Kamel Rezzag Bara, président de l'ONDH, le bureaucrate des droits de l'homme Libre Algérie, 28 février-12 mars 2000 Il n'y a aucun doute chez Me Rezzag Bara, le président de l'Observatoire national des droits de l'homme (ONDH), les droits de l'homme se portent bien en Algérie. Lui aussi d'ailleurs. Il est totalement dans son rôle de bureaucrate des droits de l'homme, version pouvoir. C'est un chargé de mission et il accomplit le travail. Le reste est affaire de détails. Des abus par-ci, des dépassements par-là, pas de quoi en faire tout un plat. Les disparus, au nombre de 4 185 pour l'ONDH, sont pour Rezzag Bara soit au maquis (donc des terroristes), soit enlevés par des terroristes, soit morts dans les affrontements entre les terroristes et les services de sécurité (il s'agit donc là aussi de terroristes), soit à l'étranger (potentiellement des terroristes en fuite), soit enfin des gens qu'on retrouve en prison (terroristes par la même occasion). Voilà les seuls cas possibles, selon lui. Il ne lui viendrait d'ailleurs jamais à l'idée qu'ils aient été effectivement pris par différents corps des services de sécurité, comme l'affirment leurs familles qui, toutes, ont donné un récit circonstancié, avec parfois des noms de représentants de l'autorité qui sont venus emmener les leurs… Non, Rezzag Bara a la « foi ». Et croire ce que disent ces « folles » qui viennent chaque mercredi gêner les chants des oiseaux qui peuplent son jardin à l'ONDH est un blasphème. C'est à peine s'il consent que l'on soit capable d'abus et de dépassements de ce côté-ci de la barrière. Quelqu'un aurait-il mal compris ? Des doutes subsistent-ils ? Intarissablement bureaucrate, Me Rezzag Bara ne cède en rien. Il est l'avocat des autorités, pas celui des droits de l'homme. Intarissable et capable aussi de dire la chose et son contraire à propos d'une même question, dans deux entretiens différents, voire dans le même. =============================================================== Ksentini et les droits de l'homme. In Le Quotidien d'Oran 31 décembre 2007 (…..) Les familles ont des noms de personnes qui ont procédé à la disparition forcée de leurs proches, lui avions-nous dit. «Oui», répond-il, «mais nous nous sommes renseignés auprès des services de sécurité, on nous dit que telle personne a été ramenée, interrogée puis relâchée.» Maître Ksentini ne dit certainement pas tout à ce sujet. Les historiens le diront peut-être un jour. «Il est de leur devoir de le faire», rétorque-t-il. 7.000 disparitions forcées. Le président de la CNCPPDH le confirme même si le chiffre est souvent revu à la hausse par d'autres organisations des droits de l'homme. «Les disparitions forcées ont existé, elles ont été un épiphénomène, je considère que ce sont des dépassements causés dans les années 90 par une rupture dans les chefs de commandement.» Il explique: «Les coups de terrorisme ont été tels, l'armée n'a pas été préparée à intervenir pour y faire barrage, il a y eu des agents de l'Etat qui ont commis des dépassements, d'aucuns ont profité pour (ré)agir par des actes illicites mais cela n'a pas été organisé par l'Etat.» Et ces familles qui en souffrent toujours ? «J'ai beaucoup de compassion pour elles», dit-il. Tous les disparus sont morts ? interrogeons-nous. «Je n'ai pas la preuve du contraire»; répond-il. (…..).