Le pétrole à 60 dollars le baril et un peu plus. Cela fait six mois qu'on n'avait plus revu le marché afficher ce prix. L'affaiblissement du billet vert ayant eu pour effet de pousser à la hausse la valeur de l'or noir, le seuil atteint par le brut cette semaine est sans doute assez symbolique de la remontée qu'est en train d'effectuer la star des énergies depuis quelques semaines. De quoi réanimer un tant soit peu les places pétrolières de Londres et New York, toutes deux longtemps plongées dans une déprime qui ne s'arrêtait plus, au rythme de baisses successives et ininterrompues des prix jusqu'à la chute à ne plus pouvoir soutenir par les pays producteurs. C'est pourquoi, entre autres, un baril à 60 dollars, même s'il reste loin des 150 dollars -de circonstance- atteints il y a une année, a son pesant d'or et de satisfactions pour ces derniers, notamment après la dégringolade libre illustrée, il y a quelques semaines à peine, par des prix à moins de 40 dollars. Cela étant, il reste clair et limpide que le marché pétrolier est loin d'être à l'abri d'un nouveau recul du baril, d'autant que les perspectives de sortie de la crise économique mondiale ne sont pas encore d'actualité, les efforts étant plus tournés en cette période d'instabilité vers le comment limiter les dégâts que vers d'autres initiatives capables de concourir à une relance réelle et efficace de l'industrie. Il n'y a d'ailleurs qu'à constater l'absence de visibilité qui caractérise de plus en plus le secteur automobile mondial, pour ne citer que cet exemple précis et symptomatique pour son statut d'industrie énergivore par excellence, pour se rendre à l'évidence d'une crise qui a encore de beaux jours, énormément de choses à dire et, surtout, beaucoup de mal à faire. C'est d'ailleurs dans cette logique de flou ambiant que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole oriente ses analyses et prévisions dans le sens du réalisme et de la prudence, sur fond de pragmatisme utile à court et moyen terme. En décidant, en effet, d'abaisser une nouvelle fois ses prévisions de demande de pétrole pour l'année 2009, l'OPEP met en évidence le caractère encore fragile d'un marché sous le coup de la récession et en proie à des risques solides. D'autant que la baisse de la demande enregistrée jusque-là sous l'effet de la crise s'est transformée en surproduction mondiale et en stocks record aux Etats-Unis. L. I.