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Ce "je" qui construit le "nous" collectif
Hommage À Simone de Beauvoir au cafE littéraire du SILA
Publié dans Le Midi Libre le 29 - 10 - 2008

Hier, la première conférence des cafès littéraires du SILA a été donnée par Mme Wassyla Tamzali en hommage à «Simone de Beauvoir l'Algérienne».
Hier, la première conférence des cafès littéraires du SILA a été donnée par Mme Wassyla Tamzali en hommage à «Simone de Beauvoir l'Algérienne».
Devant un petit public d'universitaires et d'écrivains, M. Sid Ali Sakhri a donné hier le coup d'envoi des cafés littéraires du 13e SILA. Présentant Mme Wassyla Tamzali, la première conférencière de la journée, M. Sid Ali Sakhri a expliqué ce choix par l'excellent accueil reçu par son dernier ouvrage intitulé «Education algérienne».
«Tiré en plus de 1.000 exemplaires en édition originale et à plus de 7.000 en France où la troisième édition est déjà épuisée, le livre a été traduit en italien ,en espagnol et va être traduit en arabe. Il a été nominé 2 fois et a reçu le prix de France télévision» avait auparavant souligné Mme Wassyla Tamzali. Après avoir présenté son livre, avant tout comme la sépulture qu'une fille offre à son père assassiné alors qu'elle avait quinze ans, elle a ajouté que cette œuvre tentait d'analyser le phénomène de l'islamisme et la question des femmes en Algérie. « J'ai tenté d'expliquer l'inexplicable. C'est-à-dire la situation juridique des femmes dans mon pays.» Pays qui, selon la conférencière, fait partie de ce monde qui fait de la hiérarchisation des sexes une fin en soi. Alors même que la question féminine se pose dans toute la planète. «Cette énigme m'a interrogée» a déclaré l'intervenante. D'autre part, la conférencière a dit avoir choisi ce style d'essayiste contre le choix de son éditeur qui lui proposait d'écrire un roman pour pouvoir, a-t-elle dit, «au plus près de ma sincérité restituer des moments de ma vie d'enfant. Ces souvenirs charrient une grande part de nostalgie, les odeurs de cuisine, les chants andalous des circoncisions, le jasmin, le pain qui cuit au four…. Autant de choses qui échappent à l'historien et au sociologue. Mon livre n'est ni un livre d'histoire ni un livre de socio». Rejointe en cela, au cours du débat, par Fadéla Mrabet qui a déclaré avec force qu'«il faut écrire pour que le monde de mon enfance peuplé d'hommes et de femmes magnifiques ne meurt pas…»
A la sociologue Louiza Brahmi qui exprimait le caractère «normal»de l'assassinat du père de Mme Wassyla Tamzali dans le contexte de l'époque dès lors qu'«il représentait le capitalisme agraire», la juriste a estimé que cette violence était nécessaire mais non justifiable. «Mon père a fait partie d'un mouvement qu'il a contribué par de grands sacrifices à mettre en marche pour faire partie de ses dernières victimes. Le mot normal me choque car une des clefs pour apaiser cette violence qui remonte à la surface tous les 20 ans c'est de la considérer comme nécessaire mais non justifiable. » Mme Tamzali a situé les origines de cette violence entre Algériens comme une conséquence du colonialisme qui était tel qu'il a sécrété une forme de nationalisme fondée sur une sacralisation du pays.
«Nous étions les nouveaux romantiques et les premiers de la classe»
La conférencière a décrit le contexte de sa jeunesse comme une période d'euphorie, non seulement pour les pays décolonisés mais pour la planète entière. «La jeunesse européenne libérée de ce passé de colonisateurs était heureuse.» Période qualifiée de formidable par la conférencière car elle permettait aux jeunes de l'an I de la révolution de s'inscrire au projet de révolution universelle. «Tous ceux qui ont partagé ce rêve ont aujourd'hui une complicité très forte. C'était une erreur, mais positive qui m'a structurée et que je revendique. Dis-moi quelle est ton erreur des années 60 et je te dirai si je t'aime ! Nous avons gardé au fond du cœur cette utopie.» a déclaré Mme Tamzali qui pense que les jeunes d'aujourd'hui ont le sentiment d'être vieux dans le siècle et que pour eux tout était entre les mains de sa génération. La place particulière de la Révolution algérienne dans le monde a été également soulignée. Se référant à une exposition récente au MAMA sur le regard que posaient les artistes internationaux sur la lutte du peuple algérien, la conférencière a avancé l'idée que le contenu humaniste de cette dernière avait fortement marqué les artistes avant même l'indépendance et parfois avant la révolution elle-même. Le visage de la femme algérienne a été connu à travers le portrait de Djamila Boupacha par Picasso. La cause algérienne à travers les gravures qu'une artiste des pays de l'Est a immortalisé le procès d'Aït-Ahmed. « On était les premiers de la classe, on nous regardait avec des yeux d'amour…Aux festivals internationaux du cinéma on donnait des leçons à tout le monde ! » L'Intervenante a alors parlé de Simone de Beauvoir l'Algérienne qui a pris la défense d'une femme algérienne et quelle femme ! Une combattante qui a exigé un procès !
