La pratique sportive intensive visant la haute performance est une manifestation de la motricité humaine. Depuis quelques années, elle se distingue de plus en plus de ses autres expressions. Afin de la restituer, nous la différencions de l'activité motrice spontanée, de l'éducation physique et des activités sportives «tout-venant». La pratique sportive intensive visant la haute performance est une manifestation de la motricité humaine. Depuis quelques années, elle se distingue de plus en plus de ses autres expressions. Afin de la restituer, nous la différencions de l'activité motrice spontanée, de l'éducation physique et des activités sportives «tout-venant». L'activité motrice spontanée est synonyme de vie comme en témoignent les mouvements du fœtus in utero, directement perceptibles par la mère à travers la paroi utérine. L'éducation physique qui s'exerce en général dans le cadre extra-familial de l'école est une fonction socialement définie (quant à ses moyens et à ses buts). Elle vise à développer le potentiel moteur de chacun et à donner toute sa valeur à la compréhension d'une communication non-verbale à partir du langage du corps. Les activités sportives s'organisent autour de la compétition et du spectacle. Ceci sous-entend que la rivalité spontanée, née de la conscience d'une différence de compétence interindividuelle, devient structurée par l'objectivation quantitative des résultats sportifs. Nous sommes ici dans un espace qui, répondant au malaise (principalement urbain) né de l'individualisation et de l'anonymat croissants, vise l'équilibre de l'individu avec lui-même, en relation avec les autres (en relativisant ses différentes appartenances sociales). Si le sport de haut niveau nait des précédentes activités motrices humaines, il fait cependant rupture avec elles. En effet, la pratique sportive visant la haute performance est en elle-même une mise en situation de déséquilibre tant physique que psychique d'un individu donné dans la temporalité exceptionnelle et extraordinaire qu'est le spectacle de la compétition. Devenant un objet social, ses critères « objectifs » de définition correspondent à deux points : d'une part, lors des sélections, la réalisation des performances reconnues comme seuil d'intégration dans la catégorie dite «élite» définie par chaque discipline sportive ; d'autre part, l'enjeu économique investi par une société pour favoriser le développement du «potentiel» ainsi reconnu. Il peut s'agir de bourses ou de récompenses directement attribuées aux sportifs, ou de la participation indirecte aux différents frais occasionnés par la pratique sportive intensive. Cette reconnaissance «économique» des performances sportives varie considérablement en fonction du sexe et de la discipline ; elle entraine, ipso facto, une rivalité d'intérêt entre leurs pratiquants ainsi qu'une modulation des motivations puisque certaines ont un avenir professionnel et d'autres pas. Ces critères objectifs imposent une tension d'effort au sportif ainsi sélectionné. Cette tension correspond d'une part à la nécessité de rester au niveau (en s'adaptant aux aléas des variations des modalités d'arbitrage, des modifications de certaines règles de jeu, etc.) et d'autre part à la satisfaction de certaines anticipations programmées de sa progression. Ayant misé sur un potentiel, les résultats doivent être la pour que le soutien financier et social perdure. Ne répondant pas à ces critères objectifs, s'individualisent les disciplines non olympiques dites californiennes. Celle-ci, de plus en plus nombreuses (saut à l'élastique, chute libre, Paris-Dakar…), ne sont pas régulées par des sélections mais par le partenariat. D'apparition récente, ces activités d'aventure ou de vertige, se pratiquent en plein air. Le combat est individuel contre un adversaire surhumain : «la nature personnifiée». Ces «sportifs d'un nouveau genre» rejettent en bloc tout ce qui pourrait évoquer l'affrontement à l'autre (qu'il soit adversaire individuel ou groupe) et en raison de cela, ne se retrouvent pas dans des centres d'entrainement. Des critères subjectifs du haut niveau, nous retiendrons le principe d'une aptitude particulière à «se structurer» autour d'une tension d'insatisfaction, un manque posé a priori : être second est toujours insuffisant et la place de premier doit constamment être défendue. D'où une nécessaire adaptation quotidienne, renvoyant à la problématique du stress, orientée par la recherche d'une tension d'excitation efficace au moment de l'inconnu de la performance. Elle sous-entend une sorte de révélation d'un sentiment de solitude de type existentiel du fait de tensions de rivalité exacerbées. Le record, cet «au-delà» des limites, pose la question du risque d'éclatement pris par celui qui le met en scène. La violence de cet effort actif va devoir s'appuyer sur des mécanismes psychiques spécifiques, en particulier la pensée magique. Ce mode de fonctionnement que nous avons chacun dans notre patrimoine mnésique correspond au stade de développement de l'enfant-roi à qui tout est possible. Il doit ici être réactivé pour contenir et ainsi utiliser une inévitable angoisse de morcellement. En effet, alors que le développement musculaire et la motricité sont les points objectifs de focalisation des entrainements, les modalités de transmission et d'évaluation tant objective que subjective se situent, de manière privilégiée, dans la relativité du champ des émotions et des sensations. Cette absence de possibilité de «mise en mots» rend obsolète cette borne «quantifiable» de la pensée et laisse libre cours aux idées de toute puissance et magiques. Ce reconnaitre que l'individu se situe dans un a priori extrême pour lui-même, «son» haut niveau. Le recours aux idées magiques rassure et maintient dans une sorte de cohérence les idées de toute-puissance si nécessaires pour aborder la performance. Tout l'art du futur champion sera donc de risquer cet «extrême de lui-même» sans se laisser déborder par le raz-de-marée soulevé, ce qui le ferait basculer dans l'excès. Dans ce cas-la, l'enveloppe «compétence» plus «magique» serait fracturée et l'énergie libérée prendrait la forme d'une angoisse sidérante difficilement verbalisable, à thème de morcellement, de dépersonnalisation. Ces notions de recharge énergétique pré-ou post-compétitives, licites ou illicites, attirent l'attention sur le si nécessaire aspect anabolique de la décharge catabolique de l'acte performant : ce que nous appelons « récupération» au cours de l'acte sportif lui-même et «régénération» à son décours. L'analogie de la récupération avec la restauration d'une éprouvé d'une «continuité d'enveloppe» (réparant un vécu d'éclatement lors de l'acte sportif extrême, performant ou non) est née des évocations de l'importance de la douche exprimées par les sportifs au décours d'actes sportifs «durs» ou «forts». Au-delà des raisons d'hygiène, il y a surtout le besoin de laisser la chaleur avoir son action myorelaxante et celui de se «réapproprier» son corps en le ressentant passif. Sous la douche il est contenu par la caresse cutanée bienfaisante d'une eau «de l'extérieur», régénératrice, qui succède à l'écoulement sudoral témoin de l'effort fourni et production corporelle «de l'intérieur». En miroir à la juste appréciation par l'acteur sportif de cette limite au-delà de laquelle «il explose» ou «se répand», tout l'art de son encadrement économique, scientifico-technique, médical, sportif…résidera dans la juste intuition du risque pris afin que la performance advienne sans destruction de celui qui l'a mise en scène. Là apparait la responsabilité éthique de ce cocon géniteur, d'autant plus importante qu'il tisse un inévitable lien d'assistance avec son «poulain». Cette organisation de type matricielle est supportée, in fine, par l'entraineur dont le désir rejoint celui de son athlète, amenant ces deux partenaires à représenter, dans un échange de regards, l'image/symbole de la performance sportive, support de ce que nous avons appelé leur identité bicéphale entraineur-athlète. Le risque de cette situation réside dans un surinvestissement des résultats gênant l'adaptation à l'aléatoire inévitable de chaque situation compétitive et pouvant générer des contre-performances pénalisantes pour les deux partenaires. La tension vers la performance sportive se complète d'une émotion : la peur, d'un affect : la haine, d'une sensation : la douceur. Ces points sont autant de valeurs tabous pour le tout-venant. En cela, le sportif de haut niveau se situe ipso facto, dans un ailleurs, un au-delà du cadre respecté par les non-sportifs comme par lui-même lorsqu'il évolue en dehors du monde sportif. Ce constat introduit la nécessite d'une adaptation globale à la sollicitation physique comme sportive intensive. Il signe l'accès à un nouveau mode de fonctionnement initié par les modifications périphériques (musculaires, immunologiques, neuro-hormonales…) secondaires à la valorisation des sensations et de la proprioceptivité. Cette aptitude à fonctionner de manière efficace aussi bien dans les codes sportifs que dans les systèmes non sportifs correspond à une position psychique synonyme d'une grande intelligence des situations psychomotrices. Dr A. K. B. L'activité motrice spontanée est synonyme de vie comme en témoignent les mouvements du fœtus in utero, directement perceptibles par la mère à travers la paroi utérine. L'éducation physique qui s'exerce en général dans le cadre extra-familial de l'école est une fonction socialement définie (quant à ses moyens et à ses buts). Elle vise à développer le potentiel moteur de chacun et à donner toute sa valeur à la compréhension d'une communication non-verbale à partir du langage du corps. Les activités sportives s'organisent autour de la compétition et du spectacle. Ceci sous-entend que la rivalité spontanée, née de la conscience d'une différence de compétence interindividuelle, devient structurée par l'objectivation quantitative des résultats sportifs. Nous sommes ici dans un espace qui, répondant au malaise (principalement urbain) né de l'individualisation et de l'anonymat croissants, vise l'équilibre de l'individu avec lui-même, en relation avec les autres (en relativisant ses différentes appartenances sociales). Si le sport de haut niveau nait des précédentes activités motrices humaines, il fait cependant rupture avec elles. En effet, la pratique sportive visant la haute performance est en elle-même une mise en situation de déséquilibre tant physique que psychique d'un individu donné dans la temporalité exceptionnelle et extraordinaire qu'est le spectacle de la compétition. Devenant un objet social, ses critères « objectifs » de définition correspondent à deux points : d'une part, lors des sélections, la réalisation des performances reconnues comme seuil d'intégration dans la catégorie dite «élite» définie par chaque discipline sportive ; d'autre part, l'enjeu économique investi par une société pour favoriser le développement du «potentiel» ainsi reconnu. Il peut s'agir de bourses ou de récompenses directement attribuées aux sportifs, ou de la participation indirecte aux différents frais occasionnés par la pratique sportive intensive. Cette reconnaissance «économique» des performances sportives varie considérablement en fonction du sexe et de la discipline ; elle entraine, ipso facto, une rivalité d'intérêt entre leurs pratiquants ainsi qu'une modulation des motivations puisque certaines ont un avenir professionnel et d'autres pas. Ces critères objectifs imposent une tension d'effort au sportif ainsi sélectionné. Cette tension correspond d'une part à la nécessité de rester au niveau (en s'adaptant aux aléas des variations des modalités d'arbitrage, des modifications de certaines règles de jeu, etc.) et d'autre part à la satisfaction de certaines anticipations programmées de sa progression. Ayant misé sur un potentiel, les résultats doivent être la pour que le soutien financier et social perdure. Ne répondant pas à ces critères objectifs, s'individualisent les disciplines non olympiques dites californiennes. Celle-ci, de plus en plus nombreuses (saut à l'élastique, chute libre, Paris-Dakar…), ne sont pas régulées par des sélections mais par le partenariat. D'apparition récente, ces activités d'aventure ou de vertige, se pratiquent en plein air. Le combat est individuel contre un adversaire surhumain : «la nature personnifiée». Ces «sportifs d'un nouveau genre» rejettent en bloc tout ce qui pourrait évoquer l'affrontement à l'autre (qu'il soit adversaire individuel ou groupe) et en raison de cela, ne se retrouvent pas dans des centres d'entrainement. Des critères subjectifs du haut niveau, nous retiendrons le principe d'une aptitude particulière à «se structurer» autour d'une tension d'insatisfaction, un manque posé a priori : être second est toujours insuffisant et la place de premier doit constamment être défendue. D'où une nécessaire adaptation quotidienne, renvoyant à la problématique du stress, orientée par la recherche d'une tension d'excitation efficace au moment de l'inconnu de la performance. Elle sous-entend une sorte de révélation d'un sentiment de solitude de type existentiel du fait de tensions de rivalité exacerbées. Le record, cet «au-delà» des limites, pose la question du risque d'éclatement pris par celui qui le met en scène. La