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«Une catégorie de franco-algériens pense que l'Algérie est un eldorado»
Akli Mellouli, Président de l'espace franco-algérien au Midi Libre
Publié dans Le Midi Libre le 29 - 11 - 2009

Personnage incontournable de la question de l'implication de la diaspora au développement national du pays, Akli Mellouli mise en cela sur une diaspora forte et organisée en réseaux pour servir de levier à une coopération étroite avec le pays d'origine. Président de l'Espace des cadres franco-algériens, Akli Mellouli nous livre dans cet entretien ses impressions sur cette question dont l'impact est devenu un enjeu stratégique de la politique gouvernementale. Se disant prêt à servir son pays, M. Mellouli reste, néanmoins, attaché à une liberté de manœuvre en vue de bousculer des idées reçues. En somme, il appelle à lever certains obstacles en amont.
Personnage incontournable de la question de l'implication de la diaspora au développement national du pays, Akli Mellouli mise en cela sur une diaspora forte et organisée en réseaux pour servir de levier à une coopération étroite avec le pays d'origine. Président de l'Espace des cadres franco-algériens, Akli Mellouli nous livre dans cet entretien ses impressions sur cette question dont l'impact est devenu un enjeu stratégique de la politique gouvernementale. Se disant prêt à servir son pays, M. Mellouli reste, néanmoins, attaché à une liberté de manœuvre en vue de bousculer des idées reçues. En somme, il appelle à lever certains obstacles en amont.
Midi Libre : L'idée de faire impliquer la diaspora au développement national passe à la vitesse supérieure. Un conseil de la communauté algérienne résidant à l'étranger a été mis en place en vue d'intégrer les compétences algériennes établies à l'étranger, sentez-vous qu'il y a réellement une volonté politique ?
Akli Mellouli : Les réseaux d'Algériens en France et en Europe se renforcent. Les gens qui forment la communauté algérienne établie en France part du constat que pour réussir dans un pays comme la France qui marche en réseau, il faut être organisé sur un socle commun, sinon vous n'existez pas. Pendant longtemps, on a été les invisibles de la République. On a beaucoup souffert des injonctions intégratrices vers lesquelles tentent encore de nous faire glisser la France.
Pendant longtemps, on avait vu des gens tourner vers leurs pays d'origine uniquement dans un cadre touristique. Récemment, le gouvernement algérien a pris des mesures en vue de renforcer les liens avec la diaspora en créant le Conseil de la communauté algérienne établie à l'étranger. L'idée en soi est très intéressante en ce sens qu'elle permet de créer des passerelles entre les Algériens du pays et les Algériens de l'étranger. La question centrale est de savoir qui on va mettre dans ce Conseil ? Si l'on met des béni-oui-oui qui ne sont là que pour se représenter ou utiliser le Conseil comme un levier à des fins personnelles, ça ne concernera pas le développement mais on arrivera à faire bouger les choses uniquement dans un microcosme. Je préfère que le Conseil soit composé de compétences avérées installées à l'étranger qui ont pignon sur rue plutôt que des gens qui ont raté leur vie à l'extérieur. Ce n'est pas péjoratif ce que je dis, mais il ne faut pas commettre cette erreur. Il faut solliciter les gens qui ont un vrai savoir-faire, une technicité, avec une éthique de défendre l'intérêt général plutôt que l'intérêt individuel. Le but est de réconcilier la diaspora avec le pays d'origine et par là en finir avec le sentiment de méfiance, voire de défiance que ressent l'immigration algérienne vis-à-vis du gouvernement de leur pays d'origine.
C'est dans un premier temps renouer un lien qui s'est distendu. L'optique est de passer à autre chose en ayant pris en compte que pour régler les affaires intérieures, il faut aussi faire levier à l'extérieur. Pour arriver à cette finalité, il faut organiser et faire en sorte que cette communauté algérienne à l'étranger soit loyale avec le pays d'accueil. Moi personnellement, je suis de la République française, j'ai des responsabilités dans les institutions françaises, mais je reste attaché à mon pays d'origine comme d'autres peuvent être attachés à la Bretagne ou au pays de la Loire. On peut être citoyen du monde et être attaché à son pays d'origine. Donc, le plus important c'est que les gens qui viennent siéger ne soient pas des béni- oui-oui mais qui viennent apporter une vraie plus-value, bousculer des idées reçues, être à l'écoute des autres. Les Algériens du pays sont des gens brillants, je n'ai aucune inquiétude à avoir. Il faut aussi que ce Conseil soit un lieu de convergence, de dialogue et de construction du diagnostic à l'action. On peut espérer pour les Algériens du pays ainsi que ceux de l'étranger une vraie plus-value.
En votre qualité de représentant des cadres franco-algériens, pensez-vous qu'il y ait des préalables à assurer d'abord du côté algérien pour faciliter l'intégration des potentiels cadres candidats ?
Effectivement, il y a beaucoup de conditions à réunir en amont. S'installer au pays ne se fait pas pour des raisons de carrière. Je comprends que ça puisse être un tremplin, l'ambition personnelle ne me pose pas de problème. Elle inquièterait si elle constituait le seul objectif. Mais si l'ambition personnelle passe par l'intérêt général, c'est légitime. Mais, quand elle passe en marchant sur l'intérêt général, alors là nous sommes dans une dérive. C'est pour dire qu'il faut bien peser ces enjeux-là. Le problème c'est qu'il y a une catégorie de franco-algériens qui pensent que l'Algérie est un eldorado et qu'ils y vont pour se faire de l'argent et pas pour développer comme au temps du far-west.
Pour notre part, nous sommes prêts à donner mais nous serons pondérés et exigeants parce que nous sommes aussi constructifs. Je ne cours pas pour entrer dans le Conseil, je le dis clairement. Parce que je vois qu'il y a des gens qui s'agitent pour y prendre part. Si c'est pour avoir un titre ou une médaille, non merci, c'est très peu pour moi. Mais si c'est pour avoir un espace de réflexion, je prendrai sur mon temps eu égard à mon origine, à mes parents, mon attachement et notre Histoire. Je ne suis ni un grand naif, ni un philantrope, ni un opposant. Je ne fais jamais de jugement a priori, et c'est valable pour cette idée de conseil de la communauté algérienne à l'étranger. Je veux dire qu'on peut ne pas être d'accord avec la politique gouvernementale, par contre on peut être d'accord sur une base selon laquelle il faut que l'Algérie évolue dans le bon sens. Et à partir de là, les objectifs de ce Conseil seront visibles et lisibles. Quand on a vu une loi du 23 février 2005 qui proclamait les bienfaits de la colonisation. Je pense que si bienfaits il y a, c'est justement cette immigration de jeunes. De surcroit, la loi de 1905 n'a pas été appliquée, et les indigènes sont restés français-musulmans, ce qui était discriminant. Et là en l'occurrence, nous avons besoin de nous réconcilier. On n'est pas obligés d'être d'accord, ou des suiveurs ou un fan club de spectateur enthousiastes mais on a besoin d'avoir des gens qui sont là pour dialoguer. L'espace franco-algérien a expliqué au gouvernement, lors de nos rencontres, que la caporalisation était finie et que le temps du parti unique était révolu. L'amicale est dépassée parce que les gens ont besoin de confronter des idées. Il faut arrêter avec cette idée de caporalisation. Il y aura une liberté d'expression qu'il faudra accepter. Il faut accepter aussi que les cadres algériens venus de l'étranger soient exigeants, les gens viendront pour construire et non pour dormir. Tout ceci peut se faire dans le respect. Avant, j'étais un énervé, frustré par les blessures de l'Histoire, mais j'ai appris à ne pas oublier mais à agir différemment. On ne cachera pas le soleil avec un tamis. On n'arrête pas d'entendre qu'il ne s'agit que d'une instrumentalisation mais quand on nous tend la main, il faut la saisir. Je reste convaincu qu'on peut faire confiance. Le démarrage sera difficile mais c'est un passage obligatoire.
Je crois que nous sommes aujourd'hui à l'aune de ce postulat qu'il faut développer. Aujourd'hui, nous ne sommes plus dans la dénonciation, on se situe dans la proposition. Nous ne sommes pas dans la méfiance et la défiance, nous sommes pour le dialogue. Nous avons des choses à dire. Nous ne dirons rien en fonction des a priori mais nous ne sommes pas dans la béatitude non plus. On attend que les règles du jeu soient définies et puis je pense qu'on peut faire un bout de chemin ensemble. Ce qui nous anime c'est ce destin commun entre les Algériens de l'extérieur et de l'intérieur. La communauté algérienne de l'étranger ne peut s'épanouir sans une Algérie forte et démocratique et, inversement, le pays ne pourrait pas se développer sans l'apport de ses enfants de l'étranger. Il faut savoir que les enfants de l'Algérie installés à l'étranger se sont construits dans l'adversité, ils seront bien capables d'être le moteur d'une nouvelle dynamique pour l'Algérie.
