Militante patentée, Régine Villemont reste une défenderesse infatigable de la cause sahraouie dont son action à la tête de l'association des Amis de la RASD en France demeure un maillon fort. Régine Villemont nous livre dans cet entretien les prévisions induites par l'affaire Aminatou Haider, une héroïne que le peuple sahraoui a retrouvé en vue de continuer le combat. Militante patentée, Régine Villemont reste une défenderesse infatigable de la cause sahraouie dont son action à la tête de l'association des Amis de la RASD en France demeure un maillon fort. Régine Villemont nous livre dans cet entretien les prévisions induites par l'affaire Aminatou Haider, une héroïne que le peuple sahraoui a retrouvé en vue de continuer le combat. Aminatou Haider est rentrée chez elle à Laâyoun, après 32 jours de résistance. Quelle est votre réaction à chaud ? C'est une grande satisfaction. C'est la victoire d'Aminatou et de son courage mais aussi de son audace. Elle a remis au devant de la scène un conflit qui était longtemps ignoré sauf en Algérie et un peu en Espagne. De notre côté, on s'est senti pousser des ailes pour la soutenir pour que la résistance d'Aminatou, et derrière elle tout un peuple, puisse être relayée au maximum dans nos médias. La médiatisation de la résistance d'Aminatou a provoqué la réaction de Paris et Washington qui ont fait le nécessaire pour exercer des pressions sur Rabat pour permettre le retour d'Aminatou Haidar chez elle. Mais les médias français font quand même du suivisme par rapport à la position officielle de la France, qu'en pensez-vous ? Il y a une incompréhension de ce conflit en France. A partir du moment où une souffrance d'un peuple n'est pas traitée d'une manière compassionnelle dans les grands médias télévisuels, c'est comme s'il n'existait pas. Bon an mal an, on arrive à faire bouger les choses, même au niveau local. Mais du moment que le conflit n'est pas couvert par les grands médias, les gens resteront extérieurs. Les campements, la question sahraouie ne les intéressent pas. En plus, il n'y a pas de guerre, pas de compassion. Il reste du chemin à faire pour bousculer les opinions. En France, cette question reste marginale. L'affaire Haider est passée une ou deux fois à la télé. Il n'y a pas eu de couvertures régulières qui permettaient de vraiment entraîner l'opinion. Malgré cela, elle a commencé à réintéresser quelques partis politiques, des associations des droits de l'Homme. De plus, les médias français ont des accointances avec le Maroc et de ce fait ils ne veulent pas fâcher le roi. Ils se gardent bien de toute irrévérence à l'égard de la politique marocaine. Mais je pense qu'il faut que les gens soient acteurs pour qu'ils se sentent concernés. C'est dans cette logique qu'on fait venir des enfants sahraouis en France pour passer des vacances. Le but de cette démarche est de sensibiliser les Français à l'injustice subie par le peuple sahraoui. Le peuple sahraoui a-t-il trouvé en la personne d'Aminatou Haider une sorte d'icône, celle qui a fait vaciller le royaume ? Plus que cela ! Pour moi, le peuple sahraoui a retrouvé une héroïne plus qu'une icône qui est pour moi un terme un peu figé. Elle a la foi, elle est toujours dans l'action capable de s'opposer jusqu'à la limite vitale. Aminatou, c'est quelqu'un qui a une véritable dimension intellectuelle et visionnaire sur son peuple. Elle vient de montrer toute son intelligence parce qu'elle croit qu'on peut lutter pour ses droits d'une manière pacifique. Quel a été le rôle joué par la France dans la libération d'Aminatou Haider ? On parle de coordination entre Paris et Washington. On sait que Sarkozy y a été pour beaucoup dans le dénouement de cette affaire. Il y a eu des entretiens avec le roi du Maroc. Il a rencontré son frère qui se faisait soigner à Paris. En même temps, il a parlé du plan de l'autonomie pour faire plaisir au Maroc. C'est juste un coup de pub diplomatique pour Sarkozy ou un changement de cap ? En effet, Sarkozy a saisi cette opportunité pour flatter son désir de se montrer sur la scène internationale le défenseur des droits de l'Homme. Paris est intervenu pour des raisons humanitaires mais la position française sur le fond du dossier reste la même. De toute façon depuis plus de 30 ans le souci de la France est de ne pas destabiliser la royauté. Et cela n'a pas changé. Le roi reste un allié fidèle des Occidentaux et c'est une constante depuis Mohamed V. Je crois qu'ils ont essayé au maximum de ne pas porter la responsabilité de la mort d'une militante, même si le roi a fait un recul historique sur la question sahraouie. Ils ne voulaient pas en faire une martyre ? Effectivement, la mort d'Aminatou Haider aurait été catastrophique à gérer pour la stabilité marocaine. Donc, on a fait reculer le roi et en même temps on a tout fait pour qu'il ne perde pas la face. Sur le plan symbolique, le recul du roi par rapport au courage d'Aminatou Haider signifie-t-il pour autant le recul de sa souveraineté sur le Sahara Occidental ? La question de la souveraineté marocaine sur le Sahara est rappelée certes. Les différents acteurs vont profiter de ce recul du roi pour faire avancer les négociations démarrées en juillet. Sur ce point, la responsabilité des acteurs de ce conflit est rappelée aussi en vue de reprendre le dossier en main et de ne pas se laisser aller aux facilités en tolérant que le roi continue d'affirmer sa souveraineté sur le Sahara alors que toutes les résolutions de l'ONU stipulent que tant qu'il n'y a pas eu auto-détermination du peuple, il n'y a pas de souveraineté marocaine. Peut-on s'attendre davantage à des pressions internationales