violence de cet effort actif va devoir s'appuyer sur des mécanismes psychiques spécifiques, en particulier la pensée magique. Ce mode de fonctionnement que nous avons chacun dans notre patrimoine mnésique correspond au stade de développement de l'enfant-roi à qui tout est possible. Il doit ici être réactivé pour contenir et ainsi utiliser une inévitable angoisse de morcellement. En effet, alors que le développement musculaire et la motricité sont les points objectifs de focalisation des entrainements, les modalités de transmission et d'évaluation tant objective que subjective se situent, de manière privilégiée, dans la relativité du champ des émotions et des sensations. Cette absence de possibilité de «mise en mots» rend obsolète cette borne «quantifiable» de la pensée et laisse libre cours aux idées de toute puissance et magiques. Ce reconnaitre que l'individu se situe dans un a priori extrême pour lui-même, «son» haut niveau. Le recours aux idées magiques rassure et maintient dans une sorte de cohérence les idées de toute-puissance si nécessaires pour aborder la performance. Tout l'art du futur champion sera donc de risquer cet «extrême de lui-même» sans se laisser déborder par le raz-de-marée soulevé, ce qui le ferait basculer dans l'excès. Dans ce cas-la, l'enveloppe «compétence» plus «magique» serait fracturée et l'énergie libérée prendrait la forme d'une angoisse sidérante difficilement verbalisable, à thème de morcellement, de dépersonnalisation. Ces notions de recharge énergétique pré-ou post-compétitives, licites ou illicites, attirent l'attention sur le si nécessaire aspect anabolique de la décharge catabolique de l'acte performant : ce que nous appelons « récupération» au cours de l'acte sportif lui-même et «régénération» à son décours. L'analogie de la récupération avec la restauration d'une éprouvé d'une «continuité d'enveloppe» (réparant un vécu d'éclatement lors de l'acte sportif extrême, performant ou non) est née des évocations de l'importance de la douche exprimées par les sportifs au décours d'actes sportifs «durs» ou «forts». Au-delà des raisons d'hygiène, il y a surtout le besoin de laisser la chaleur avoir son action myorelaxante et celui de se «réapproprier» son corps en le ressentant passif. Sous la douche il est contenu par la caresse cutanée bienfaisante d'une eau «de l'extérieur», régénératrice, qui succède à l'écoulement sudoral témoin de l'effort fourni et production corporelle «de l'intérieur». En miroir à la juste appréciation par l'acteur sportif de cette limite au-delà de laquelle «il explose» ou «se répand», tout l'art de son encadrement économique, scientifico-technique, médical, sportif…résidera dans la juste intuition du risque pris afin que la performance advienne sans destruction de celui qui l'a mise en scène. Là apparait la responsabilité éthique de ce cocon géniteur, d'autant plus importante qu'il tisse un inévitable lien d'assistance avec son «poulain». Cette organisation de type matricielle est supportée, in fine, par l'entraineur dont le désir rejoint celui de son athlète, amenant ces deux partenaires à représenter, dans un échange de regards, l'image/symbole de la performance sportive, support de ce que nous avons appelé leur identité bicéphale entraineur-athlète. Le risque de cette situation réside dans un surinvestissement des résultats gênant l'adaptation à l'aléatoire inévitable de chaque situation compétitive et pouvant générer des contre-performances pénalisantes pour les deux partenaires. La tension vers la performance sportive se complète d'une émotion : la peur, d'un affect : la haine, d'une sensation : la douceur. Ces points sont autant de valeurs tabous pour le tout-venant. En cela, le sportif de haut niveau se situe ipso facto, dans un ailleurs, un au-delà du cadre respecté par les non-sportifs comme par lui-même lorsqu'il évolue en dehors du monde sportif. Ce constat introduit la nécessite d'une adaptation globale à la sollicitation physique comme sportive intensive. Il signe l'accès à un nouveau mode de fonctionnement initié par les modifications périphériques (musculaires, immunologiques, neuro-hormonales…) secondaires à la valorisation des sensations et de la proprioceptivité. Cette aptitude à fonctionner de manière efficace aussi bien dans les codes sportifs que dans les systèmes non sportifs correspond à une position psychique synonyme d'une grande intelligence des situations psychomotrices. Dr A. K. B.