«L'important, c'est que la photo possède une force constatative et que le constatatif de la photo porte, non sur l'objet, mais sur le temps.» Roland Barthes «L'important, c'est que la photo possède une force constatative et que le constatatif de la photo porte, non sur l'objet, mais sur le temps.» Roland Barthes Depuis le 1er avril et jusqu'au 30 mai, le Musée National d'Art Moderne et Contemporain (MAMA) accorde un espace d'existence à la photographie d'art en accueillant l'exposition «Regards reconstruits». Ce sont onze artistes photographes algériens qui proposent leurs réalisations au regard intérieur du public. En effet, cette sélection d'œuvres recèle quelque chose de résolument profond et ineffable. Un tour dans cette immense fresque découpée et suspendue ça et là sur les hauts murs blancs du MAMA. De prime abord, Fayçal recueille le caractère anthropomorphe de certains rochers originels ou taillés par les érosions. Puis c'est à Salim Aït Ali et Hakim Guettaf de mettre Alger en noir et blanc pour montrer une de ses façades «paraboliques» ou quelques'uns de ses enfants jouant dans l'eau. Les instants figés sont presque anodins et aléatoires, mais à bien les observer, ils renferment chacun son souffle intrinsèque, sa densité propre. Une densité encore plus saisissante dans les photographies de Rachida Azdaou, où le rouge et le jaune languissent et fondent dans le noir dans des convulsions inexorables dont l'aspect tient plus de la peinture que de la photographie. Et puis il y a aussi ces visages obscurs que Zakaria Djehiche fait écraser contre des vitres, ou ceux sur lesquels Samir Abchiche fait ressusciter les façades d'un palais en ruine. Le métal trouve aussi sa place dans l'exposition chez Khaled Laggoune et ses énigmatiques conteneurs du port d'Alger par les nuits d'hiver, et aussi chez Naïma Saad Bouzid et ses prises de quais et de trains. Ainsi, de photographie en photographie, avec des interventions graphiques pour certaines et sans aucun pictorialisme pour d'autres, l'ensemble des œuvres semble exercer une emprise analogue. Peut-être qu'au-delà de leurs sujets variés et leurs lumières diffuses, leur identité est due à leur cadre spatio-temporel interne. Une intériorité qui dans certaines œuvres se voit, et dans d'autres se devine. Rappelons que le MAMA offre la possibilité d'un autre voyage actuellement, puisque l'admirable exposition du peintre péruvien Sergio Silva Cajahuaringa se poursuit jusqu'au 11 du mois en cours. Elle laissera place à partir du 15 avril à l'artiste allemand Lucian Bernhard. Une énième occasion d'aller « se perdre » dans les galeries du musée de la rue Larbi- Ben- Mhidi, une construction (Œuvre d'Henri Louis Paul Petit, 1909) qui constitue elle-même un chef-d'œuvre d'architecture et une exposition en soi. Depuis le 1er avril et jusqu'au 30 mai, le Musée National d'Art Moderne et Contemporain (MAMA) accorde un espace d'existence à la photographie d'art en accueillant l'exposition «Regards reconstruits». Ce sont onze artistes photographes algériens qui proposent leurs réalisations au regard intérieur du public. En effet, cette sélection d'œuvres recèle quelque chose de résolument profond et ineffable. Un tour dans cette immense fresque découpée et suspendue ça et là sur les hauts murs blancs du MAMA. De prime abord, Fayçal recueille le caractère anthropomorphe de certains rochers originels ou taillés par les érosions. Puis c'est à Salim Aït Ali et Hakim Guettaf de mettre Alger en noir et blanc pour montrer une de ses façades «paraboliques» ou quelques'uns de ses enfants jouant dans l'eau. Les instants figés sont presque anodins et aléatoires, mais à bien les observer, ils renferment chacun son souffle intrinsèque, sa densité propre. Une densité encore plus saisissante dans les photographies de Rachida Azdaou, où le rouge et le jaune languissent et fondent dans le noir dans des convulsions inexorables dont l'aspect tient plus de la peinture que de la photographie. Et puis il y a aussi ces visages obscurs que Zakaria Djehiche fait écraser contre des vitres, ou ceux sur lesquels Samir Abchiche fait ressusciter les façades d'un palais en ruine. Le métal trouve aussi sa place dans l'exposition chez Khaled Laggoune et ses énigmatiques conteneurs du port d'Alger par les nuits d'hiver, et aussi chez Naïma Saad Bouzid et ses prises de quais et de trains. Ainsi, de photographie en photographie, avec des interventions graphiques pour certaines et sans aucun pictorialisme pour d'autres, l'ensemble des œuvres semble exercer une emprise analogue. Peut-être qu'au-delà de leurs sujets variés et leurs lumières diffuses, leur identité est due à leur cadre spatio-temporel interne. Une intériorité qui dans certaines œuvres se voit, et dans d'autres se devine. Rappelons que le MAMA offre la possibilité d'un autre voyage actuellement, puisque l'admirable exposition du peintre péruvien Sergio Silva Cajahuaringa se poursuit jusqu'au 11 du mois en cours. Elle laissera place à partir du 15 avril à l'artiste allemand Lucian Bernhard. Une énième occasion d'aller « se perdre » dans les galeries du musée de la rue Larbi- Ben- Mhidi, une construction (Œuvre d'Henri Louis Paul Petit, 1909) qui constitue elle-même un chef-d'œuvre d'architecture et une exposition en soi.