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«Il faut que nos réserves de change soient employées dans une logique offensive» Dr Mourad Preure, Expert Pétrolier International, Directeur de MP Strategy Consulting au Midi Libre
Les prix du pétrole ont connu une véritable baisse, l'année dernière, due essentiellement à la crise économique mondiale. De 147 dollars le baril en juillet 2008, les prix ont atteint le seuil des 43 dollars en décembre de la même année, chose qui a pesé lourd sur les économies des pays producteurs à l'exemple de l'Algérie, dont les exportations pétrolières sont le seul revenu en devise. Les prix ont repris ces derniers mois pour dépasser les 70 dollars. Les spécialistes prévoient des prix autour des 100 dollars pour les débuts de 2010, ce qui sera une bonne chose pour l'Algérie. Mais sachant que nos ressources en hydrocarbures sont limitées, selon certains experts, à 16,8 ans pour le pétrole et 54 ans pour le gaz, il devient nécessaire de se retourner vers d'autres industries. Développer les énergies renouvelables, asseoir une bonne stratégie économique et industrielle, impliquer les universitaires et les professionnels dans les efforts de développement et achever les réformes en un court temps sont les actions urgentes à entreprendre. Les prix du pétrole ont connu une véritable baisse, l'année dernière, due essentiellement à la crise économique mondiale. De 147 dollars le baril en juillet 2008, les prix ont atteint le seuil des 43 dollars en décembre de la même année, chose qui a pesé lourd sur les économies des pays producteurs à l'exemple de l'Algérie, dont les exportations pétrolières sont le seul revenu en devise. Les prix ont repris ces derniers mois pour dépasser les 70 dollars. Les spécialistes prévoient des prix autour des 100 dollars pour les débuts de 2010, ce qui sera une bonne chose pour l'Algérie. Mais sachant que nos ressources en hydrocarbures sont limitées, selon certains experts, à 16,8 ans pour le pétrole et 54 ans pour le gaz, il devient nécessaire de se retourner vers d'autres industries. Développer les énergies renouvelables, asseoir une bonne stratégie économique et industrielle, impliquer les universitaires et les professionnels dans les efforts de développement et achever les réformes en un court temps sont les actions urgentes à entreprendre. Midi Libre: Les prix du pétrole ont connu une dégringolade spectaculaire au courant de l‘année dernière. Le baril était cédé à 43 dollars. Aujourd‘hui, le baril est à 72 dollars. Comment expliquez vous cette évolution des prix ? Comment est calculé le prix du baril ? Quels sont les paramètres qui y sont inclus ? Dr Mourad Preure : En fait il est bien clair que ce que nous vivons est une sévère crise économique consécutive à une crise financière. Il s‘agit de la plus grave crise post-mondialisation. Cette crise était en germe depuis quelques années et a commencé à prendre du volume en 2007 avec la crise des subprimes. Les pics historiques atteints par les prix du pétrole en 2008 comportaient incontestablement un potentiel récessionniste qui a contribué à l‘éclatement de cette crise. Dès lors cette crise a agi sur le marché pétrolier de deux manières : d‘une part la récession a produit une contraction de la demande, d‘autre part, les marchés pétroliers étant interconnectés avec les marchés financiers, les spéculateurs (qui majoritairement ne sont pas des pétroliers) qui avaient provoqué la hausse des prix en achetant massivement des actifs pétroliers beaucoup plus sûrs pour eux que les actifs financiers devenus trop risqués, se sont mis à déboucler leurs positions dans la précipitation car ils manquaient de liquidités. Ils ont entraîné l‘été 2008 une chute des prix qui sont passés de 147 dollar en juillet le bail à 32 dollars en décembre. L‘action résolue de l‘OPEP qui a retiré 4,2 Mbj du marché a permis d‘éviter la catastrophe. Mais deux éléments restent : Premièrement, l‘OPEP, ce faisant accroît sa production inutilisé qui atteint dangereusement le tiers de sa capacité de production, mettant en danger sa cohésion, et de fait aujourd‘hui la discipline s‘est relâchée et l‘OPEP produit 1,1 Mbj au dessus de son plafond. Deuxièmement, la demande s‘étant effondrée entraînant avec elle les prix, les opérateurs sont dans la meilleure situation pour renouveler leurs stocks qui atteignent 60 jours de consommation sans compter les stocks se trouvant en mer dans les bateaux. Tout cela pèse à la baisse sur les prix. L‘année 2009 a vu pourtant les prix s‘orienter tendanciellement à la hausse pour fluctuer, comme nous l‘avons prévu autour d‘un pivot de 60/70 dollars le baril. Rappelons encore cette légère tendance haussière n‘est pas tirée par les fondamentaux, nous avons dit que les stocks pesaient sur les prix, ajoutons que la demande, selon toutes les prévisions, (AIE, OPEC, EIA) baissera sensiblement en 2009 (entre 1,9 et 2,9 Mbj selon les différentes sources). Ici, nous devons apporter une information capitale : ce que nous vivons n‘est pas une crise pétrolière baissière. La crise économique mondiale a atteint l‘industrie pétrolière et a provoqué une baisse de la demande et des prix. Et cette tendance à court terme entre en conflit avec la tendance générale des prix à moyen et long terme qui elle est une tendance haussière. Je m‘explique : Les niveaux de prix atteints en 2008 n‘étaient pas seulement dus à la spéculation qui a seulement amplifiée une orientation haussière due pour l‘essentiel au fait que la planète a épuisé la moitié des 2 000 milliards de barils de pétrole qui s‘éteint constitués pendant des centaines de millions d‘années, les barils les moins chers et les plus faciles à produire. Ce qui reste, soit 1 200 milliards de barils, sera la plus difficile et le plus coûteux à produire. Nous approchons du peak oil, le point à partir duquel ces réserves déclineront inexorablement. Cette situation rend nécessaire un effort d‘investissement très important et de fait les investissements pétroliers en amont allaient de record historique en record historique. Tout cela ne peut être possible que dans une situation de prix élevés, et en 2008 le seuil des 100 dollars le baril était considéré par tous les experts comme un seuil structurel en dessous duquel l‘industrie s‘exposait à de grands périls. Ce sentiment agit aujourd‘hui sur la relative bonne tenue des prix. Il se manifeste par un « contando » une orientation haussière des prix sur les marchés à terme. Le marché