Dire «je» pour pouvoir dire «nous»
«Je fais partie du peuple algérien et sans moi il n'est pas complet» a asséné la conférencière suite aux interventions dénonçant une supposée trahison du peuple par «une petite élite nourrie de culture occidentale».
«J'ai fait mon livre pour parler de moi et cesser de débattre pour commencer à m'interroger» a encore dit la conférencière qui a fait sienne la sentence d'Octavio Paz qui disait que «quand on est très particulier on peut dire : je parle pour tout le monde.»
«Dès l'instant où on ose dire je, on arrive à dire» a déclaré Mme Tamzali. Elle a opposé le «je» sociologique au «nous» politique ou communautaire, (les deux nous s'affrontant).
Il faut prendre le chemin des individus qui construisent le nous collectif en osant dire je. Car le nous collectif se construit avec les mots de l'individualité et il s'agit de retrouver ce nous collectif à travers le je.
Ce débat très riche a été suivi de quatre autres conférences : « Littérature algérienne, le tissage des mots » de Louiza Brahmi. Soixante ans d'écriture féminine en Algérie présentée par Nacéra Belloula et Zineb Laouadj. « Existe-t-il une littérature algérienne ?» animée par Aïcha Kassoul, Rachid Mokhtari, Mohamed Sari et Fatima Bakhaï. L'imaginaire dans la littérature: Ibn Al Moqafaa, Al-Jahidh et Les milles et une nuits, précurseurs de la fable moderne, par Hadjiat Abdelhamid. L'écriture romanesque en langue amazighe, par Mohand Akli Salhi et Saïd Chemakh . «L'apport de la traduction à la promotion et au développement de la langue amazighe en Algérie» par Mahmoud Amaoui, Allaoua Mansouri, Mohand Akli Haddadou et Alla Mansouri.
Demain cinq autres conférences sont prévues dont un hommage à Mahmoud Darwich à 16 heures et une rencontre avec le Sud-Africain Mandla Langa, ancien conseiller culturel de Nelson Mandela à 17 heures trente. K. T.
Devant un petit public d'universitaires et d'écrivains, M. Sid Ali Sakhri a donné hier le coup d'envoi des cafés littéraires du 13e SILA. Présentant Mme Wassyla Tamzali, la première conférencière de la journée, M. Sid Ali Sakhri a expliqué ce choix par l'excellent accueil reçu par son dernier ouvrage intitulé «Education algérienne».
«Tiré en plus de 1.000 exemplaires en édition originale et à plus de 7.000 en France où la troisième édition est déjà épuisée, le livre a été traduit en italien ,en espagnol et va être traduit en arabe. Il a été nominé 2 fois et a reçu le prix de France télévision» avait auparavant souligné Mme Wassyla Tamzali. Après avoir présenté son livre, avant tout comme la sépulture qu'une fille offre à son père assassiné alors qu'elle avait quinze ans, elle a ajouté que cette œuvre tentait d'analyser le phénomène de l'islamisme et la question des femmes en Algérie. « J'ai tenté d'expliquer l'inexplicable. C'est-à-dire la situation juridique des femmes dans mon pays.» Pays qui, selon la conférencière, fait partie de ce monde qui fait de la hiérarchisation des sexes une fin en soi. Alors même que la question féminine se pose dans toute la planète. «Cette énigme m'a interrogée» a déclaré l'intervenante. D'autre part, la conférencière a dit avoir choisi ce style d'essayiste contre le choix de son éditeur qui lui proposait d'écrire un roman pour pouvoir, a-t-elle dit, «au plus près de ma sincérité restituer des moments de ma vie d'enfant. Ces souvenirs charrient une grande part de nostalgie, les odeurs de cuisine, les chants andalous des circoncisions, le jasmin, le pain qui cuit au four…. Autant de choses qui échappent à l'historien et au sociologue. Mon livre n'est ni un livre d'histoire ni un livre de socio». Rejointe en cela, au cours du débat, par Fadéla Mrabet qui a déclaré avec force qu'«il faut écrire pour que le monde de mon enfance peuplé d'hommes et de femmes magnifiques ne meurt pas…»
A la sociologue Louiza Brahmi qui exprimait le caractère «normal»de l'assassinat du père de Mme Wassyla Tamzali dans le contexte de l'époque dès lors qu'«il représentait le capitalisme agraire», la juriste a estimé que cette violence était nécessaire mais non justifiable. «Mon père a fait partie d'un mouvement qu'il a contribué par de grands sacrifices à mettre en marche pour faire partie de ses dernières victimes. Le mot normal me choque car une des clefs pour apaiser cette violence qui remonte à la surface tous les 20 ans c'est de la considérer comme nécessaire mais non justifiable. » Mme Tamzali a situé les origines de cette violence entre Algériens comme une conséquence du colonialisme qui était tel qu'il a sécrété une forme de nationalisme fondée sur une sacralisation du pays.