Mais au regard des chiffres, l'implication de la diaspora au développement national semble plus un mythe qu'une réalité, les experts disent que les compétences algériennes à l'étranger font gagner à leurs pays d'accueil 45 milliards de dollars. D'ici 2020, l'Europe comptera 1 million de cadres algériens, c'est plus la fuite qui prend le pas sur le retour ? Qu'en pensez-vous ?
C'est vrai que si l'on disait l'inverse on mentirait aux gens. Mais la question n'est pas de retourner mais de contribuer et partager. Plutôt que de faire que les cadres issus de l'immigration retournent au pays, ils pourraient aider les cadres du pays à avoir de meilleures formations. Au lieu de venir ici pour des stages lambda en France qui ne valent rien, les cadres franco-algériens pourraient le faire en connaissance du terrain et faire passer des connaissances avec des gens de qualités. Je pense qu'il y a assez de bons cadres en Algérie pour venir en rajouter. Mais vous avez raison, le retour n'est qu'un mythe.
Le but c'est d'avoir un réseau à l'extérieur qui aide à l'essor de l'Algérie. Effectivement, je reste partagé sur la question du retour. Il faut se poser la question de ce que peuvent faire les cadres issus de l'immigration pour payer la dette vis-à-vis de l'Algérie. Si on a réussi en France, c'est un peu grâce à l'Algérie. Comment peut-on renvoyer à l'Algérie des éléments du savoir et de la compétence pour que le pays évolue. Moi, je suis pour la mobilité internationale. J'ai envie que mes enfants, s'ils décidaient à retourner au pays, trouvent un cadre agréable, des infrastructures, une économie forte, un environnement propre. Je voudrais leur donner la possibilité de revenir au pays. Je n'ai pas envie que l'Algérie reste qu'une vieille carte postale jaunie mais un pays attractif.
Ne craignez-vous pas qu'à la longue la création de ce Conseil n'étouffera pas les réseaux d'Algériens à l'étranger ?
En effet, l'espace a existé avant le Conseil et continuera à exister. Il faut qu'on reste vigilants à ne pas être dépossédés de notre capacité d'action. Ça doit au contraire nous renforcer, une force de proposition qui donnera du grain à moudre pour ce Conseil.
Concrètement, ya-t-il des projets communs qui ont déjà été définis ?
Nous avons défini des projets dans l'urbanisme et le logement, l'environnement et la migration qui englobe le phénomène des harragas, les mineurs isolés et dans l'innovation dans le monde de l'entreprise. Ce sont les axes que nous avons retenus.
Midi Libre : L'idée de faire impliquer la diaspora au développement national passe à la vitesse supérieure. Un conseil de la communauté algérienne résidant à l'étranger a été mis en place en vue d'intégrer les compétences algériennes établies à l'étranger, sentez-vous qu'il y a réellement une volonté politique ?
Akli Mellouli : Les réseaux d'Algériens en France et en Europe se renforcent. Les gens qui forment la communauté algérienne établie en France part du constat que pour réussir dans un pays comme la France qui marche en réseau, il faut être organisé sur un socle commun, sinon vous n'existez pas. Pendant longtemps, on a été les invisibles de la République. On a beaucoup souffert des injonctions intégratrices vers lesquelles tentent encore de nous faire glisser la France.
Pendant longtemps, on avait vu des gens tourner vers leurs pays d'origine uniquement dans un cadre touristique. Récemment, le gouvernement algérien a pris des mesures en vue de renforcer les liens avec la diaspora en créant le Conseil de la communauté algérienne établie à l'étranger. L'idée en soi est très intéressante en ce sens qu'elle permet de créer des passerelles entre les Algériens du pays et les Algériens de l'étranger. La question centrale est de savoir qui on va mettre dans ce Conseil ? Si l'on met des béni-oui-oui qui ne sont là que pour se représenter ou utiliser le Conseil comme un levier à des fins personnelles, ça ne concernera pas le développement mais on arrivera à faire bouger les choses uniquement dans un microcosme. Je préfère que le Conseil soit composé de compétences avérées installées à l'étranger qui ont pignon sur rue plutôt que des gens qui ont raté leur vie à l'extérieur. Ce n'est pas péjoratif ce que je dis, mais il ne faut pas commettre cette erreur. Il faut solliciter les gens qui ont un vrai savoir-faire, une technicité, avec une éthique de défendre l'intérêt général plutôt que l'intérêt individuel. Le but est de réconcilier la diaspora avec le pays d'origine et par là en finir avec le sentiment de méfiance, voire de défiance que ressent l'immigration algérienne vis-à-vis du gouvernement de leur pays d'origine.
