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La propagation en Algérie est une question de jours
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 31 - 01 - 2011

Peut-on vraiment parler de propagation de la révolution tunisienne dans le reste du monde arabe?
L'impulsion des manifestants qui ont renversé le régime dictatorial de Zine El Abidine Ben Ali a soulevé des inquiétudes et des espérances chez les peuples arabes, de l'Atlantique au Golfe. Pour une explication profonde et un aperçu d'initié sur ce qui se passe au sud de la Méditerranée, nous avons interviewé Djamaledin Benchenouf, rédacteur en chef du journal en ligne Le Quotidien d'Algérie.
par Pedro CANALES, correspondant Maghreb.
Le 31/01/2011
- Quelles sont les causes profondes de cette révolte qui s'étend dans le monde
arabe?
Les causes en sont multiples et complexes. Mais nous pouvons dire, en substance, que depuis les périodes de décolonisation, des opportunistes politiques se sont embusqués derrière les mouvements de libération, et ont détourné, par nature, le cours naturel de l'histoire. En réalité, les peuples arabes n'ont jamais été réellement décolonisés. Un colonisateur a remplacé l'autre. Mais le nouvel occupant, qui est sorti du peuple, a souvent utilisé des méthodes de domination et de répression, encore plus brutales, et plus meurtrières que celle du colonialisme. Comme cela fut le cas en Algérie.
Mais je crois que le facteur aggravant de ces systèmes despotiques se trouve dans les ressources naturelles de ces pays, notamment celles des hydrocarbures. Sans ces richesses naturelles, ces régimes médiocres n'auraient pas pu tenir une seule année. Cette manne leur a permis, en plus de piller le pays, de corrompre de larges pans de la société. En Tunisie, le schéma est différent, parce que le régime Benali, qui a hérité d'une Tunisie déjà prospère, et construite sur des fondements rationnels, a squatté le pouvoir, sans détruire l'économie. Alors qu'en Algérie, le régime de Boumediène, pour asseoir son pouvoir, a détruit l'ensemble de l'économie, l'agriculture, l'artisanat, et le tourisme.
Quelle est la pire chose qui s'est passé dans ces pays?
Le pire a été la dévastation des valeurs civiques de ces sociétés. C'est ce qui explique deux phénomènes en apparence séparés, mais qui sont intimement liés: Les flux migratoires vers les pays du nord, et l'islamisation de la société. Parce que d'un côté, les populations tentent de fuir des sociétés où n'existent plus que les lois de la jungle, et que d'un autre côté, les sociétés aspirent à un renouveau moral et civique. Et elles croient le trouver dans un retour aux sources de l'islam.
- Certains pays sont déjà atteints. D'autres peuvent-ils suivre?
Oui, je crois que nous sommes partis pour une véritable déferlante. Aujourd'hui, grâce aux nouvelles techniques de communication et d'information, les sociétés prennent connaissance de l'actualité en temps réel. Et tous les peuples, non seulement arabes, mais aussi musulmans, qui vivent globalement dans les mêmes situations d'oppression, vont être concernées, plus ou moins. Je crois qu'à court terme des flambées de colère vont avoir lieu en Algérie, en Jordanie, au Yemen, et plus tard, peut être, en Lybie, en Syrie, où les systèmes sont verrouillés de façon plus complexe, puisque de larges couches de la populations, de véritables clans ethniques, participent au contrôle de la population.
Etait-ce inévitable tant de corruption?
Non, bien sûr. Nous n'avons pas eu de chance. Il s'est trouvé malheureusement que ceux qui ont véritablement fait la révolution étaient morts pour la plupart, à l'indépendance, et que ceux qui y ont survécu ont été, soit corrompu par le nouveau pouvoir, soit liquidés. C'est le cas un peu partout où il y a eu des phénomènes de décolonisation.
« En Algérie, aussi?
En Algérie, si les Ferhat Abbes, Benkhedda et autres n'avaient pas été écartés par Boumediene et Ben Bella, l'Algérie serait un Etat moderne et prospère aujourd'hui, sans doute. Il s'est trouvé malheureusement que ceux qui ont pris le pouvoir, se sont trouvés devant la nécessite d'acheter la collaboration de tous ceux qui pouvaient leur causer des problèmes, et ainsi l'Etat a mué en régime Kleptocrate et médiocrate.
- Le changement que beaucoup demandent, serait progressive ou radical?
