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Les Ksouriennes, ces femmes qui s'affirment
Entretien avec Oum-El-Kheir Chaib, présidente de l'association «Développement et promotion de la femme rurale» de Timimoun
Publié dans Le Midi Libre le 27 - 05 - 2009

Elle comprend le langage des palmiers et bientôt la langue de Goethe. Oum-El-Kheir Chaïb, jeune universitaire de 23 ans est native du ksour berbérophone de Tawahsit, devenu Tawarsit, situé à 12 km de Timimoun. Elle a, au prix d'efforts acharnés, mis sur pied une association féminine dont les effets positifs sur la région commencent à se faire sentir. Nous l'avons rencontré à Alger et elle a bien voulu répondre à nos questions. Entretien réalisé
Elle comprend le langage des palmiers et bientôt la langue de Goethe. Oum-El-Kheir Chaïb, jeune universitaire de 23 ans est native du ksour berbérophone de Tawahsit, devenu Tawarsit, situé à 12 km de Timimoun. Elle a, au prix d'efforts acharnés, mis sur pied une association féminine dont les effets positifs sur la région commencent à se faire sentir. Nous l'avons rencontré à Alger et elle a bien voulu répondre à nos questions. Entretien réalisé
Midi Libre : L'association que vous avez fondée en février 2007 a obtenu son agrément le 11 de ce mois, est-ce que cela va vous soulager financièrement ?
Oum-El-Kheir : Pas encore. Pour bénéficier d'une aide, il faut faire un bilan et des tas de démarches administratives. Or la wilaya se trouve à 210 kilomètres, ce qui rend les choses difficiles. Depuis trois mois, se construit une salle polyvalente à Timimoun et le président d'APC nous y a promis un espace. Nous risquons ensuite d'avoir un problème de transport car les 125 femmes de l'association viennent des ksours éloignés d'Ouled Tahar, Beni M'louk, Messahel, Tamana, Ouejda, Beni Mahlel, Lichta, Zaouiyate Sidi El-hadj Bellkacem, etc.
Comment avez-vous fonctionné jusqu'à présent ?
En l'absence de local, je réunis les adhérentes dans une pièce de la maison de mon père qui se trouve au ksar de Tawahsit. Les femmes y viennent pour la plupart à pied. Tout comme je me suis déplacée à pied de kasr en kasr pour recruter les membres de mon association. Cela me faisait rentrer très tard à la maison, heureusement, mon père m'a toujours encouragée. Nous cotisons chacune par des petites sommes pour les besoins de l'association mais quand je me rend à Alger, c'est toujours en bus et à mes frais.
Quel est votre programme d'action ?
En fondant cette association, je voulais créer un lieu d'échanges et de transmission des savoirs féminins mais également un espace de prise en charge des problèmes sociaux auxquelles les Ksouriennes sont confrontées. J'avais remarqué que l'artisanat très riche ne se transmettait plus d'une génération à l'autre et que les femmes en général travaillaient durement dans les palmeraies du matin au soir sans avoir accès à la scolarisation, ni aux soins médicaux. Notre polyclinique était ensevelie sous le sable et ne fonctionnait pratiquement plus. Les femmes enceintes malades ne bénéficiaient pas de suivi médical. Nous avons alors créé cet espace de rencontre. Les femmes y apprennent à travailler les fibres de palmier et les branches pour faire des objets de vannerie, l'argile pour la poterie et la laine pour les tissages. Elles se sont également mises en contact avec le CFPA pour apprendre la couture. Nous avons pu avoir un bus qui fait du ramassage scolaire pour amener les jeunes filles au CFPA. Des jeunes filles formées au CFPA transmettent ce qu'elles ont appris aux autres. Nous sommes arrivées à les faire admettre aux examens en tant que candidates libres. Notre commission sociale s'occupe des veuves qui ont énormément de mal à remplir la paperasse administrative. Nous avons également une commission scientifique et culturelle dont l'objectif est la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel. Elle effectue des reportages sur les kalaâte et organise des excursions scientifiques. Souvent nous invitons un gynécologue, un psychologue ou un spécialiste des questions religieuses pour des conférences. Nous avons également demandé l'autorisation à l'inspecteur d'académie de disposer d'une classe de l'école pour donner des cours d'alphabétisation aux femmes les jeudi après-midi.
Depuis que votre association existe a-t-elle fait bouger les choses?
Oui, peu à peu, des changements notables sont survenus. En 2006 lorsque j'ai obtenu une licence en "monnaies, finances et banques" à l'université de Béchar, j'étais la 2e fille des ksours à accéder à la fac. Les filles n'étaient pas scolarisées et lorsqu'elles l'étaient elles n'allaient même pas au CEM. Aujourd'hui il y a 19 étudiantes ksouriennes !
Depuis moins d'une année nous avons un médecin qui vient en consultation chaque lundi à la polyclinique et un infirmier tous les matins. Par contre il est vraiment difficile de faire changer l'esprit de caste qui excluent et marginalisent les Ksouriens. Tout en haut d'une hiérarchie que je rejette, il y a les Marabouts et les Chorfas, puis les Hrars et les Hratenas.