en prend acte, les spéculateurs qui le peuvent se reportent sur des actifs pétroliers qu‘ils pourront valoriser avec de confortables marges demain. Les producteurs réservent leurs productions aussi à des jours meilleurs où ils pourront mieux la valoriser. Pour la petite histoire, on peut aussi ajouter que les bonnes nouvelles venues de l‘économie américaine ainsi que les petites croissances faites par la France et l‘Allemagne, les deux premiers trimestres, ont donné quelques couleurs aux bourses et agi favorablement sur les prix, mais tout ça ne me semble pas déterminant au premier degré. Nous avions prévu un léger raffermissement des prix le quatrième trimestre 2009, ce raffermissement est venu un peu plus tôt, ce qui n‘est pas plus mal. Les prix baissent relativement ces dernières semaines car le marché pétrolier vit une véritable crise de confiance. Le pic qui a été atteint le 30 juin par exemple était du aux manipulations d‘un trader voyou. La découverte des raisons de la hausse a rafraîchi les ardeurs des investisseurs et c‘est ainsi que les fondamentaux ont quelque peu repris le dessus, tirant les prix vers le bas. L‘OPEP dans sa réunion du 9 septembre à Vienne sera soumise à de fortes pressions pour augmenter sa production afin de permettre à la reprise économique de profiter de prix relativement contenus et prévenir toute envolée. Alors même que les pays consommateurs avaient demandé et obtenu de l‘OPEP, il y a un an, une contraction de sa production pour relever les prix et rendre possible un minimum d‘investissements, aujourd‘hui on sent venir un discours inverse. Je pense que l‘OPEP n‘est pas dupe et qu‘elle a été échaudée lorsqu‘en novembre 1997 elle a augmenté son plafond de production à la veille de la crise asiatique, ce qui a porté les prix à 10 dollars le baril. Il y a beaucoup d‘intox dans les statistiques pétrolières, et les statistiques tout court. Si l‘OPEP n‘est pas convaincue d‘une reprise économique réelle avec à sa suite une reprise de la demande, je doute fort qu‘elle augmente sa production. Quelles sont les prévisions pour les prochains mois, voire les prochaines années ? Accroissement de l‘incertitude, voilà comment je peux résumer mon anticipation. Il y a une forte incertitude à court terme car la sortie de crise s‘avère plus compliquée que prévu. Beaucoup d‘économistes parlent d‘une récession en double creux. J‘avais moi-même dans une récente interview, indiqué qu‘il ne fallait pas, s‘agissant de la crise économique, s‘attendre à passer de la tempête à un ciel serein. Il ne faut pas oublier que derrière la récession, il y a une crise financière. Il s‘agit d‘une crise systémique. La conjugaison de deux phénomènes, premièrement : l‘interconnexion des marchés financiers avec les TIC a conduit à la formation d‘un marché global avec des acteurs globaux, deuxièmement, le nouveau catéchisme voué au culte du dieu marché conjugué au développement mécanismes et instruments ultra-sophistiqués de couverture contre le risque d‘arbitrage et de spéculation, des produits dérivés échappant à toute logique économique a rendu ces marchés totalement opaque. Ces marchés financiers échappent aux Etats et sont réglés par une logique d‘ultra court terme, fortement spéculative entrent en conflit avec les réalités de l‘économie qui est réglée elle sur une horloge de long terme. Tant que la question de la régulation n‘est pas traitée on ne peut pas dire que nous sommes sortis de la crise. dire que nous sommes sortis de la crise. Ce qu‘il faut dire aussi c‘est que tous les dix ans cette crise se manifeste, chaque fois plus virulente encore. Je pense que le cycle de la crise va se raccourcir et que nous entrons la décennie qui vient dans une période de graves désordres annoncés par cette crise que nous vivons aujourd‘hui. Avec la montée des pays émergents dont la croissance est moins tertiarisée que les pays OCDE et qui sont donc plus consommateurs de commodities, dont le pétrole, je pense qu‘il y a une sévère montée des incertitudes. D‘ailleurs à juste titre, la banque Goldman Sachs anticipe une crise des commodities. On sait aujourd‘hui, pour le pétrole, que l‘offre n‘arrivera pas à suivre la reprise de la demande, faute de capacités car les investissements ont été arrêtés sinon reportés du fait des prix bas. L‘AIE parle d‘un « oil crunch » ou d‘un «supply crunch» un choc d‘offre à venir. Je pense que si les prix du pétroles vont franchir à partir du deuxième semestre 2010 structurellement un seuil de 100 dollars le baril, ils vont tout au long de la décennie connaître des convulsions et on assistera à un accroissement de l‘instabilité et des chocs pétroliers à répétition. Les prix qui vont ainsi monter la décennie qui vient, risquent d‘étrangler la reprise de l‘économie mondiale, aggravant la crise et accentuant le phénomène de récession en «double creux». Car il faut souligner que la relative reprise aux Etats-Unis est fondée sur les plans publics de relance. On ne connaît pas encore de réels moteurs de croissance dans les pays OCDE hormis la relance budgétaire. Il est à craindre que lorsque la pompe des dépenses publiques s‘arrêtera et que le phénomène de « double creux » se manifestera, le déficit de ressources pétrolières aura déjà fait son œuvre, tirant les prix vers le haut et aggravant la dépression déjà à l‘œuvre. La situation est en effet très délicate et les puissances du G8 en sont conscientes. Le 7 juillet, messieurs Sarkozy et Brown, dans une contribution commune au Wall Street Journal ont encore tiré la sonnette d‘alarme. Le problème de régulation se pose avec acuité pour les marchés pétroliers qui sont devenus ingouvernables. Le G8 est mobilisé sur cette question. Les Etats-Unis veulent imposer des limitations aux positions des grands acteurs financiers. Le G8 réuni à Rome en mai 2009 avec 15 pays émergents avait débattu de la question de la régulation et de la transparence des marchés pétroliers. La Commission européenne a ouvert le 5 juillet une consultation sur des mesures à prendre. «Cherchons désespérément leadership dans l‘énergie» est l‘appel lancé par Bank of America et Merrill lynch dans le titre de leur rapport de marché du 30 juin 2009. Il est savoureux de noter que ce sont là les préoccupations invoquées sans succès depuis longtemps déjà par les pays producteurs, notamment l‘OPEP. Le plus grave est que nous sommes dans une situation critique pour l‘industrie pétrolière. La brande asymétrie qui la caractérise est aujourd‘hui