Tout le monde souhaiterait une changement radical et total, mais il ne faut pas rêver. D'autres intérêts sont en jeu, qui décideront de la suite des évènements. Je crois que allons nous acheminer vers un changement du « personnel », sans véritable changement des systèmes, sauf que les abus les plus excessifs vont sans doute s'effacer pour un temps, pour un temps seulement, avant de se remettre en place. Mais qui sait ? Peut-être que les peuples se montreront plus vigilants, et moins manipulables. Espérons le!
- Un choc violent sera-t-il necessaaire pour déloger les
dictateurs en place?
Cela dépendra des Américains et de l'Europe. Tous les despotes savent que leur sort dépendra de ces puissances. S'ils sont contraints de ne pas abuser de la force, ils ne le feront pas, parce qu'ils savent qu'au moment de la fuite, ils n'auront pas intérêt à être mal reçus, là où se trouvent leurs colossales fortunes. Ils vont donc réagir aux soulèvements populaires en fonction des feux verts éventuels des puissances occidentales, mais aussi de leurs propres armées, où un vent de fronde commence à souffler, comme en Algérie, en ce moment. Vous pensez bien comment la révolté populaire aurait été réprimée, si les Américains n'avaient pas envoyé un signal clair à l'armée tunisienne.
- L'éruption populaire en Tunisie, en Egypte, en Jordanie, au Yemen, aura des
répercussions en Algérie?
Très certainement. C'est une question de jours, peut-être d'heures. Mais en Algérie, l'absence d'élites pour encadrer les manifestations peut devenir une arme à double tranchant. Une foule sans chefs, et sans consignes, peut se retourner contre elle, au point où les populations en arriveraient à préférer l'oppression du régime, que l'insécurité globale. En plus du fait, qu'en ce moment même, le régime tente de canaliser les manifestations par ses propres relais, pour faire croire que les populations ne cherchent pas à chasser le régime, mais juste à obtenir satisfaction sur des revendications totalement déphasées, comme la levée de l'état d'urgence.
Mais en Algérie, tout reste possible, y compris le basculement de l'armée contre le clan Bouteflika et le DRS. Même un coup d'état reste envisageable, en les circonstances actuelles.
- Quelle est l'attitude du peuple algérien envers ses dirigeants?
Le peuple algérien les honnit. Encore plus que le peuple tunisien à l'encontre du régime Benali. Il ne faut pas oublier que le régime algérien s'est servi de la crise islamiste pour perpetrer des carnages, et piller des dizaines de milliards de dollars. Et il ne faut pas oublier que le DRS et Bouteflia sont maintenant des alliés. Tout comme il faut savoir que le coeur du pouvoir, composé de quelques généraux, de la famille Bouteflika, et de quelques barons financiers, ont réussi à détourner des fortunes colossales. Au moment où les populations vivent des situations de grande misère, au milieu d'une économie de bazar qui coûte énormément d'argent, et qui compromet gravement l'avenir du pays. Saviez vous que le véritable taux de chômage en Algérie est de 40% environ ?
- Vous ne craignez-pas un bain de sang?
Comme je vous l'ai déjà dit, cela dépend de l'attitude des puissances occidentales. Si un signal fort est envoyé au DRS et à Bouteflika, la transition se passera relativement bien. Sinon, il faudra redouter un carnage, comme en octobre 88, et peut être pire.
- Suivant l'exemple de la Tunisie, les militaires algériens peuvent-ils écouter
le peuple et s'allier avec lui pour démocratiser le pays?
Oui, nous savons qu'un vent de fronde souffle au sein des officiers de l'armée algérienne. Tout est possible en ce moment. Il faut savoir aussi que le général Mediène, le parrain du DRS a dépassé les 70 ans et qu'il est très malade, semble-t-il, ainsi que son ami Bouteflika qui est aussi âgé, et encore plus malade.
- Peut-on songer à un Gouvernement de transition en Algérie comme en Tunisie?
Ce sera très difficile en Algérie, pour trouver un large consensus. Parce que le régime a fait en sorte que les seules forces organisées dans le pays mangent dans son râtelier. Tous les partis et les syndicats ont été soient corrompus, soit infiltrés, soit laminés. Ce sera donc beaucoup plus difficile que la Tunisie. Et c'est cet épouvantail que le régime agite, en laissant penser que les seules forces qui pourront récupérer la révolte éventuelle seront celles des islamistes.
Y a-t-il une alternative democratique au régime actuel?
Une totale démocratie, et un véritable consensus entre les vrais démocrates, et les islamistes modérés, pour assurer une transition tranquille et laborieuse, vers un véritable Etat de Droit.


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