C'est dans un premier temps renouer un lien qui s'est distendu. L'optique est de passer à autre chose en ayant pris en compte que pour régler les affaires intérieures, il faut aussi faire levier à l'extérieur. Pour arriver à cette finalité, il faut organiser et faire en sorte que cette communauté algérienne à l'étranger soit loyale avec le pays d'accueil. Moi personnellement, je suis de la République française, j'ai des responsabilités dans les institutions françaises, mais je reste attaché à mon pays d'origine comme d'autres peuvent être attachés à la Bretagne ou au pays de la Loire. On peut être citoyen du monde et être attaché à son pays d'origine. Donc, le plus important c'est que les gens qui viennent siéger ne soient pas des béni- oui-oui mais qui viennent apporter une vraie plus-value, bousculer des idées reçues, être à l'écoute des autres. Les Algériens du pays sont des gens brillants, je n'ai aucune inquiétude à avoir. Il faut aussi que ce Conseil soit un lieu de convergence, de dialogue et de construction du diagnostic à l'action. On peut espérer pour les Algériens du pays ainsi que ceux de l'étranger une vraie plus-value.
En votre qualité de représentant des cadres franco-algériens, pensez-vous qu'il y ait des préalables à assurer d'abord du côté algérien pour faciliter l'intégration des potentiels cadres candidats ?
Effectivement, il y a beaucoup de conditions à réunir en amont. S'installer au pays ne se fait pas pour des raisons de carrière. Je comprends que ça puisse être un tremplin, l'ambition personnelle ne me pose pas de problème. Elle inquièterait si elle constituait le seul objectif. Mais si l'ambition personnelle passe par l'intérêt général, c'est légitime. Mais, quand elle passe en marchant sur l'intérêt général, alors là nous sommes dans une dérive. C'est pour dire qu'il faut bien peser ces enjeux-là. Le problème c'est qu'il y a une catégorie de franco-algériens qui pensent que l'Algérie est un eldorado et qu'ils y vont pour se faire de l'argent et pas pour développer comme au temps du far-west.
Pour notre part, nous sommes prêts à donner mais nous serons pondérés et exigeants parce que nous sommes aussi constructifs. Je ne cours pas pour entrer dans le Conseil, je le dis clairement. Parce que je vois qu'il y a des gens qui s'agitent pour y prendre part. Si c'est pour avoir un titre ou une médaille, non merci, c'est très peu pour moi. Mais si c'est pour avoir un espace de réflexion, je prendrai sur mon temps eu égard à mon origine, à mes parents, mon attachement et notre Histoire. Je ne suis ni un grand naif, ni un philantrope, ni un opposant. Je ne fais jamais de jugement a priori, et c'est valable pour cette idée de conseil de la communauté algérienne à l'étranger. Je veux dire qu'on peut ne pas être d'accord avec la politique gouvernementale, par contre on peut être d'accord sur une base selon laquelle il faut que l'Algérie évolue dans le bon sens. Et à partir de là, les objectifs de ce Conseil seront visibles et lisibles. Quand on a vu une loi du 23 février 2005 qui proclamait les bienfaits de la colonisation. Je pense que si bienfaits il y a, c'est justement cette immigration de jeunes. De surcroit, la loi de 1905 n'a pas été appliquée, et les indigènes sont restés français-musulmans, ce qui était discriminant. Et là en l'occurrence, nous avons besoin de nous réconcilier. On n'est pas obligés d'être d'accord, ou des suiveurs ou un fan club de spectateur enthousiastes mais on a besoin d'avoir des gens qui sont là pour dialoguer. L'espace franco-algérien a expliqué au gouvernement, lors de nos rencontres, que la caporalisation était finie et que le temps du parti unique était révolu. L'amicale est dépassée parce que les gens ont besoin de confronter des idées. Il faut arrêter avec cette idée de caporalisation. Il y aura une liberté d'expression qu'il faudra accepter. Il faut accepter aussi que les cadres algériens venus de l'étranger soient exigeants, les gens viendront pour construire et non pour dormir. Tout ceci peut se faire dans le respect. Avant, j'étais un énervé, frustré par les blessures de l'Histoire, mais j'ai appris à ne pas oublier mais à agir différemment. On ne cachera pas le soleil avec un tamis. On n'arrête pas d'entendre qu'il ne s'agit que d'une instrumentalisation mais quand on nous tend la main, il faut la saisir. Je reste convaincu qu'on peut faire confiance. Le démarrage sera difficile mais c'est un passage obligatoire.
Je crois que nous sommes aujourd'hui à l'aune de ce postulat qu'il faut développer. Aujourd'hui, nous ne sommes plus dans la dénonciation, on se situe dans la proposition. Nous ne sommes pas dans la méfiance et la défiance, nous sommes pour le dialogue. Nous avons des choses à dire. Nous ne dirons rien en fonction des a priori mais nous ne sommes pas dans la béatitude non plus. On attend que les règles du jeu soient définies et puis je pense qu'on peut faire un bout de chemin ensemble. Ce qui nous anime c'est ce destin commun entre les Algériens de l'extérieur et de l'intérieur. La communauté algérienne de l'étranger ne peut s'épanouir sans une Algérie forte et démocratique et, inversement, le pays ne pourrait pas se développer sans l'apport de ses enfants de l'étranger. Il faut savoir que les enfants de l'Algérie installés à l'étranger se sont construits dans l'adversité, ils seront bien capables d'être le moteur d'une nouvelle dynamique pour l'Algérie.
Mais au regard des chiffres, l'implication de la diaspora au développement national semble plus un mythe qu'une réalité, les experts disent que les compétences algériennes à l'étranger font gagner à leurs pays d'accueil 45 milliards de dollars. D'ici 2020, l'Europe comptera 1 million de cadres algériens, c'est plus la fuite qui prend le pas sur le retour ? Qu'en pensez-vous ?
C'est vrai que si l'on disait l'inverse on mentirait aux gens. Mais la question n'est pas de retourner mais de contribuer et partager. Plutôt que de faire que les cadres issus de l'immigration retournent au pays, ils pourraient aider les cadres du pays à avoir de meilleures formations. Au lieu de venir ici pour des stages lambda en France qui ne valent rien, les cadres franco-algériens pourraient le faire en connaissance du terrain et faire passer des connaissances avec des gens de qualités. Je pense qu'il y a assez de bons cadres en Algérie pour venir en rajouter. Mais vous avez raison, le retour n'est qu'un mythe.
Le but c'est d'avoir un réseau à l'extérieur qui aide à l'essor de l'Algérie. Effectivement, je reste partagé sur la question du retour. Il faut se poser la question de ce que peuvent faire les cadres issus de l'immigration pour payer la dette vis-à-vis de l'Algérie. Si on a réussi en France, c'est un peu grâce à l'Algérie. Comment peut-on renvoyer à l'Algérie des éléments du savoir et de la compétence pour que le pays évolue. Moi, je suis pour la mobilité internationale. J'ai envie que mes enfants, s'ils décidaient à retourner au pays, trouvent un cadre agréable, des infrastructures, une économie forte, un environnement propre. Je voudrais leur donner la possibilité de revenir au pays. Je n'ai pas envie que l'Algérie reste qu'une vieille carte postale jaunie mais un pays attractif.
Ne craignez-vous pas qu'à la longue la création de ce Conseil n'étouffera pas les réseaux d'Algériens à l'étranger ?
En effet, l'espace a existé avant le Conseil et continuera à exister. Il faut qu'on reste vigilants à ne pas être dépossédés de notre capacité d'action. Ça doit au contraire nous renforcer, une force de proposition qui donnera du grain à moudre pour ce Conseil.
Concrètement, ya-t-il des projets communs qui ont déjà été définis ?
Nous avons défini des projets dans l'urbanisme et le logement, l'environnement et la migration qui englobe le phénomène des harragas, les mineurs isolés et dans l'innovation dans le monde de l'entreprise. Ce sont les axes que nous avons retenus.


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