une véritable bombe à retardement. La terre compte encore près de 1 200 milliards de barils de réserves dont 60% sont situées au Moyen Orient et près de 74% dans les pays de l‘OPEP. Les réserves s‘épuisent à un rythme accéléré. Il faut 5Mbj de nouvelle production en plus chaque année, soit remplacer les gisements qui existent (4 Mbj) et découvrir 1 Mbj chaque année. Il est unanimement admis que cet objectif est impossible à atteindre. Les investissements ne sont pas au rendez-vous. L‘OPEP a annoncé le report à 2013 de 35 projets, d‘autres projets prévus pour 2012 sont dans une incertitude totale. L‘AIE évalue à 170 milliards de dollars les investissements reportés ou annulés. Elle estime le taux de déclin de l‘ordre de 8 % à 10% . La baisse des investissements a alarmé les participants à la réunion du G8 +15 à Rome en mai dernier. Elle a été estimée à 21% pour l‘amont pétrolier et à 38% pour les énergies renouvelables. Donc à moyen et long terme, accroissement des déséquilibres et de l‘imprévisibilité, cela alors que la demande reprendra vigoureusement. Les anticipations de l‘AIE, de l‘OPEP et de l‘EIA américaine convergent pour prévoir un accroissement de la demande de 84.2 Mbj en 2009 à quelque 105/106 Mbj en 2030. Ceci alors que la consommation pétrolière de la Chine doublerait d‘ici 2030. Il est prévu une baisse de la consommation pour les Etats-Unis et l‘Europe de 7% et une hausse pays émergents de 70%. Avec tout ça la consommation d‘énergie par habitant en Asie du Sud restera en deçà des moyennes (10 fois moins que les Etats-Unis). Avant de dire que ces hypothèses me paraissent relativement conservatrices, je dois mentionner que l‘industrie pétrolière a déjà annoncé bien avant la crise et la baisse des investissements qui en a résulté que l‘on ne pouvait pas produire plus de 100 Mbj ! Un baril à plus de 100 dollars, quel serait impact sur l‘Algérie ? Un baril à 100 dollars est une bonne chose pour notre pays assurément. Cependant je dois encore une fois mentionner que notre pays souffre du phénomène de « Dutsch Disease» ou syndrome hollandais où les exportations pétrolières parviennent à inhiber tout le tissu industriel local par les importations anarchiques qu‘ils permettent notamment, entraînant destruction de capacités productives et d‘emplois. J‘ai montré plus haut que l‘industrie pétrolière est aujourd‘hui un cheval fou, que dans la décennie qui vient, l‘économie mondiale ne vaut pas mieux. Il est impératif de revoir dans ces conditions notre stratégie économique et particulièrement industrielle. Il nous faut une véritable politique de la PME ce qui nous manque cruellement. On ne peut pas continuer comme cela. Nous revenons au patriotisme économique, chose que j‘ai prôné depuis des années et c‘est une bonne chose. Il nous faut à l‘instar des Etats-Unis, instaurer un «Small Business Act» qui trace la voie pour le développement de la PME nationale et crée les conditions de la formation de champions nationaux. Il faut que l‘université et la recherche soient à la base de la relance de l‘économie algérienne. On oublie souvent que l‘université à été à la base du miracle sud-coréen. D‘un autre coté, il faut que les réformes avancent et très vite. Les dernières actions du gouvernement notamment la Loi de finances 2009 sont un bon signal même si on peut regretter le manque de communication et l‘absence de concertation avec les acteurs clés que sont le patronat, le syndicat, les unions de commerçants, mais aussi l‘université et l‘élite intellectuelle. Il faut aussi que nos réserves de change soient employées dans une logique offensive pour acquérir des actifs (aujourd‘hui sous-évalués du fait de la crise) de haute technologie notamment pétrolière à l‘étranger, mais aussi des industries engagées dans des chaînes de valeur internationales comme l‘automobile. Opel est encore à vendre, Volkswagen offre des possibilités et d‘autres encore. En tous cas une grande concertation est nécessaire car tous ceux qui aiment ce pays et qui ont des propositions intéressantes à faire doivent être écoutés et impliqués dans l‘œuvre de redressement de notre économie, au premier rang de ceux-ci, le patronat, les syndicats, les associations de commerçants, les universitaires et les experts. Vous appelez à développer les énergies renouvelables comme substitut aux énergies fossiles. Quel est l‘enjeu pour l‘Algérie dans ce contexte ? Le monde opère sa transition énergétique vers un modèle non carboné, non fossile qui devrait dominer à partir de 2030, pour s‘imposer vers 2050. Je regrette que les pays occidentaux n‘abordent la transition énergétique que sous l‘angle de leurs intérêts propres. Les pays producteurs ne sont intéressants que tant qu‘ils fournissent l‘énergie nécessaire le temps que des substituts soient trouvés. Je pense que pour éviter des chocs et des crises dommageables à tous, il importe que les pays producteurs soient impliqués dans la transition énergétique. Qu‘ils bénéficient des investissements en technologie, que leurs universités soient impliquées dans les grandes recherches qui aboutiront aux futures ruptures technologiques, réacteurs nucléaires de 4e génération, mais aussi de petite et moyenne capacité couplés à des unités de dessalement d‘eau de mer, systèmes solaires thermodynamiques, éolien, etc. Nos ressources en hydrocarbures nationales sont limitées : 16,8 ans pour le pétrole et 54 ans pour le gaz. Nous devons inclure ces préoccupations dans tous nos projets partenariaux avec les grands acteurs énergétiques étrangers qui opèrent ou souhaitent opérer en Algérie. Ce qu'il faut dire aussi c'est que tous les dix ans cette crise se manifeste, chaque fois plus virulente encore. Je pense que le cycle de la crise va se raccourcir et que nous entrons la décennie qui vient dans une période de graves désordres annoncés par cette crise que nous vivons aujourd'hui. Avec la montée des pays émergents dont la croissance est moins tertiarisée que les pays OCDE et qui sont donc plus consommateurs de commodities, dont le pétrole, je pense qu'il y a une sévère montée des incertitudes. D'ailleurs à juste titre, la banque Goldman Sachs anticipe une crise des commodities. On sait aujourd'hui, pour le pétrole, que l'offre n'arrivera pas à suivre la reprise de la demande, faute de capacités car les investissements ont été arrêtés sinon reportés du fait des prix bas. L'AIE parle d'un « oil crunch » ou d'un «supply crunch» un choc d'offre à venir. Je pense que si les prix du