Les Marabouts sont venus du Maroc, il y a des siècles. Les Chorfas sont supposés être les descendants du Prophète QSSSL, les Hratenas sont les descendants d'esclaves enlevés d'Afrique subsaharienne. Cette mentalité fait encore des ravages et les Hratenas sont tellement méprisés qu'ils ont du mal à croire que l'on puisse être de bonne foi à leur égard. J'ai veillé à ce que les femmes de l'association soient de toutes les origines, mais les Hratenas se sous-estiment tellement qu'elles se tiennent à l'écart de l'activité. Je lutte de toutes mes forces contre cette mentalité archaïque.
Recevez-vous des financements ?
Oui, depuis peu, nous avons été sélectionnés par le programme de l'Union européenne ONG 2, pour le financement d'une de nos activités. Par le passé, nous avons également bénéficié de formations gratuites par la fondation Friedrich-Hébert.
Midi Libre : L'association que vous avez fondée en février 2007 a obtenu son agrément le 11 de ce mois, est-ce que cela va vous soulager financièrement ?
Oum-El-Kheir : Pas encore. Pour bénéficier d'une aide, il faut faire un bilan et des tas de démarches administratives. Or la wilaya se trouve à 210 kilomètres, ce qui rend les choses difficiles. Depuis trois mois, se construit une salle polyvalente à Timimoun et le président d'APC nous y a promis un espace. Nous risquons ensuite d'avoir un problème de transport car les 125 femmes de l'association viennent des ksours éloignés d'Ouled Tahar, Beni M'louk, Messahel, Tamana, Ouejda, Beni Mahlel, Lichta, Zaouiyate Sidi El-hadj Bellkacem, etc.
Comment avez-vous fonctionné jusqu'à présent ?
En l'absence de local, je réunis les adhérentes dans une pièce de la maison de mon père qui se trouve au ksar de Tawahsit. Les femmes y viennent pour la plupart à pied. Tout comme je me suis déplacée à pied de kasr en kasr pour recruter les membres de mon association. Cela me faisait rentrer très tard à la maison, heureusement, mon père m'a toujours encouragée. Nous cotisons chacune par des petites sommes pour les besoins de l'association mais quand je me rend à Alger, c'est toujours en bus et à mes frais.
Quel est votre programme d'action ?
En fondant cette association, je voulais créer un lieu d'échanges et de transmission des savoirs féminins mais également un espace de prise en charge des problèmes sociaux auxquelles les Ksouriennes sont confrontées. J'avais remarqué que l'artisanat très riche ne se transmettait plus d'une génération à l'autre et que les femmes en général travaillaient durement dans les palmeraies du matin au soir sans avoir accès à la scolarisation, ni aux soins médicaux. Notre polyclinique était ensevelie sous le sable et ne fonctionnait pratiquement plus. Les femmes enceintes malades ne bénéficiaient pas de suivi médical. Nous avons alors créé cet espace de rencontre. Les femmes y apprennent à travailler les fibres de palmier et les branches pour faire des objets de vannerie, l'argile pour la poterie et la laine pour les tissages. Elles se sont également mises en contact avec le CFPA pour apprendre la couture. Nous avons pu avoir un bus qui fait du ramassage scolaire pour amener les jeunes filles au CFPA. Des jeunes filles formées au CFPA transmettent ce qu'elles ont appris aux autres. Nous sommes arrivées à les faire admettre aux examens en tant que candidates libres. Notre commission sociale s'occupe des veuves qui ont énormément de mal à remplir la paperasse administrative. Nous avons également une commission scientifique et culturelle dont l'objectif est la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel. Elle effectue des reportages sur les kalaâte et organise des excursions scientifiques. Souvent nous invitons un gynécologue, un psychologue ou un spécialiste des questions religieuses pour des conférences. Nous avons également demandé l'autorisation à l'inspecteur d'académie de disposer d'une classe de l'école pour donner des cours d'alphabétisation aux femmes les jeudi après-midi.
Depuis que votre association existe a-t-elle fait bouger les choses?
Oui, peu à peu, des changements notables sont survenus. En 2006 lorsque j'ai obtenu une licence en "monnaies, finances et banques" à l'université de Béchar, j'étais la 2e fille des ksours à accéder à la fac. Les filles n'étaient pas scolarisées et lorsqu'elles l'étaient elles n'allaient même pas au CEM. Aujourd'hui il y a 19 étudiantes ksouriennes !
Depuis moins d'une année nous avons un médecin qui vient en consultation chaque lundi à la polyclinique et un infirmier tous les matins. Par contre il est vraiment difficile de faire changer l'esprit de caste qui excluent et marginalisent les Ksouriens. Tout en haut d'une hiérarchie que je rejette, il y a les Marabouts et les Chorfas, puis les Hrars et les Hratenas.
Les Marabouts sont venus du Maroc, il y a des siècles. Les Chorfas sont supposés être les descendants du Prophète QSSSL, les Hratenas sont les descendants d'esclaves enlevés d'Afrique subsaharienne. Cette mentalité fait encore des ravages et les Hratenas sont tellement méprisés qu'ils ont du mal à croire que l'on puisse être de bonne foi à leur égard. J'ai veillé à ce que les femmes de l'association soient de toutes les origines, mais les Hratenas se sous-estiment tellement qu'elles se tiennent à l'écart de l'activité. Je lutte de toutes mes forces contre cette mentalité archaïque.
Recevez-vous des financements ?
Oui, depuis peu, nous avons été sélectionnés par le programme de l'Union européenne ONG 2, pour le financement d'une de nos activités. Par le passé, nous avons également bénéficié de formations gratuites par la fondation Friedrich-Hébert.


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