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Est-ce la fin d'une triste et douloureuse époque?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 10 - 06 - 2010

Je pense que monsieur Ait Ahmed, avec sa très longue carrière politique, qu'il a passé entièrement dans l'opposition, a la compétence et les outils nécessaires pour poser un diagnostic juste de la maison Algérie et de proposer les pistes à explorer pour trouver les solutions idoines aux crises multiples et incessantes que connait le pays, on va dire, depuis 1962.
Ait Ahmed constate, pour les avoir longuement examinées et éprouvées, la FAILLITE de 3 choses: La SOCIETE, le POUVOIR et les ELITES.
Autant dire que tout est à refaire.
C'est un pays à construire depuis le début, dans tous ses aspects.
La défaillance est totale, la désolation est générale.
Un plan Marshall économique ou de développement à lui seul ne suffit pas.
Il en faut d'autres plans Marshall : institutionnel, législatif, moral, un régime républicain nouveau qui garantit réellement les libertés individuelles et collectives, qui favorise la libre entreprise, qui consacre la démocratie et l'Etat de droit.
Le constat est amer.
1. La SOCIETE boude et refuse de se libérer, de se démocratiser, indifférente à ses droits elle se complait à vivre dans un scepticisme chronique.
Elle semble ne pas pouvoir supporter l'idée de vivre mieux.
Paradoxalement, ce sont les catastrophes et les malheurs qui semblent l'enchanter et la griser.
La société a abandonné, même par le rêve, son droit irrépressible et légitime de prétendre à une qualité de vie meilleure.
La société est gravement atteinte et semble, avec le temps, avoir développé en son sein les germes de sa léthargie, de son immobilisme, de sa condition mineure et de sa perte totale d'autonomie.
Disons-le tout de suite que ces germes ne sont pas génétiques, mais culturels.
Le trop plein religieux à mon avis, y est pour quelque chose, même si certain l'utilise comme moyen de résistance contre les humiliations et les frustrations dont l'Occident se fait l'auteur.
L'acte religieux (l'Islam d'un genre nouveau dans le cas de l'Algérie), est présenté comme unique alternative. Ce qui est totalement faux. Bien au contraire, cela ne fera que trainer les choses en longueur, donnant l'occasion aux uns de perpétuer leurs excès et aux autres, leurs folies, pendant que la majorité innocente souffre, pleure et trépasse dans l'indifférence la plus terrible.
Cependant, malgré ce qu'elle subit comme matraquage politique, idéologique, et spirituel, la société algérienne reste récupérable, guérissable et rédemptable.
De la même manière qu'elle porte en elle les germes de sa léthargie, elle possède également les ressorts de sa libération.
2. Le POUVOIR qui est l'émanation de cette société (culturellement parlant), avec en plus, la fourberie, la dépravation, la félonie, et la méchanceté gratuite, que nourrissent l'impunité et l'absence de contrôle, ne cherche pas à secourir la société et à travailler pour lui rendre sa dignité.
A plus forte raison lorsque ce pouvoir inique jouit ouvertement de la complicité et du soutien des administrations occidentales influentes.
Voyez comme il se complait et ne s'en cache même pas, dans sa situation de dominateur, de jouisseur et de lâche.
Parler à ce pouvoir d'alternance, de bonne gouvernance et de respect et de promotion des droits humains, c'est comme dire à un tigre affamé de lâcher le morceau de viande qu'il tient entre ses deux mâchoires.
Dans tous les pays du monde qui se respectent, l'état est cette forme de citadelle qui protège le citoyen et vers laquelle ce dernier accourt pour s'y refugier quand il se sent en danger.
En Algérie, le citoyen est orphelin de cette protection.
Incroyable, l'Etat semble l'effrayer voire le terroriser, au lieu de le sécuriser.
3. Les ELITES aujourd'hui, par égoïsme, par calcul et par lâcheté, refusent le combat pour une qualité de vie meilleure de leur société. En un mot les élites ont démissionné et se sont désengagées de leurs obligations naturelles, après avoir vendu leur âme à l'argent, aux privilèges et à la bonne position sociale.
Celles qui en font l'exception, ont été marginalisées, écrasées, exilées ou tout simplement réduites au silence.
INDIFFERENCE, SCEPTICISME, MEPRIS, voila par quels sentiments ‘'solides'' sont reliés ces trois partenaires d'un genre presque insolite.
Que peut faire Ait Ahmed, malgré sa notoriété et sa crédibilité, devant une telle adversité?
Le fait qu'il soit resté propre, incorruptible, et toujours en course pour la défense de la démocratie et de l'état de droit, relève de l'exploit, j'allais dire de l'impossible.
Mais ne perdons pas espoir, car le monde après avoir consommé sa pleine faillite dans tous les domaines, est en train de réfléchir à un changement salutaire et indispensable dont l'amorce ne saura tarder.
Est-ce la fin d'une triste et douloureuse époque?
Car, il est vrai que le constat est effrayant, tout est verrouillé, et au risque de me répéter, la société sommeille, le pouvoir tel un enfant gâté joue dangereusement avec la souveraineté nationale et l'avenir des générations futures, et les élites ont succombé au charme de l'argent et à l'insatiabilité de leur ventre qui, tel un gouffre sans fond, a perdu jusqu'à l'élémentaire volonté de dire : assez!
Mais le changement tant attendu, je ne serai assurément pas seul à l'espérer, à le croire et à en provoquer et en accompagner l'heureuse venue.
Nombreux sont les indicateurs et les signes qui témoignent de l'avènement d'un monde nouveau, meilleur à vivre pour toutes et tous.
Le salut viendra de certains hommes, il a toujours été ainsi et il le sera encore et toujours, jusqu'à la fin des temps.
Bon sang ne saurait mentir.
Fraternellement.
Lies Asfour.


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