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Le malhoun, le chant inaugurateur
Musiques du terroir au Maghreb
Publié dans Le Midi Libre le 12 - 12 - 2009

Déclamé en Arabe dialectal et en Tamazight (surtout au Maroc) selon le principe de l'art poétique, les qacidate (poèmes) sont devenues, avec le temps, une sorte de koïnè musicale maghrébine.
Déclamé en Arabe dialectal et en Tamazight (surtout au Maroc) selon le principe de l'art poétique, les qacidate (poèmes) sont devenues, avec le temps, une sorte de koïnè musicale maghrébine.
Les exodes de populations ont eu toujours de grands impacts sur la vie culturelle des sociétés et notamment sur leur production musicale. Ces impacts peuvent aussi revêtir la forme d'une mutation linguistique. On peut puiser de multiples exemples dans l'histoire socioculturelle du Maghreb. La venue des tribus hilaliennes en Afrique du Nord sous les Almohades a eu pour conséquence de féconder la musique, cela avait donné naissance à la poésie chantée dite «Chi'r al-Malhoun» laquelle devait sceller la communion arabo-berbère. Quand vint le moment de conquérir l'Andalousie, un grand mixage se produit alors dans cette rencontre entre trois cultures, l'ibérique, l'amazighe et l'arabe qui finit par accoucher de la musique andalouse. De même, l'afflux des Noirs de l'Afrique subsaharienne a introduit le gnawi alors que tout près de nous, plus exactement au 19e siècle, l'exode de Kabyles vers la Casbah d'Alger a eu pour effet de faire éclore la musique châabie. Mais tous ces genres musicaux s'appuient sur un substrat commun ou du moins entretiennent avec lui des liens étroits. Ce substrat c'est le « malhoun » étymologiquement « mélodique » qualificatif qui s'applique au « poème ». Déclamé en arabe dialectal et en amazigh (surtout au Maroc) selon le principe de l'art poétique, les qacidate (poèmes) sont devenues avec le temps une sorte de koïnè musicale maghrébine. Cette koïnè se déploie sous formes diverses. Malhoun et châabie en Algérie, Malouf en Tunisie et « qacida du ghazal » au Maroc.
Des textes qui se souviennent
Ces qacidate véhiculent une mémoire, une histoire. Le melhoun n'exprime pas seulement des sentiments, il est la mémoire qui a fait l'histoire de l'Algérie et du Maghreb. Contrairement à ce qu'on pense, le melhoun n'est pas exclusivement oral, il a donné lieu à une profusion de manuscrits qui avaient circulé sous forme de registres. Ces documents dénommés diwans, véritables œuvres d'art étaient joliment calligraphiés. C'est grâce à l'écrit qu'on avait pris connaissance des zajals du cheikh andalou Bengouzman. Déjà Léon l'Africain qui a vécu au XVIe siècle notait dans son livre «Description de l'Afrique» que les poètes prenaient part à des compétitions où il donnaient libre cours à l'expression de leur art. En attendant qu'on écrive une histoire du Malhoun, il faut faire observer que les Marocains revendiquent la paternité de cet art. Il serait originaire du Tafilalet et a connu une mutation après avoir été mis en contact de la musique andalouse et des chants populaires. Le genre a vu le jour à l'époque des Almohades, en 1 147 environ et s'est développé sous la dynastie des Saâdiens. A cette époque il avait reçu sa codification en mesures dites « Surûf », l'équivalent des « taf'ilât » de la poésie classique. Le Cheikh Abd El-Aziz El-Maghraoui en serait le précurseur, il avait désigné le pied métrique sous le terme de « Dân ». Il eut des disciples dont le plus marquant est le poète El-Masmûdi, qui avait opté pour le mot « Mîli » pour désigner le pied. Si le Tafilalet en fut le berceau, le genre ne s'est pas moins propagé dans les villes à l'image de Marrakech, Meknès, Fès, Taroudant, Asfi, Salé et Rabat. Quoi qu'il en soit, les maîtres du chaabi algérien ont puisé pour la plupart dans les textes marocains auxquels ils ont su donner une nouvelle vigueur en recourant à une interprétation originale aux couleurs du pays.
Autonomisation des genres
Aussi les genres musicaux qui paraissent aujourd'hui aussi indépendants les uns des autres comme le châabi de M'hamed El Anka, le raï, le âasri, le haouzi tlemcenien, le âaroubi, le malouf constantinois, le chant bédouin oranais et l'Ayay des Hauts-Plateaux découlent tous du malhoun. Le terme «melhoun», outre qu'il signifie comme nous venons de le voir « la poésie chantée » aurait été choisi pour caractériser l'écart par rapport à la norme syntaxique et lexicale. La racine trilitère L.H.N. peut référer à la fois à lahn (mélodie) et à lahn (écart par rapport aux normes grammaticales et de déclinaison). Le malhoun en tant qu'il appartient à la culture populaire est bien sûr minoré par la culture officielle. Si les spécialistes, les universitaires notamment, n'hésitent pas à comparer nos bardes avec les grands noms de la littérature universelle, l'université algérienne ne les a pas en revanche intégrés dans l'enseignement.
Un art thérapeutique
L'art du Melhoun exprime les préoccupations des gens, leurs croyances et leurs émotions. Les textes déclamés peuvent être d'inspiration mystique évoquant l'aspiration à se dissoudre dans l'essence divine ou le dithyrambe à l'endroit de Dieu. Bien qu'ils se recoupent avec les textes mystiques par endroit, il y a aussi les poèmes type recommandations, lesquels sont des exhortations ou des poèmes didactiques et moralistes dans lesquelles l'interprète s'adresse aux gens ou à une personne en particulier qui, souvent, sert de prétexte pour le monolingue, ou une discussion avec soi-même.
Grosso modo, cette poésie se subdivise en plusieurs branches dont l'« ochaqi » (l'amoureux), poésie d'amour par excellence qui laisse exhaler les humeurs le plus souvent suscitées par l'éloignement de l'être aimé, dans ses innombrables postures, le « saqi », poèmes bacchiques à la Omar Kheyyam se délectant de la bonne compagnie, des plaisirs et des nourritures terrestres.
Les exodes de populations ont eu toujours de grands impacts sur la vie culturelle des sociétés et notamment sur leur production musicale. Ces impacts peuvent aussi revêtir la forme d'une mutation linguistique. On peut puiser de multiples exemples dans l'histoire socioculturelle du Maghreb. La venue des tribus hilaliennes en Afrique du Nord sous les Almohades a eu pour conséquence de féconder la musique, cela avait donné naissance à la poésie chantée dite «Chi'r al-Malhoun» laquelle devait sceller la communion arabo-berbère. Quand vint le moment de conquérir l'Andalousie, un grand mixage se produit alors dans cette rencontre entre trois cultures, l'ibérique, l'amazighe et l'arabe qui finit par accoucher de la musique andalouse. De même, l'afflux des Noirs de l'Afrique subsaharienne a introduit le gnawi alors que tout près de nous, plus exactement au 19e siècle, l'exode de Kabyles vers la Casbah d'Alger a eu pour effet de faire éclore la musique châabie. Mais tous ces genres musicaux s'appuient sur un substrat commun ou du moins entretiennent avec lui des liens étroits. Ce substrat c'est le « malhoun » étymologiquement « mélodique » qualificatif qui s'applique au « poème ». Déclamé en arabe dialectal et en amazigh (surtout au Maroc) selon le principe de l'art poétique, les qacidate (poèmes) sont devenues avec le temps une sorte de koïnè musicale maghrébine. Cette koïnè se déploie sous formes diverses. Malhoun et châabie en Algérie, Malouf en Tunisie et « qacida du ghazal » au Maroc.
