Les autorités officielles sont-elles tentées de prendre un raccourci par rapport à la question des disparus ? En tout cas, les organisations défendant ce dossier sont convaincues d'une chose : on voudrait substituer la réconciliation nationale à l'impératif de création d'une commission vérité et justice. Pourtant, « l'Etat algérien a accepté le principe de sa responsabilité civile » à l'égard de ce drame, avait reconnu, le 14 avril dernier à Genève, Me Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) devant la commission des droits de l'homme de l'ONU. Une reconnaissance qui s'est notamment renforcée par la création, le 11 septembre 2003, d'un mécanisme ad hoc chargé du dossier des disparus. Or, un tel mécanisme demeure, selon Fatima Yous, présidente de SOS Disparus, « une coquille vide sans aucune capacité effective à faire valoir les droits des familles des disparus ». Alors que Me Ksentini soutient que l'organisme qu'il préside dispose « d'un vaste mandat » qui lui permet d'entreprendre toute action appropriée en la matière, « sa mission est finalement de recenser les disparus, localiser leurs cadavres et indemniser leurs ayants droit ». Pourquoi ce dossier émerge plus d'autres à chaque fois qu'on parle des droits de l'homme en Algérie ? Parce que toute avancée positive dans l'actuelle réforme de la justice est entachée par ce dossier en souffrance, tiennent à le relever régulièrement dans leurs rapports des organisations comme la FIDH, Amnesty international ou Human Rights Watch. Pour celles-ci, « c'est une sorte de test qui est lancé aux autorités algériennes ». Cela n'empêche pas que depuis au moins l'époque où Kamel Rezzag Bara présidait l'Observatoire national des droits de l'homme (ONDH) et jusqu'à l'actuelle CNCPPDH de Ksentini, on constate « une amélioration sensible » de la situation. Mais il ne faut pas perdre de vue, disent des juristes, que l'instauration d'un Etat de droit passe, avant tout, par la volonté politique plus que par les textes de loi. Sur ce plan, l'Algérie n'a rien à envier aux pays les plus respectueux des droits de l'homme avec en plus des ratifications sans cesse des conventions internationales. En cela, la parenthèse ouverte en 1992 sera close, apparemment, avec le règlement du dossier des disparus.