«J'ai été convoqué à l'Inspection générale pour répondre d'une action judiciaire que j'ai intentée à l'encontre d'un chauffard en délit de fuite après un grave accident de la circulation routière. On m'a demandé de classer l'affaire sans motif valable.» Ce témoignage émane d'un magistrat qui a pensé avoir fait son travail selon sa conviction tel que lui confèrent ses prérogatives. Cette attitude qui intervient à la veille d'une marche nationale maintenue pour le 12 février prochain a mis le milieu des magistrats dans la wilaya de Annaba en effervescence. C'est une colère générale qui couve depuis des mois dans ce milieu sensible qui, selon plusieurs juges, risque de déclencher un mouvement de protestation dans les jours à venir. «Nous avons ras-le-bol des immiscions émanant depuis l'Inspection générale dans des procès dont les mis en cause ont pignon sur rue. C'est une atteinte flagrante à l'indépendance des juges qu'assure la Constitution», fulminent plusieurs d'entre eux, sujets également à des pressions. «Nous sommes devenus un outil que manipule notre tutelle selon le mercure politique. A titre d'exemple, les jeunes manifestants qui ont été arrêtés lors des dernières émeutes et condamnés à des peines de prison ferme sont actuellement libérables sur une simple demande», confirme un autre jeune magistrat. «En Algérie, a-t-il abondé, la justice n'est pas indépendante encore moins les magistrats.» Mohamed Fawzi Gaïdi Lectures: