Mostefa Harkat, professeur à l'université d'Alger et Saadane Benbabaali, maître de conférence à Paris III, ont par leur évocation de la poésie andalouse plongé l'auditoire dans un ravissement durable. Mostefa Harkat, professeur à l'université d'Alger et Saadane Benbabaali, maître de conférence à Paris III, ont par leur évocation de la poésie andalouse plongé l'auditoire dans un ravissement durable. «C'était à la fois un feu de camp et un feu d'artifice», a déclaré une dame de l'assistance, soucieuse de garder l'anonymat, à la fin de la conférence-débat organisée dimanche par le CCF sous l'intitulé : «Poésie andalouse, demeure des cultures». Feu d'artifice, pour le magnifique éclairage que les deux chercheurs ont apporté concernant ce domaine peu exploré du patrimoine nord-africain et feu de camp, pour la chaleur durable qui en a émané. Abondant dans le même sens, Mme Selma Hellal, co-fondatrice des éditions Barzakh a félicité les deux intervenants pour «l'allégresse et la jubilation, rares en ce moment en Algérie» qui ont jailli tout au long de leurs interventions. Incontestablement les deux spécialistes semblaient habités par leur sujet à un degré quasi extatique. «Je suis heureux de revenir en Algérie parler d'amour» a déclaré Saadane Benbabaali en ouverture à son exposé dont le propos était d'explorer «la demeure dont son ami Harkat venait de cerner le contour». Le mathématicien, métricien et homme de plume, Mostefa Harkat l'ayant devancé par un exposé sur la question savante de la métrique dans la poésie andalouse. L'auteur de «Wazn» et du «Récit khalilien» a, à partir du mot arabe Beyt qui désigne chez les Bédouins à la fois la tente et le vers poétique, réinscrit dans l'histoire la question de la naissance de la forme particulière de la poésie andalouse nommée mouwasshah. «Que s'est-il passé pour que la poésie arabe dont la forme est restée inchangée durant des siècles, à mesure qu'elle se développait dans les contrées conquises par l'Islam, soit transformée de manière radicale une fois arrivée en Andalousie ?» Réfutant l'hypothèse de Garcia Gomez qui suppose que le mouwasshah a la structure d'un chant espagnol, le chercheur algérien préfère explorer la piste du rythme berbère. Il s'appuie sur l'exemple de l'anapeste, métrique considérée comme typiquement grecque et qui existe au Maghreb depuis la nuit des temps. «La poésie andalouse était toujours clôturée par une kherdja écrite dans une autre langue que celle du poème» a également souligné le conférencier. Cette kherdja, intrusion d'une des langues parlées en Andalousie à la fin du mouwasshah, offrait une ouverture linguistique très représentative de l'ouverture d'esprit des Andalous. Malicieusement, le conférencier a fait remarquer qu'il existe historiquement un véritable complot contre ce mètre maghrébin et andalou qui a été attribué à un poète arabe qui n'en a jamais parlé. Prenant à son tour la parole, Benbabaali Saadane a déclaré que les humains n'ayant que deux manières de se rencontrer, la guerre ou l'amour, il avait pour sa part fait le choix de céder à son envie d'effectuer un retour à travers la poésie. Du désert d'Arabie au palais d'Andalousie, la poésie a évolué du beyt (la demeure de l'étape et de la halte transitoire » au daour dérivé de Eddar, enceinte qui entoure les habitants. L'universitaire se proposant de fouiller ce que cette demeure contient. Le Mouwasshah chante l'amour et l'ivresse dans un décor paradisiaque. Citant un hadith qu'dsi disant : «L'univers ne peut Me contenir mais le cœur de Mon serviteur Me contient», M. Benbabaali a longuement parlé de l'amour au temps des Andalous. De l'amour entre bien-aimés à l'amour mystique, l'intervenant a surfé sur la vague de lumière transmise de là-haut. Du hob, ce grain déposé dans le cœur du bien-aimé qui le nourrit avec persévérance, au hawa, inclination subite et irrésistible à El-Khella dont l'intervenant compare l'effet sur la personne à celle du vinaigre baignant les légumes.