pétroles vont franchir à partir du deuxième semestre 2010 structurellement un seuil de 100 dollars le baril, ils vont tout au long de la décennie connaître des convulsions et on assistera à un accroissement de l'instabilité et des chocs pétroliers à répétition. Les prix qui vont ainsi monter la décennie qui vient, risquent d'étrangler la reprise de l'économie mondiale, aggravant la crise et accentuant le phénomène de récession en «double creux». Car il faut souligner que la relative reprise aux Etats-Unis est fondée sur les plans publics de relance. On ne connaît pas encore de réels moteurs de croissance dans les pays OCDE hormis la relance budgétaire. Il est à craindre que lorsque la pompe des dépenses publiques s'arrêtera et que le phénomène de « double creux » se manifestera, le déficit de ressources pétrolières aura déjà fait son œuvre, tirant les prix vers le haut et aggravant la dépression déjà à l'œuvre. La situation est en effet très délicate et les puissances du G8 en sont conscientes. Le 7 juillet, messieurs Sarkozy et Brown, dans une contribution commune au Wall Street Journal ont encore tiré la sonnette d'alarme. Le problème de régulation se pose avec acuité pour les marchés pétroliers qui sont devenus ingouvernables. Le G8 est mobilisé sur cette question. Les Etats-Unis veulent imposer des limitations aux positions des grands acteurs financiers. Le G8 réuni à Rome en mai 2009 avec 15 pays émergents avait débattu de la question de la régulation et de la transparence des marchés pétroliers. La Commission européenne a ouvert le 5 juillet une consultation sur des mesures à prendre. «Cherchons désespérément leadership dans l'énergie» est l'appel lancé par Bank of America et Merrill lynch dans le titre de leur rapport de marché du 30 juin 2009. Il est savoureux de noter que ce sont là les préoccupations invoquées sans succès depuis longtemps déjà par les pays producteurs, notamment l'OPEP. Le plus grave est que nous sommes dans une situation critique pour l'industrie pétrolière. La brande asymétrie qui la caractérise est aujourd'hui une véritable bombe à retardement. La terre compte encore près de 1 200 milliards de barils de réserves dont 60% sont situées au Moyen Orient et près de 74% dans les pays de l'OPEP. Les réserves s'épuisent à un rythme accéléré. Il faut 5Mbj de nouvelle production en plus chaque année, soit remplacer les gisements qui existent (4 Mbj) et découvrir 1 Mbj chaque année. Il est unanimement admis que cet objectif est impossible à atteindre. Les investissements ne sont pas au rendez-vous. L'OPEP a annoncé le report à 2013 de 35 projets, d'autres projets prévus pour 2012 sont dans une incertitude totale. L'AIE évalue à 170 milliards de dollars les investissements reportés ou annulés. Elle estime le taux de déclin de l'ordre de 8 % à 10% . La baisse des investissements a alarmé les participants à la réunion du G8 +15 à Rome en mai dernier. Elle a été estimée à 21% pour l'amont pétrolier et à 38% pour les énergies renouvelables. Donc à moyen et long terme, accroissement des déséquilibres et de l'imprévisibilité, cela alors que la demande reprendra vigoureusement. Les anticipations de l'AIE, de l'OPEP et de l'EIA américaine convergent pour prévoir un accroissement de la demande de 84.2 Mbj en 2009 à quelque 105/106 Mbj en 2030. Ceci alors que la consommation pétrolière de la Chine doublerait d'ici 2030. Il est prévu une baisse de la consommation pour les Etats-Unis et l'Europe de 7% et une hausse pays émergents de 70%. Avec tout ça la consommation d'énergie par habitant en Asie du Sud restera en deçà des moyennes (10 fois moins que les Etats-Unis). Avant de dire que ces hypothèses me paraissent relativement conservatrices, je dois mentionner que l'industrie pétrolière a déjà annoncé bien avant la crise et la baisse des investissements qui en a résulté que l'on ne pouvait pas produire plus de 100 Mbj ! Un baril à plus de 100 dollars, quel serait impact sur l'Algérie ? Un baril à 100 dollars est une bonne chose pour notre pays assurément. Cependant je dois encore une fois mentionner que notre pays souffre du phénomène de « Dutsch Disease» ou syndrome hollandais où les exportations pétrolières parviennent à inhiber tout le tissu industriel local par les importations anarchiques qu'ils permettent notamment, entraînant destruction de capacités productives et d'emplois. J'ai montré plus haut que l'industrie pétrolière est aujourd'hui un cheval fou, que dans la décennie qui vient, l'économie mondiale ne vaut pas mieux. Il est impératif de revoir dans ces conditions notre stratégie économique et particulièrement industrielle. Il nous faut une véritable politique de la PME ce qui nous manque cruellement. On ne peut pas continuer comme cela. Nous revenons au patriotisme économique, chose que j'ai prôné depuis des années et c'est une bonne chose. Il nous faut à l'instar des Etats-Unis, instaurer un «Small Business Act» qui trace la voie pour le développement de la PME nationale et crée les conditions de la formation de champions nationaux. Il faut que l'université et la recherche soient à la base de la relance de l'économie algérienne. On oublie souvent que l'université à été à la base du miracle sud-coréen. D'un autre coté, il faut que les réformes avancent et très vite. Les dernières actions du gouvernement notamment la Loi de finances 2009 sont un bon signal même si on peut regretter le manque de communication et l'absence de concertation avec les acteurs clés que sont le patronat, le syndicat, les unions de commerçants, mais aussi l'université et l'élite intellectuelle. Il faut aussi que nos réserves de change soient employées dans une logique offensive pour acquérir des actifs (aujourd'hui sous-évalués du fait de la crise) de haute technologie notamment pétrolière à l'étranger, mais aussi des industries engagées dans des chaînes de valeur internationales comme l'automobile. Opel est encore à vendre, Volkswagen offre des possibilités et d'autres encore. En tous cas une grande concertation est nécessaire car tous ceux qui aiment ce pays et qui ont des propositions intéressantes à faire doivent être écoutés et impliqués dans l'œuvre de redressement de notre économie, au premier rang de ceux-ci, le patronat, les syndicats, les associations de commerçants, les universitaires et les experts. Vous appelez à développer les énergies renouvelables comme substitut aux énergies fossiles. Quel est l'enjeu pour l'Algérie dans ce contexte ? Le monde opère sa transition énergétique vers un modèle non carboné, non fossile qui devrait dominer à partir de 2030, pour s'imposer vers 2050. Je regrette que les pays occidentaux n'abordent la transition énergétique que sous l'angle de leurs intérêts propres. Les pays producteurs ne sont intéressants que tant qu'ils fournissent l'énergie nécessaire le temps que des substituts soient trouvés. Je pense que pour éviter des chocs et des crises dommageables à tous, il importe que les pays producteurs soient impliqués dans la transition énergétique. Qu'ils bénéficient des investissements en technologie, que leurs universités soient impliquées dans les grandes recherches qui aboutiront aux futures ruptures technologiques, réacteurs nucléaires de 4e génération, mais aussi de petite et moyenne capacité couplés à des unités de dessalement d'eau de mer, systèmes solaires thermodynamiques, éolien, etc. Nos ressources en hydrocarbures nationales sont limitées : 16,8 ans pour le pétrole et 54 ans pour le gaz. Nous devons inclure ces préoccupations dans tous nos projets partenariaux avec les grands acteurs énergétiques étrangers qui opèrent ou souhaitent opérer en Algérie. Midi Libre: Les prix du pétrole ont connu une dégringolade spectaculaire au courant de l‘année dernière. Le baril était cédé à 43 dollars. Aujourd‘hui, le baril est à 72 dollars. Comment expliquez vous cette évolution des prix ? Comment est calculé le prix du baril ? Quels sont les paramètres qui y sont inclus ? Dr Mourad Preure : En fait il est bien clair que ce que nous vivons est une sévère crise économique consécutive à une crise financière. Il s‘agit de la plus grave crise post-mondialisation. Cette crise était en germe depuis quelques années et a commencé à prendre du volume en 2007 avec la crise des subprimes. Les pics historiques atteints par les prix du pétrole en 2008 comportaient incontestablement un potentiel récessionniste qui a contribué à l‘éclatement de cette crise. Dès lors cette crise a agi sur le marché pétrolier de deux manières : d‘une part la récession a produit une contraction de la demande, d‘autre part, les marchés pétroliers étant interconnectés avec les marchés financiers, les spéculateurs (qui majoritairement ne sont pas des pétroliers) qui avaient provoqué la hausse des prix en achetant massivement des actifs pétroliers beaucoup plus sûrs pour eux que les actifs financiers devenus trop risqués, se sont mis à déboucler leurs positions dans la précipitation car ils manquaient de liquidités. Ils ont entraîné l‘été 2008 une chute des prix qui sont passés de 147 dollar en juillet le bail à 32 dollars en décembre. L‘action résolue de l‘OPEP qui a retiré 4,2 Mbj du marché a permis d‘éviter la catastrophe. Mais deux éléments restent : Premièrement, l‘OPEP, ce faisant accroît sa production inutilisé qui atteint dangereusement le tiers de sa capacité de production, mettant en danger sa cohésion, et de fait aujourd‘hui la discipline s‘est relâchée et l‘OPEP produit 1,1 Mbj au dessus de son plafond. Deuxièmement, la demande s‘étant effondrée entraînant avec elle les prix, les opérateurs sont dans la meilleure situation pour renouveler leurs stocks qui atteignent 60 jours de consommation sans compter les stocks se trouvant en mer dans les bateaux. Tout cela pèse à la baisse sur les prix. L‘année 2009 a vu pourtant les prix s‘orienter tendanciellement à la hausse pour fluctuer, comme nous l‘avons prévu autour d‘un pivot de 60/70 dollars le baril. Rappelons encore cette légère tendance haussière n‘est pas tirée par les fondamentaux, nous avons dit que les stocks pesaient sur les prix, ajoutons que la demande, selon toutes les prévisions, (AIE, OPEC, EIA) baissera sensiblement en 2009 (entre 1,9 et 2,9 Mbj selon les différentes sources). Ici, nous devons apporter une information capitale : ce que nous vivons n‘est pas une crise pétrolière baissière. La crise économique mondiale a atteint l‘industrie pétrolière et a provoqué une baisse de la demande et des prix. Et cette tendance à court terme entre en conflit avec la tendance générale des prix à moyen et long terme qui elle est une tendance haussière. Je m‘explique : Les niveaux de prix atteints en 2008 n‘étaient pas seulement dus à la spéculation qui a seulement amplifiée une orientation haussière due pour l‘essentiel au fait que la planète a épuisé la moitié des 2 000 milliards de barils de pétrole qui s‘éteint constitués pendant des centaines de millions d‘années, les barils les moins chers et les plus faciles à produire. Ce qui reste, soit 1 200 milliards de barils, sera la plus difficile et le plus coûteux à produire. Nous approchons du peak oil, le point à partir duquel ces réserves déclineront inexorablement. Cette situation rend nécessaire un effort d‘investissement très important et de fait les investissements pétroliers en amont allaient de record historique en record historique. Tout cela ne peut être possible que dans une situation de prix élevés, et en 2008 le seuil des 100 dollars le baril était considéré par tous les experts comme un seuil structurel en dessous duquel l‘industrie s‘exposait à de grands périls. Ce sentiment agit aujourd‘hui sur la relative bonne tenue des prix. Il se manifeste par un « contando » une orientation haussière des prix sur les marchés à terme. Le marché en prend acte, les spéculateurs qui le peuvent se reportent sur des actifs pétroliers qu‘ils pourront valoriser avec de confortables marges demain. Les producteurs réservent leurs productions aussi à des jours meilleurs où ils pourront mieux la valoriser. Pour la petite histoire, on peut aussi ajouter que les bonnes nouvelles venues de l‘économie américaine ainsi que les petites croissances faites par la France et l‘Allemagne, les deux premiers trimestres, ont donné quelques couleurs aux bourses et agi favorablement sur les prix, mais tout ça ne me semble pas déterminant au premier degré. Nous avions prévu un léger raffermissement des prix le quatrième trimestre 2009, ce raffermissement est venu un peu plus tôt, ce qui n‘est pas plus mal. Les prix baissent relativement ces dernières semaines car le marché pétrolier vit une véritable crise de confiance. Le pic qui a été atteint le 30 juin par exemple était du aux manipulations d‘un trader voyou. La découverte des raisons de la hausse a rafraîchi les ardeurs des investisseurs et c‘est ainsi que les fondamentaux ont quelque peu repris le dessus, tirant les prix vers le bas. L‘OPEP dans sa réunion du 9 septembre à Vienne sera soumise à de fortes pressions pour augmenter sa production afin de permettre à la reprise économique de profiter de prix relativement contenus et prévenir toute envolée. Alors même que les pays consommateurs avaient demandé et obtenu de l‘OPEP, il y a un an, une contraction de sa production pour relever les prix et rendre possible un minimum d‘investissements, aujourd‘hui on sent venir un discours inverse. Je pense que l‘OPEP n‘est pas dupe et qu‘elle a été échaudée lorsqu‘en novembre 1997 elle a augmenté son plafond de production à la veille de la crise asiatique, ce qui a porté les prix à 10 dollars le baril. Il y a beaucoup d‘intox dans les statistiques pétrolières, et les statistiques tout court. Si l‘OPEP n‘est pas convaincue d‘une reprise économique réelle avec à sa suite une reprise de la demande, je doute fort qu‘elle augmente sa production. Quelles sont les prévisions pour les prochains mois, voire les prochaines années ? Accroissement de l‘incertitude, voilà comment je peux résumer mon anticipation. Il y a une forte incertitude à court terme car la sortie de crise s‘avère plus compliquée que prévu. Beaucoup d‘économistes parlent d‘une récession en double creux. J‘avais moi-même dans une récente interview, indiqué qu‘il ne fallait pas, s‘agissant de la crise économique, s‘attendre à passer de la tempête à un ciel serein. Il ne faut pas oublier que derrière la récession, il y a une crise financière. Il s‘agit d‘une crise systémique. La conjugaison de deux phénomènes, premièrement : l‘interconnexion des marchés financiers avec les TIC a conduit à la formation d‘un marché global avec des acteurs globaux, deuxièmement, le nouveau catéchisme voué au culte du dieu marché conjugué au développement mécanismes et instruments ultra-sophistiqués de couverture contre le risque d‘arbitrage et de spéculation, des produits dérivés échappant à toute logique économique a rendu ces marchés totalement opaque. Ces marchés financiers échappent aux Etats et sont réglés par une logique d‘ultra court terme, fortement spéculative entrent en conflit avec les réalités de l‘économie qui est réglée elle sur une horloge de long terme. Tant que la question de la régulation n‘est pas traitée on ne peut pas dire que nous sommes sortis de la crise. dire que nous sommes sortis de la crise. Ce qu‘il faut dire aussi c‘est que tous les dix ans cette crise se manifeste, chaque fois plus virulente encore. Je pense que le cycle de la crise va se raccourcir et que nous entrons la décennie qui vient dans une période de graves désordres annoncés par cette crise que nous vivons aujourd‘hui. Avec la montée des pays émergents dont la croissance est moins tertiarisée que les pays OCDE et qui sont donc plus consommateurs de commodities, dont le pétrole, je pense qu‘il y a une sévère montée des incertitudes. D‘ailleurs à juste titre, la banque Goldman Sachs anticipe une crise des commodities. On sait aujourd‘hui, pour le pétrole, que l‘offre n‘arrivera pas à suivre la reprise de la demande, faute de capacités car les investissements ont été arrêtés sinon reportés du fait des prix bas. L‘AIE parle d‘un « oil crunch » ou d‘un «supply crunch» un choc d‘offre à venir. Je pense que si les prix du pétroles vont franchir à partir du deuxième semestre 2010 structurellement un seuil de 100 dollars le baril, ils vont tout au long de la décennie connaître des convulsions et on assistera à un accroissement de l‘instabilité et des chocs pétroliers à répétition. Les prix qui vont ainsi monter la décennie qui vient, risquent d‘étrangler la reprise de l‘économie mondiale, aggravant la crise et accentuant le phénomène de récession en «double creux». Car il faut souligner que la relative reprise aux Etats-Unis est fondée sur les plans publics de relance. On ne connaît pas encore de réels moteurs de croissance dans les pays OCDE hormis la relance budgétaire. Il est à craindre que lorsque la pompe des dépenses publiques s‘arrêtera et que le phénomène de « double creux » se manifestera, le déficit de ressources pétrolières aura déjà fait son œuvre, tirant les prix vers le haut et aggravant la dépression déjà à l‘œuvre. La situation est en effet très délicate et les puissances du G8 en sont conscientes. Le 7 juillet, messieurs Sarkozy et Brown, dans une contribution commune au Wall Street Journal ont encore tiré la sonnette d‘alarme. Le problème de régulation se pose avec acuité pour les marchés pétroliers qui sont devenus ingouvernables. Le G8 est mobilisé sur cette question. Les Etats-Unis veulent imposer des limitations aux positions des grands acteurs financiers. Le G8 réuni à Rome en mai 2009 avec 15 pays émergents avait débattu de la question de la régulation et de la transparence des marchés pétroliers. La Commission européenne a ouvert le 5 juillet une consultation sur des mesures à prendre. «Cherchons désespérément leadership dans l‘énergie» est l‘appel lancé par Bank of America et Merrill lynch dans le titre de leur rapport de marché du 30 juin 2009. Il est savoureux de noter que ce sont là les préoccupations invoquées sans succès depuis longtemps déjà par les pays producteurs, notamment l‘OPEP. Le plus grave est que nous sommes dans une situation critique pour l‘industrie pétrolière. La brande asymétrie qui la caractérise est aujourd‘hui une véritable bombe à retardement. La terre compte encore près de 1 200 milliards de barils de réserves dont 60% sont situées au Moyen Orient et près de 74% dans les pays de l‘OPEP. Les réserves s‘épuisent à un rythme accéléré. Il faut 5Mbj de nouvelle production en plus chaque année, soit remplacer les gisements qui existent (4 Mbj) et découvrir 1 Mbj chaque année. Il est unanimement admis que cet objectif est impossible à atteindre. Les investissements ne sont pas au rendez-vous. L‘OPEP a annoncé le report à 2013 de 35 projets, d‘autres projets prévus pour 2012 sont dans une incertitude totale. L‘AIE évalue à 170 milliards de dollars les investissements reportés ou annulés. Elle estime le taux de déclin de l‘ordre de 8 % à 10% . La baisse des investissements a alarmé les participants à la réunion du G8 +15 à Rome en mai dernier. Elle a été estimée à 21% pour l‘amont pétrolier et à 38% pour les énergies renouvelables. Donc à moyen et long terme, accroissement des déséquilibres et de l‘imprévisibilité, cela alors que la demande reprendra vigoureusement. Les anticipations de l‘AIE, de l‘OPEP et de l‘EIA américaine convergent pour prévoir un accroissement