«Nous étions les nouveaux romantiques et les premiers de la classe»
La conférencière a décrit le contexte de sa jeunesse comme une période d'euphorie, non seulement pour les pays décolonisés mais pour la planète entière. «La jeunesse européenne libérée de ce passé de colonisateurs était heureuse.» Période qualifiée de formidable par la conférencière car elle permettait aux jeunes de l'an I de la révolution de s'inscrire au projet de révolution universelle. «Tous ceux qui ont partagé ce rêve ont aujourd'hui une complicité très forte. C'était une erreur, mais positive qui m'a structurée et que je revendique. Dis-moi quelle est ton erreur des années 60 et je te dirai si je t'aime ! Nous avons gardé au fond du cœur cette utopie.» a déclaré Mme Tamzali qui pense que les jeunes d'aujourd'hui ont le sentiment d'être vieux dans le siècle et que pour eux tout était entre les mains de sa génération. La place particulière de la Révolution algérienne dans le monde a été également soulignée. Se référant à une exposition récente au MAMA sur le regard que posaient les artistes internationaux sur la lutte du peuple algérien, la conférencière a avancé l'idée que le contenu humaniste de cette dernière avait fortement marqué les artistes avant même l'indépendance et parfois avant la révolution elle-même. Le visage de la femme algérienne a été connu à travers le portrait de Djamila Boupacha par Picasso. La cause algérienne à travers les gravures qu'une artiste des pays de l'Est a immortalisé le procès d'Aït-Ahmed. « On était les premiers de la classe, on nous regardait avec des yeux d'amour…Aux festivals internationaux du cinéma on donnait des leçons à tout le monde ! » L'Intervenante a alors parlé de Simone de Beauvoir l'Algérienne qui a pris la défense d'une femme algérienne et quelle femme ! Une combattante qui a exigé un procès !
Dire «je» pour pouvoir dire «nous»
«Je fais partie du peuple algérien et sans moi il n'est pas complet» a asséné la conférencière suite aux interventions dénonçant une supposée trahison du peuple par «une petite élite nourrie de culture occidentale».
«J'ai fait mon livre pour parler de moi et cesser de débattre pour commencer à m'interroger» a encore dit la conférencière qui a fait sienne la sentence d'Octavio Paz qui disait que «quand on est très particulier on peut dire : je parle pour tout le monde.»
«Dès l'instant où on ose dire je, on arrive à dire» a déclaré Mme Tamzali. Elle a opposé le «je» sociologique au «nous» politique ou communautaire, (les deux nous s'affrontant).
Il faut prendre le chemin des individus qui construisent le nous collectif en osant dire je. Car le nous collectif se construit avec les mots de l'individualité et il s'agit de retrouver ce nous collectif à travers le je.
Ce débat très riche a été suivi de quatre autres conférences : « Littérature algérienne, le tissage des mots » de Louiza Brahmi. Soixante ans d'écriture féminine en Algérie présentée par Nacéra Belloula et Zineb Laouadj. « Existe-t-il une littérature algérienne ?» animée par Aïcha Kassoul, Rachid Mokhtari, Mohamed Sari et Fatima Bakhaï. L'imaginaire dans la littérature: Ibn Al Moqafaa, Al-Jahidh et Les milles et une nuits, précurseurs de la fable moderne, par Hadjiat Abdelhamid. L'écriture romanesque en langue amazighe, par Mohand Akli Salhi et Saïd Chemakh . «L'apport de la traduction à la promotion et au développement de la langue amazighe en Algérie» par Mahmoud Amaoui, Allaoua Mansouri, Mohand Akli Haddadou et Alla Mansouri.
Demain cinq autres conférences sont prévues dont un hommage à Mahmoud Darwich à 16 heures et une rencontre avec le Sud-Africain Mandla Langa, ancien conseiller culturel de Nelson Mandela à 17 heures trente. K. T.


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