«Les Arabes ont 99 noms pour Dieu et 99 noms pour l'amour. Car Dieu est Amour.» a encore fait remarquer le conférencier. Emaillant son exposé de citations, il a retracé l'histoire de cette véritable révolution de la poésie réalisée par le mouwasshah andalou sur le plan du rythme et de la métrique comme sur le plan du langage. «Selli houmoumak fi d el-aâchia/ metddri bech yethik essabah ,/ oua fi essaher qom dir el-houmayr /, ouefni founounak maâ el-milah /, eddennia mehi illa mizah» a conclu l'érudit en citant Nazim Hikmet qui disait «La vie n'est pas une plaisanterie.» K.T. «C'était à la fois un feu de camp et un feu d'artifice», a déclaré une dame de l'assistance, soucieuse de garder l'anonymat, à la fin de la conférence-débat organisée dimanche par le CCF sous l'intitulé : «Poésie andalouse, demeure des cultures». Feu d'artifice, pour le magnifique éclairage que les deux chercheurs ont apporté concernant ce domaine peu exploré du patrimoine nord-africain et feu de camp, pour la chaleur durable qui en a émané. Abondant dans le même sens, Mme Selma Hellal, co-fondatrice des éditions Barzakh a félicité les deux intervenants pour «l'allégresse et la jubilation, rares en ce moment en Algérie» qui ont jailli tout au long de leurs interventions. Incontestablement les deux spécialistes semblaient habités par leur sujet à un degré quasi extatique. «Je suis heureux de revenir en Algérie parler d'amour» a déclaré Saadane Benbabaali en ouverture à son exposé dont le propos était d'explorer «la demeure dont son ami Harkat venait de cerner le contour». Le mathématicien, métricien et homme de plume, Mostefa Harkat l'ayant devancé par un exposé sur la question savante de la métrique dans la poésie andalouse. L'auteur de «Wazn» et du «Récit khalilien» a, à partir du mot arabe Beyt qui désigne chez les Bédouins à la fois la tente et le vers poétique, réinscrit dans l'histoire la question de la naissance de la forme particulière de la poésie andalouse nommée mouwasshah. «Que s'est-il passé pour que la poésie arabe dont la forme est restée inchangée durant des siècles, à mesure qu'elle se développait dans les contrées conquises par l'Islam, soit transformée de manière radicale une fois arrivée en Andalousie ?» Réfutant l'hypothèse de Garcia Gomez qui suppose que le mouwasshah a la structure d'un chant espagnol, le chercheur algérien préfère explorer la piste du rythme berbère. Il s'appuie sur l'exemple de l'anapeste, métrique considérée comme typiquement grecque et qui existe au Maghreb depuis la nuit des temps. «La poésie andalouse était toujours clôturée par une kherdja écrite dans une autre langue que celle du poème» a également souligné le conférencier. Cette kherdja, intrusion d'une des langues parlées en Andalousie à la fin du mouwasshah, offrait une ouverture linguistique très représentative de l'ouverture d'esprit des Andalous. Malicieusement, le conférencier a fait remarquer qu'il existe historiquement un véritable complot contre ce mètre maghrébin et andalou qui a été attribué à un poète arabe qui n'en a jamais parlé. Prenant à son tour la parole, Benbabaali Saadane a déclaré que les humains n'ayant que deux manières de se rencontrer, la guerre ou l'amour, il avait pour sa part fait le choix de céder à son envie d'effectuer un retour à travers la poésie. Du désert d'Arabie au palais d'Andalousie, la poésie a évolué du beyt (la demeure de l'étape et de la halte transitoire » au daour dérivé de Eddar, enceinte qui entoure les habitants. L'universitaire se proposant de fouiller ce que cette demeure contient. Le Mouwasshah chante l'amour et l'ivresse dans un décor paradisiaque. Citant un hadith qu'dsi disant : «L'univers ne peut Me contenir mais le cœur de Mon serviteur Me contient», M. Benbabaali a longuement parlé de l'amour au temps des Andalous. De l'amour entre bien-aimés à l'amour mystique, l'intervenant a surfé sur la vague de lumière transmise de là-haut. Du hob, ce grain déposé dans le cœur du bien-aimé qui le nourrit avec persévérance, au hawa, inclination subite et irrésistible à El-Khella dont l'intervenant compare l'effet sur la personne à celle du vinaigre baignant les légumes.«Les Arabes ont 99 noms pour Dieu et 99 noms pour l'amour. Car Dieu est Amour.» a encore fait remarquer le conférencier. Emaillant son exposé de citations, il a retracé l'histoire de cette véritable révolution de la poésie réalisée par le mouwasshah andalou sur le plan du rythme et de la métrique comme sur le plan du langage. «Selli houmoumak fi d el-aâchia/ metddri bech yethik essabah ,/ oua fi essaher qom dir el-houmayr /, ouefni founounak maâ el-milah /, eddennia mehi illa mizah» a conclu l'érudit en citant Nazim Hikmet qui disait «La vie n'est pas une plaisanterie.» K.T.