de la demande de 84.2 Mbj en 2009 à quelque 105/106 Mbj en 2030. Ceci alors que la consommation pétrolière de la Chine doublerait d‘ici 2030. Il est prévu une baisse de la consommation pour les Etats-Unis et l‘Europe de 7% et une hausse pays émergents de 70%. Avec tout ça la consommation d‘énergie par habitant en Asie du Sud restera en deçà des moyennes (10 fois moins que les Etats-Unis). Avant de dire que ces hypothèses me paraissent relativement conservatrices, je dois mentionner que l‘industrie pétrolière a déjà annoncé bien avant la crise et la baisse des investissements qui en a résulté que l‘on ne pouvait pas produire plus de 100 Mbj ! Un baril à plus de 100 dollars, quel serait impact sur l‘Algérie ? Un baril à 100 dollars est une bonne chose pour notre pays assurément. Cependant je dois encore une fois mentionner que notre pays souffre du phénomène de « Dutsch Disease» ou syndrome hollandais où les exportations pétrolières parviennent à inhiber tout le tissu industriel local par les importations anarchiques qu‘ils permettent notamment, entraînant destruction de capacités productives et d‘emplois. J‘ai montré plus haut que l‘industrie pétrolière est aujourd‘hui un cheval fou, que dans la décennie qui vient, l‘économie mondiale ne vaut pas mieux. Il est impératif de revoir dans ces conditions notre stratégie économique et particulièrement industrielle. Il nous faut une véritable politique de la PME ce qui nous manque cruellement. On ne peut pas continuer comme cela. Nous revenons au patriotisme économique, chose que j‘ai prôné depuis des années et c‘est une bonne chose. Il nous faut à l‘instar des Etats-Unis, instaurer un «Small Business Act» qui trace la voie pour le développement de la PME nationale et crée les conditions de la formation de champions nationaux. Il faut que l‘université et la recherche soient à la base de la relance de l‘économie algérienne. On oublie souvent que l‘université à été à la base du miracle sud-coréen. D‘un autre coté, il faut que les réformes avancent et très vite. Les dernières actions du gouvernement notamment la Loi de finances 2009 sont un bon signal même si on peut regretter le manque de communication et l‘absence de concertation avec les acteurs clés que sont le patronat, le syndicat, les unions de commerçants, mais aussi l‘université et l‘élite intellectuelle. Il faut aussi que nos réserves de change soient employées dans une logique offensive pour acquérir des actifs (aujourd‘hui sous-évalués du fait de la crise) de haute technologie notamment pétrolière à l‘étranger, mais aussi des industries engagées dans des chaînes de valeur internationales comme l‘automobile. Opel est encore à vendre, Volkswagen offre des possibilités et d‘autres encore. En tous cas une grande concertation est nécessaire car tous ceux qui aiment ce pays et qui ont des propositions intéressantes à faire doivent être écoutés et impliqués dans l‘œuvre de redressement de notre économie, au premier rang de ceux-ci, le patronat, les syndicats, les associations de commerçants, les universitaires et les experts. Vous appelez à développer les énergies renouvelables comme substitut aux énergies fossiles. Quel est l‘enjeu pour l‘Algérie dans ce contexte ? Le monde opère sa transition énergétique vers un modèle non carboné, non fossile qui devrait dominer à partir de 2030, pour s‘imposer vers 2050. Je regrette que les pays occidentaux n‘abordent la transition énergétique que sous l‘angle de leurs intérêts propres. Les pays producteurs ne sont intéressants que tant qu‘ils fournissent l‘énergie nécessaire le temps que des substituts soient trouvés. Je pense que pour éviter des chocs et des crises dommageables à tous, il importe que les pays producteurs soient impliqués dans la transition énergétique. Qu‘ils bénéficient des investissements en technologie, que leurs universités soient impliquées dans les grandes recherches qui aboutiront aux futures ruptures technologiques, réacteurs nucléaires de 4e génération, mais aussi de petite et moyenne capacité couplés à des unités de dessalement d‘eau de mer, systèmes solaires thermodynamiques, éolien, etc. Nos ressources en hydrocarbures nationales sont limitées : 16,8 ans pour le pétrole et 54 ans pour le gaz. Nous devons inclure ces préoccupations dans tous nos projets partenariaux avec les grands acteurs énergétiques étrangers qui opèrent ou souhaitent opérer en Algérie. Ce qu'il faut dire aussi c'est que tous les dix ans cette crise se manifeste, chaque fois plus virulente encore. Je pense que le cycle de la crise va se raccourcir et que nous entrons la décennie qui vient dans une période de graves désordres annoncés par cette crise que nous vivons aujourd'hui. Avec la montée des pays émergents dont la croissance est moins tertiarisée que les pays OCDE et qui sont donc plus consommateurs de commodities, dont le pétrole, je pense qu'il y a une sévère montée des incertitudes. D'ailleurs à juste titre, la banque Goldman Sachs anticipe une crise des commodities. On sait aujourd'hui, pour le pétrole, que l'offre n'arrivera pas à suivre la reprise de la demande, faute de capacités car les investissements ont été arrêtés sinon reportés du fait des prix bas. L'AIE parle d'un « oil crunch » ou d'un «supply crunch» un choc d'offre à venir. Je pense que si les prix du pétroles vont franchir à partir du deuxième semestre 2010 structurellement un seuil de 100 dollars le baril, ils vont tout au long de la décennie connaître des convulsions et on assistera à un accroissement de l'instabilité et des chocs pétroliers à répétition. Les prix qui vont ainsi monter la décennie qui vient, risquent d'étrangler la reprise de l'économie mondiale, aggravant la crise et accentuant le phénomène de récession en «double creux». Car il faut souligner que la relative reprise aux Etats-Unis est fondée sur les plans publics de relance. On ne connaît pas encore de réels moteurs de croissance dans les pays OCDE hormis la relance budgétaire. Il est à craindre que lorsque la pompe des dépenses publiques s'arrêtera et que le phénomène de « double creux » se manifestera, le déficit de ressources pétrolières aura déjà fait son œuvre, tirant les prix vers le haut et aggravant la dépression déjà à l'œuvre. La situation est en effet très délicate et les puissances du G8 en sont conscientes. Le 7 juillet, messieurs Sarkozy et Brown, dans une contribution commune au Wall Street Journal ont encore tiré la sonnette d'alarme. Le problème de régulation