explique-t-elle. Il s'agit donc d'une perte des valeurs, comme le confirme-t-elle. « Quand l'injustice s'installe, l'Etat perd son pouvoir sur les citoyens et c'est la loi de la jungle qui règne», continue la sociologue. «Je veux plus me laisser faire» Farouk, 40 ans, ingénieur, raconte son histoire avec le fruitier du coin. Alors qu'il avait acheté pour 200 L.E. de fruits, il découvre que la plupart étaient gâtés. « J'ai senti que j'avais été abusé par ce commerçant qui a profité de l'occasion pour me vendre des fruits gâtés. Je savais que personne n'allait me dédommager pour cette perte en l'absence d'associations efficaces pour la protection du consommateur et de lois pour la fraude commerciale. Alors je suis allé chez ce même marchand et j'ai choisi des fruits de bonne qualité et pour la même somme et, j'ai pris la fuite sans le payer et ainsi j'ai obtenu mon droit », explique Khaled. Et d'ajouter : «Je ne veux plus me sentir tout le temps comme un vaincu, je ne supporte plus d'être roulé». A l'instar de Farouk, nombreux, se sentant bafoués, conscients de la lenteur des procédures judiciaires, impatients pour recouvrer leurs droits, recourent au langage de la force pour se faire justice. En tant qu'usage intentionnel de la force physique ou du pouvoir visant à porter atteinte à l'intégrité physique ou morale de la personne ou d'un groupe de personnes, la violence est inscrite depuis l'origine dans les relations sociales. Mais, si aujourd'hui, de plus en plus de personnes ont recourt à la violence physique pour régler les litiges et arracher leurs droits, il est important d'axer sur la symbolique de la violence en communauté. «La violence est à l'évidence un phénomène de société et elle s'est manifestée de tous les temps », explique Mme L. Faïza, psychologue. Le recours à la violence expliqués par des psychologues Pour la psychologue, de nos jours, le recours à la force pour délimiter son territoire, marquer ses acquis, défendre ses droits est devenue un fait constatable. Son explication. Nombreux trouvent en la violence l'unique alternative rapide pour arracher ses droits. « tre violent, c'est être fort, tandis que passer sous silence les injustices vécues est l'attitude des lâches », explique-t-elle. Et d'ajouter «Entre recourir à la loi et se faire justice soi-même, nombreux préfèrent opter pour la seconde option. La lenteur des procédures judiciaires expliquent ce type de comportement devenu fréquent aujourd'hui ». Pour lutter contre l'usage de la violence dans les relations interpersonnels et en vue d'ériger une société civilisée, le recours serait de faire appel à la communication et au dialogue comme moyen d'échange. «Il ne sert à rien de faire régner la loi du talion, car ainsi on vivra dans une jungle où le plus fort domine». Pour conclure, il importe de signaler que la violence qui imprègne les relations sociales ne prendra fin que si la société civile s'investisse dans la lutte contre le fléau. La sensibilisation est de mise. D. S. EL Harrach. Le nom de ce quartier populaire situé à 12 Km de l'est d'Alger est associé illico, dans la mentalité des algériens, au recours à la force, voire à la violence pour résoudre les fréquents litiges. Aujourd'hui, des jeunes n'en recourent qu'à la loi de la force et de la violence. Témoin est les nombreux faits divers relatés par la presse nationale et qui font état de l'ampleur que prend ce phénomène de société. Des conflits de voisinage, des disputes entre enfants, des querelles entre jeunes hommes, la violence verbale et physique imprègne de nos jours les échanges relationnels entre individus au point de devenir un vrai langage. Par la force des bras «Si j'ai déposé plainte auprès des éléments de la police, c'est pour me protéger contre mes voisins impertinents», a déclaré Mme Wahiba qui s'est vue, harcelée et violentée par sa voisine et son mari. «Je n'ai jamais imaginé qu'un jour mon voisin pourrait me frapper sans craindre les suites de son acte irréfléchi », s'est plaint, en larmes, notre interlocutrice. Rencontrée au tribunal d'Hussein Dey, la malheureuse victime nous a livré son douloureux vécu. Sa voisine dont l'appartement se trouve juste en dessous du sien a commencé par la harceler et lui créer des problèmes à tort et à travers. « Au début, j'ai décidé de la négliger. Cependant, nos démêlés ne faisaient qu'empirer », témoigne-t-elle. Jours après jours, la mère de famille se voyait insulter par sa voisine qui, maintenant lui assénait des propos blessants. Un jour, et alors qu'elle s'attendait le moins à un évènement traumatisant, la voisine fut accosté par le mari de sa rivale qui n'a pas hésité à la frapper, tout en l'injuriant. Le mari de la victime arriva et la querelle a failli tourner au drame si des voisins n'avaient pas intervenu pour mettre terme à la dispute. Au tribunal, l'agresseur a avoué son forfait criant à tue-tête qu'il aurait du la tuer pour mettre fin à la pression que son épouse lui faisait subir chaque soir en rentrant à la maison. Pour une fille, rixe sanglante à Baïnem Dans la société algérienne, on recourt de plus en plus à la force pour arracher ses droits. « Ce n'est plus des cas individuels, mais c'est devenu un phénomène. Dans divers quartiers populaires ou des régions de l'intérieur, nombreux individus font appel à la violence pour résoudre leurs ennuis. L'incident qui s'est déroulé, lors de la deuxième semaine du Ramadhan, à Baïnem, en est l'illustration vraie d'un phénomène