Depuis la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, une intense campagne médiatique est menée par un certain nombre de médias occidentaux, qui s'acharnent à amplifier les informations ayant un lien avec ce qui s'est passé en Tunisie. En effet, ils sont à l'affût de la moindre nouvelle en provenance de pays arabes, notamment celles faisant état de manifestations de soutien devant les ambassades de Tunisie. Les cas de tentatives d'immolation par le feu enregistrées en Algérie et ailleurs sont traitées longuement et considérés comme des signes annonciateurs de troubles, à même d'emporter les régimes en place. Ne s'agit-il pas là d'une stratégie bien étudiée consistant à agiter l'épouvantail des manifestations populaires, que leurs agences du renseignement peuvent contribuer à déclencher à distance, pour maintenir leur emprise sur ces pays ? Il est clair que les régimes ayant des choses à se reprocher et redoutant d'être fragilisés céderont facilement au chantage. Ceci est valable particulièrement pour les Etats dont les ressources en matières premières, surtout le pétrole, sont importantes. Les lourdes conséquences de la guerre en Irak, difficiles à supporter par le Trésor américain, ont certainement donné à réfléchir aux uns et autres, qui ont recours désormais à d'autres moyens pour parvenir à leurs fins. Il faut croire que cette “Révolution du Jasmin” des Tunisiens est du pain béni pour les puissances occidentales, qui y voient une occasion en or pour faire plier les plus récalcitrants. Il suffit de voir les réactions des régimes arabes, ou parfois leur silence total, pour comprendre la gêne dans laquelle ils se trouvent, d'autant plus que leurs opposants ont appelé de leurs vœux à une éventuelle contagion. En Jordanie, près de 3 000 syndicalistes, islamistes et membres de partis de gauche, ont participé à un sit-in devant le Parlement à Amman pour protester contre l'inflation et la politique économique du gouvernement. “Nous souffrons des mêmes maux qui ont affecté la Tunisie, et nous devons mettre fin à l'oppression, ainsi qu'aux entraves aux libertés et à la volonté du peuple”, a affirmé le chef des Frères musulmans, Hammam Saïd. Au Koweït, des députés de l'opposition ont salué “le courage du peuple tunisien”. “Tous les régimes qui oppriment leur peuple et luttent contre l'identité arabo-islamique connaîtront le même sort”, a déclaré le député islamiste Walid El-Tabtabaï. À Khartoum, Moubarak El-Fadil, l'un des ténors de l'opposition soudanaise, a estimé que le pays était “prêt pour un soulèvement populaire”. Un groupe d'ONG arabes, “Forum de la société civile du Golfe”, a par ailleurs appelé l'Arabie Saoudite à ne pas laisser le président déchu, réfugié à Jeddah, s'installer sur “une terre du Golfe”. Au Yémen, un millier d'étudiants ont manifesté à Sanaâ, appelant les peuples arabes à se soulever contre leurs dirigeants et scandant : “Tunis de la liberté, Sanaâ te salue mille fois !”