se pose avec acuité pour les marchés pétroliers qui sont devenus ingouvernables. Le G8 est mobilisé sur cette question. Les Etats-Unis veulent imposer des limitations aux positions des grands acteurs financiers. Le G8 réuni à Rome en mai 2009 avec 15 pays émergents avait débattu de la question de la régulation et de la transparence des marchés pétroliers. La Commission européenne a ouvert le 5 juillet une consultation sur des mesures à prendre. «Cherchons désespérément leadership dans l'énergie» est l'appel lancé par Bank of America et Merrill lynch dans le titre de leur rapport de marché du 30 juin 2009. Il est savoureux de noter que ce sont là les préoccupations invoquées sans succès depuis longtemps déjà par les pays producteurs, notamment l'OPEP. Le plus grave est que nous sommes dans une situation critique pour l'industrie pétrolière. La brande asymétrie qui la caractérise est aujourd'hui une véritable bombe à retardement. La terre compte encore près de 1 200 milliards de barils de réserves dont 60% sont situées au Moyen Orient et près de 74% dans les pays de l'OPEP. Les réserves s'épuisent à un rythme accéléré. Il faut 5Mbj de nouvelle production en plus chaque année, soit remplacer les gisements qui existent (4 Mbj) et découvrir 1 Mbj chaque année. Il est unanimement admis que cet objectif est impossible à atteindre. Les investissements ne sont pas au rendez-vous. L'OPEP a annoncé le report à 2013 de 35 projets, d'autres projets prévus pour 2012 sont dans une incertitude totale. L'AIE évalue à 170 milliards de dollars les investissements reportés ou annulés. Elle estime le taux de déclin de l'ordre de 8 % à 10% . La baisse des investissements a alarmé les participants à la réunion du G8 +15 à Rome en mai dernier. Elle a été estimée à 21% pour l'amont pétrolier et à 38% pour les énergies renouvelables. Donc à moyen et long terme, accroissement des déséquilibres et de l'imprévisibilité, cela alors que la demande reprendra vigoureusement. Les anticipations de l'AIE, de l'OPEP et de l'EIA américaine convergent pour prévoir un accroissement de la demande de 84.2 Mbj en 2009 à quelque 105/106 Mbj en 2030. Ceci alors que la consommation pétrolière de la Chine doublerait d'ici 2030. Il est prévu une baisse de la consommation pour les Etats-Unis et l'Europe de 7% et une hausse pays émergents de 70%. Avec tout ça la consommation d'énergie par habitant en Asie du Sud restera en deçà des moyennes (10 fois moins que les Etats-Unis). Avant de dire que ces hypothèses me paraissent relativement conservatrices, je dois mentionner que l'industrie pétrolière a déjà annoncé bien avant la crise et la baisse des investissements qui en a résulté que l'on ne pouvait pas produire plus de 100 Mbj ! Un baril à plus de 100 dollars, quel serait impact sur l'Algérie ? Un baril à 100 dollars est une bonne chose pour notre pays assurément. Cependant je dois encore une fois mentionner que notre pays souffre du phénomène de « Dutsch Disease» ou syndrome hollandais où les exportations pétrolières parviennent à inhiber tout le tissu industriel local par les importations anarchiques qu'ils permettent notamment, entraînant destruction de capacités productives et d'emplois. J'ai montré plus haut que l'industrie pétrolière est aujourd'hui un cheval fou, que dans la décennie qui vient, l'économie mondiale ne vaut pas mieux. Il est impératif de revoir dans ces conditions notre stratégie économique et particulièrement industrielle. Il nous faut une véritable politique de la PME ce qui nous manque cruellement. On ne peut pas continuer comme cela. Nous revenons au patriotisme économique, chose que j'ai prôné depuis des années et c'est une bonne chose. Il nous faut à l'instar des Etats-Unis, instaurer un «Small Business Act» qui trace la voie pour le développement de la PME nationale et crée les conditions de la formation de champions nationaux. Il faut que l'université et la recherche soient à la base de la relance de l'économie algérienne. On oublie souvent que l'université à été à la base du miracle sud-coréen. D'un autre coté, il faut que les réformes avancent et très vite. Les dernières actions du gouvernement notamment la Loi de finances 2009 sont un bon signal même si on peut regretter le manque de communication et l'absence de concertation avec les acteurs clés que sont le patronat, le syndicat, les unions de commerçants, mais aussi l'université et l'élite intellectuelle. Il faut aussi que nos réserves de change soient employées dans une logique offensive pour acquérir des actifs (aujourd'hui sous-évalués du fait de la crise) de haute technologie notamment pétrolière à l'étranger, mais aussi des industries engagées dans des chaînes de valeur internationales comme l'automobile. Opel est encore à vendre, Volkswagen offre des possibilités et d'autres encore. En tous cas une grande concertation est nécessaire car tous ceux qui aiment ce pays et qui ont des propositions intéressantes à faire doivent être écoutés et impliqués dans l'œuvre de redressement de notre économie, au premier rang de ceux-ci, le patronat, les syndicats, les associations de commerçants, les universitaires et les experts. Vous appelez à développer les énergies renouvelables comme substitut aux énergies fossiles. Quel est l'enjeu pour l'Algérie dans ce contexte ? Le monde opère sa transition énergétique vers un modèle non carboné, non fossile qui devrait dominer à partir de 2030, pour s'imposer vers 2050. Je regrette que les pays occidentaux n'abordent la transition énergétique que sous l'angle de leurs intérêts propres. Les pays producteurs ne sont intéressants que tant qu'ils fournissent l'énergie nécessaire le temps que des substituts soient trouvés. Je pense que pour éviter des chocs et des crises dommageables à tous, il importe que les pays producteurs soient impliqués dans la transition énergétique. Qu'ils bénéficient des investissements en technologie, que leurs universités soient impliquées dans les grandes recherches qui aboutiront aux futures ruptures technologiques, réacteurs nucléaires de 4e génération, mais aussi de petite et moyenne capacité couplés à des unités de dessalement d'eau de mer, systèmes solaires thermodynamiques, éolien, etc. Nos ressources en hydrocarbures nationales sont limitées : 16,8 ans pour le pétrole et 54 ans pour le gaz. Nous devons inclure ces préoccupations dans tous nos projets partenariaux avec les grands acteurs énergétiques étrangers qui opèrent ou souhaitent opérer en Algérie.