Des textes qui se souviennent
Ces qacidate véhiculent une mémoire, une histoire. Le melhoun n'exprime pas seulement des sentiments, il est la mémoire qui a fait l'histoire de l'Algérie et du Maghreb. Contrairement à ce qu'on pense, le melhoun n'est pas exclusivement oral, il a donné lieu à une profusion de manuscrits qui avaient circulé sous forme de registres. Ces documents dénommés diwans, véritables œuvres d'art étaient joliment calligraphiés. C'est grâce à l'écrit qu'on avait pris connaissance des zajals du cheikh andalou Bengouzman. Déjà Léon l'Africain qui a vécu au XVIe siècle notait dans son livre «Description de l'Afrique» que les poètes prenaient part à des compétitions où il donnaient libre cours à l'expression de leur art. En attendant qu'on écrive une histoire du Malhoun, il faut faire observer que les Marocains revendiquent la paternité de cet art. Il serait originaire du Tafilalet et a connu une mutation après avoir été mis en contact de la musique andalouse et des chants populaires. Le genre a vu le jour à l'époque des Almohades, en 1 147 environ et s'est développé sous la dynastie des Saâdiens. A cette époque il avait reçu sa codification en mesures dites « Surûf », l'équivalent des « taf'ilât » de la poésie classique. Le Cheikh Abd El-Aziz El-Maghraoui en serait le précurseur, il avait désigné le pied métrique sous le terme de « Dân ». Il eut des disciples dont le plus marquant est le poète El-Masmûdi, qui avait opté pour le mot « Mîli » pour désigner le pied. Si le Tafilalet en fut le berceau, le genre ne s'est pas moins propagé dans les villes à l'image de Marrakech, Meknès, Fès, Taroudant, Asfi, Salé et Rabat. Quoi qu'il en soit, les maîtres du chaabi algérien ont puisé pour la plupart dans les textes marocains auxquels ils ont su donner une nouvelle vigueur en recourant à une interprétation originale aux couleurs du pays.
Autonomisation des genres
Aussi les genres musicaux qui paraissent aujourd'hui aussi indépendants les uns des autres comme le châabi de M'hamed El Anka, le raï, le âasri, le haouzi tlemcenien, le âaroubi, le malouf constantinois, le chant bédouin oranais et l'Ayay des Hauts-Plateaux découlent tous du malhoun. Le terme «melhoun», outre qu'il signifie comme nous venons de le voir « la poésie chantée » aurait été choisi pour caractériser l'écart par rapport à la norme syntaxique et lexicale. La racine trilitère L.H.N. peut référer à la fois à lahn (mélodie) et à lahn (écart par rapport aux normes grammaticales et de déclinaison). Le malhoun en tant qu'il appartient à la culture populaire est bien sûr minoré par la culture officielle. Si les spécialistes, les universitaires notamment, n'hésitent pas à comparer nos bardes avec les grands noms de la littérature universelle, l'université algérienne ne les a pas en revanche intégrés dans l'enseignement.
Un art thérapeutique
L'art du Melhoun exprime les préoccupations des gens, leurs croyances et leurs émotions. Les textes déclamés peuvent être d'inspiration mystique évoquant l'aspiration à se dissoudre dans l'essence divine ou le dithyrambe à l'endroit de Dieu. Bien qu'ils se recoupent avec les textes mystiques par endroit, il y a aussi les poèmes type recommandations, lesquels sont des exhortations ou des poèmes didactiques et moralistes dans lesquelles l'interprète s'adresse aux gens ou à une personne en particulier qui, souvent, sert de prétexte pour le monolingue, ou une discussion avec soi-même.
Grosso modo, cette poésie se subdivise en plusieurs branches dont l'« ochaqi » (l'amoureux), poésie d'amour par excellence qui laisse exhaler les humeurs le plus souvent suscitées par l'éloignement de l'être aimé, dans ses innombrables postures, le « saqi », poèmes bacchiques à la Omar Kheyyam se délectant de la bonne compagnie, des plaisirs et des nourritures terrestres.


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