aux dimensions inquiétantes. En effet, des jeunes de deux Cités populaires à Baïnem s'étaient férocement disputés à cause d'une fille, une dispute qui s'est soldée par des blessés si ce n'est l'intervention des éléments de l'ordre. En effet, il suffit de parcourir la page des faits divers pour se rendre compte de cette évidence. Le dernier incident publié dernièrement sur le crime crapuleux qui s'est déroulé à Belcourt. Deux frères s'étaient entretués à cause d'un portable. En effet, le frère cadet avait acheté un portable high-tech très coûteux en dépensant la totalité de son salaire. A son retour à la maison, ses parents le grondent pour ses dépenses, jugés inutiles. Ce dernier, en colère, claque la porte et descend en courant au magasin d'alimentation général où son frère aîné travaille. Le cadet raconte à son frère aîné son altercation avec ses parents. Ce dernier n'hésita pas à le gronder. Les deux frères se sont cruellement bagarrés. Une bagarre qui s'est soldée par un crime puisque l'aîné, aveuglé par la colère, s'armant d'un couteau qui se trouvait à proximité de lui, asséna des coups mortels, en plein thorax, à son frère. La violence, une tendance Pour la sociologue R. Saïfi, ces grands crimes qui ont secoué l'opinion publique ne sont pas les seules preuves que prendre son droit par la force est devenu une tendance. Il existe donc d'autres aspects qui n'ont rien à voir avec les tribunaux et les pages des journaux. Mounir, comptable de 30 ans, rapporte qu'un jour, alors qu'il tentait de parquer sa voiture au bas de son immeuble, il a dû recourir à la force pour obtenir un droit supposé évident. Il a failli tuer le chauffard, apparemment ivre, qui l'a percuté. « Il était ivre et je savais que je n'allais pas être dédommagé. Sur le coup, j'ai insisté pour qu'il me paye les dommages qu'il venait de me causer. Il refusa, me criant d'aller au diable. Je l'ai donc tabassé en allant jusqu'à lui confisquer tout objet de valeur qui se trouvait dans la voiture », confie Mounir. Et d'ajouter : « je pense que le meilleur recours est d'en venir aux mains pour arracher ses droits, car les algériens ne comprennent qu'ainsi». «Drôle de mentalité qui règne aujourd'hui», nous dira la sociologue avant d'expliquer le phénomène par un déficit de communication chez le citoyen algérien et un manque de foi en la justice. « Nombreux préfèrent arracher leur droit au lieu d'attenter des procédure de justice qui risquent de traîner », explique-t-elle. Il s'agit donc d'une perte des valeurs, comme le confirme-t-elle. « Quand l'injustice s'installe, l'Etat perd son pouvoir sur les citoyens et c'est la loi de la jungle qui règne», continue la sociologue. «Je veux plus me laisser faire» Farouk, 40 ans, ingénieur, raconte son histoire avec le fruitier du coin. Alors qu'il avait acheté pour 200 L.E. de fruits, il découvre que la plupart étaient gâtés. « J'ai senti que j'avais été abusé par ce commerçant qui a profité de l'occasion pour me vendre des fruits gâtés. Je savais que personne n'allait me dédommager pour cette perte en l'absence d'associations efficaces pour la protection du consommateur et de lois pour la fraude commerciale. Alors je suis allé chez ce même marchand et j'ai choisi des fruits de bonne qualité et pour la même somme et, j'ai pris la fuite sans le payer et ainsi j'ai obtenu mon droit », explique Khaled. Et d'ajouter : «Je ne veux plus me sentir tout le temps comme un vaincu, je ne supporte plus d'être roulé». A l'instar de Farouk, nombreux, se sentant bafoués, conscients de la lenteur des procédures judiciaires, impatients pour recouvrer leurs droits, recourent au langage de la force pour se faire justice. En tant qu'usage intentionnel de la force physique ou du pouvoir visant à porter atteinte à l'intégrité physique ou morale de la personne ou d'un groupe de personnes, la violence est inscrite depuis l'origine dans les relations sociales. Mais, si aujourd'hui, de plus en plus de personnes ont recourt à la violence physique pour régler les litiges et arracher leurs droits, il est important d'axer sur la symbolique de la violence en communauté. «La violence est à l'évidence un phénomène de société et elle s'est manifestée de tous les temps », explique Mme L. Faïza, psychologue. Le recours à la violence expliqués par des psychologues Pour la psychologue, de nos jours, le recours à la force pour délimiter son territoire, marquer ses acquis, défendre ses droits est devenue un fait constatable. Son explication. Nombreux trouvent en la violence l'unique alternative rapide pour arracher ses droits. « tre violent, c'est être fort, tandis que passer sous silence les injustices vécues est l'attitude des lâches », explique-t-elle. Et d'ajouter «Entre recourir à la loi et se faire justice soi-même, nombreux préfèrent opter pour la seconde option. La lenteur des procédures judiciaires expliquent ce type de comportement devenu fréquent aujourd'hui ». Pour lutter contre l'usage de la violence dans les relations interpersonnels et en vue d'ériger une société civilisée, le recours serait de faire appel à la communication et au dialogue comme moyen d'échange. «Il ne sert à rien de faire régner la loi du talion, car ainsi on vivra dans une jungle où le plus fort domine». Pour conclure, il importe de signaler que la violence qui imprègne les relations sociales ne prendra fin que si la société civile s'investisse dans la lutte contre le fléau. La sensibilisation est de mise. D. S.