On le savait déjà avec les émanations qui se propagent depuis quelques semaines, rien ne va plus dans les dédales du Sérail. La tension, connue déjà, entre la Présidence et le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), s'est encore accentuée ces derniers jours et la situation risque de s'empirer dans les jours à venir. Motif : le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a décidé d'ouvrir la boîte de Pandore et de mettre un puissant coup de pied dans la fourmilière Algérie. Des sources proches de la Présidence ont révélé à Algérie-Focus.com que Bouteflika s'apprête à mettre en place une «Commission sécuritaire autonome», composée de plusieurs magistrats et procureurs civils et militaires en vue de rouvrir certains dossiers et affaires restés en suspens ou bâclés à leur époque. «Ces dossiers que Bouteflika veut rouvrir, c'est du lourd», nous dit notre source, qui a requis l'anonymat. Il s'agirait, selon elle, de plusieurs affaires d'assassinats menés durant la décennie noire et qui ont ciblé des personnalités nationales, à l'instar de feu Mohammed Boudiaf ou encore du Général Fodil Saidi. Notre interlocuteur rajoute que «Pour une raison ou une autre, cette démarche du président de la République n'a pas trop plu aux Services du DRS et à son homme fort, le Général Mohamed Mediène dit Toufik». Le projet de Bouteflika a, de ce fait, ravivé le conflit mis en stand by entre les deux puissantes institutions algériennes: la Présidence, menée par les partisans de Bouteflika, et le DRS sous la houlette des fidèles de Toufik. «Le conflit a pris une tournure alarmante», rajoute notre source. Cette dernière révèle, également, que «des copies des deux dossiers d'enquête ont été adressées par la Présidence aux Services du DRS afin de les compléter dans le but de faciliter la mission de la Commission d'enquête mise en place par Bouteflika». «Bouteflika veut imposer cette Commission d'enquête au Patron du DRS qui n'apprécie pas vraiment la chose. Il faut savoir que jusqu'à présent, ce genre d'affaire étaient l'apanage exclusif du DRS. Le Général Toufik l'a fait savoir et a émis un niet catégorique à tous déclassement de dossiers pour le compte de la Présidence, particulièrement pour les deux affaires Boudiaf et Fodil Saidi», poursuit notre source. «C'est une question d'équilibre des Pouvoirs mais aussi de Politique. Bouteflika veut se refaire une santé politique auprès des Algériens par la réouverture de ce genre de dossiers. «Toufik a un autre avis sur ce sujet», conclut notre source. In fine, le bras de fer DRS/Présidence est engagé de nouveau et la tension est montée d'un cran depuis quelques temps. Au vue de ses informations, les récentes révélations sur les scandales à Sonatrach ou dans le projet de l'Autoroute Est-Ouest ne semblent pas anodines, encore moins faisant partie d'une opération anti-corruption, mais visant plutôt le Cercle présidentiel. La preuve étant le silence et le désarroi déconcertant des proches de Bouteflika, comme Khelil et Zerhouni. Bouteflika contrattaque. Leïla Osmani