dans la foulée des injonctions de Paris ? C'est ce qu'on souhaite. De toute façon le combat continue tant que L'autodétermination n'est toujours pas en route. Il reste toujours des prisonniers politiques sahraouis détenus au Maroc. On ne se décourage pas, l'affaire Aminatou Haider est un signal donné à son peuple qui continue à lutter malgré la répression marocaine. Aminatou Haider est rentrée chez elle à Laâyoun, après 32 jours de résistance. Quelle est votre réaction à chaud ? C'est une grande satisfaction. C'est la victoire d'Aminatou et de son courage mais aussi de son audace. Elle a remis au devant de la scène un conflit qui était longtemps ignoré sauf en Algérie et un peu en Espagne. De notre côté, on s'est senti pousser des ailes pour la soutenir pour que la résistance d'Aminatou, et derrière elle tout un peuple, puisse être relayée au maximum dans nos médias. La médiatisation de la résistance d'Aminatou a provoqué la réaction de Paris et Washington qui ont fait le nécessaire pour exercer des pressions sur Rabat pour permettre le retour d'Aminatou Haidar chez elle. Mais les médias français font quand même du suivisme par rapport à la position officielle de la France, qu'en pensez-vous ? Il y a une incompréhension de ce conflit en France. A partir du moment où une souffrance d'un peuple n'est pas traitée d'une manière compassionnelle dans les grands médias télévisuels, c'est comme s'il n'existait pas. Bon an mal an, on arrive à faire bouger les choses, même au niveau local. Mais du moment que le conflit n'est pas couvert par les grands médias, les gens resteront extérieurs. Les campements, la question sahraouie ne les intéressent pas. En plus, il n'y a pas de guerre, pas de compassion. Il reste du chemin à faire pour bousculer les opinions. En France, cette question reste marginale. L'affaire Haider est passée une ou deux fois à la télé. Il n'y a pas eu de couvertures régulières qui permettaient de vraiment entraîner l'opinion. Malgré cela, elle a commencé à réintéresser quelques partis politiques, des associations des droits de l'Homme. De plus, les médias français ont des accointances avec le Maroc et de ce fait ils ne veulent pas fâcher le roi. Ils se gardent bien de toute irrévérence à l'égard de la politique marocaine. Mais je pense qu'il faut que les gens soient acteurs pour qu'ils se sentent concernés. C'est dans cette logique qu'on fait venir des enfants sahraouis en France pour passer des vacances. Le but de cette démarche est de sensibiliser les Français à l'injustice subie par le peuple sahraoui. Le peuple sahraoui a-t-il trouvé en la personne d'Aminatou Haider une sorte d'icône, celle qui a fait vaciller le royaume ? Plus que cela ! Pour moi, le peuple sahraoui a retrouvé une héroïne plus qu'une icône qui est pour moi un terme un peu figé. Elle a la foi, elle est toujours dans l'action capable de s'opposer jusqu'à la limite vitale. Aminatou, c'est quelqu'un qui a une véritable dimension intellectuelle et visionnaire sur son peuple. Elle vient de montrer toute son intelligence parce qu'elle croit qu'on peut lutter pour ses droits d'une manière pacifique. Quel a été le rôle joué par la France dans la libération d'Aminatou Haider ? On parle de coordination entre Paris et Washington. On sait que Sarkozy y a été pour beaucoup dans le dénouement de cette affaire. Il y a eu des entretiens avec le roi du Maroc. Il a rencontré son frère qui se faisait soigner à Paris. En même temps, il a parlé du plan de l'autonomie pour faire plaisir au Maroc. C'est juste un coup de pub diplomatique pour Sarkozy ou un changement de cap ? En effet, Sarkozy a saisi cette opportunité pour flatter son désir de se montrer sur la scène internationale le défenseur des droits de l'Homme. Paris est intervenu pour des raisons humanitaires mais la position française sur le fond du dossier reste la même. De toute façon depuis plus de 30 ans le souci de la France est de ne pas destabiliser la royauté. Et cela n'a pas changé. Le roi reste un allié fidèle des Occidentaux et c'est une constante depuis Mohamed V. Je crois qu'ils ont essayé au maximum de ne pas porter la responsabilité de la mort d'une militante, même si le roi a fait un recul historique sur la question sahraouie. Ils ne voulaient pas en faire une martyre ? Effectivement, la mort d'Aminatou Haider aurait été catastrophique à gérer pour la stabilité marocaine. Donc, on a fait reculer le roi et en même temps on a tout fait pour qu'il ne perde pas la face. Sur le plan symbolique, le recul du roi par rapport au courage d'Aminatou Haider signifie-t-il pour autant le recul de sa souveraineté sur le Sahara Occidental ? La question de la souveraineté marocaine sur le Sahara est rappelée certes. Les différents acteurs vont profiter de ce recul du roi pour faire avancer les négociations démarrées en juillet. Sur ce point, la responsabilité des acteurs de ce conflit est rappelée aussi en vue de reprendre le dossier en main et de ne pas se laisser aller aux facilités en tolérant que le roi continue d'affirmer sa souveraineté sur le Sahara alors que toutes les résolutions de l'ONU stipulent que tant qu'il n'y a pas eu auto-détermination du peuple, il n'y a pas de souveraineté marocaine. Peut-on s'attendre davantage à des pressions internationales dans la foulée des injonctions de Paris ? C'est ce qu'on souhaite. De toute façon le combat continue tant que L'autodétermination n'est toujours pas en route. Il reste toujours des prisonniers politiques sahraouis détenus au Maroc. On ne se décourage pas, l'affaire Aminatou Haider est un signal donné à son peuple qui continue à lutter malgré la répression marocaine.