Comment peut on rendre à ce point un peuple insensible. Ni les immolations par le feu, ni les pendaisons, ni les grèves de la faim, ni les morts en mer, ni les prises d'otages régulières, ni la cherté de la vie et la perte de la dignité qui fait notamment que des gens se nourrissent directement dans les poubelles, ou acceptent de voir leurs filles se prostituer pour leur amener de quoi se nourrir, ne font frémir ni n'amènent les gens à s'interroger sur leur devenir incertain et hasardeux. La drogue qui fait des ravages au sein de la jeunesse, la violence et l'insécurité qui gagnent du terrain tous les jours, la morale qui régresse et qui fait que les gens ne s'opposent meme pas ou n'osent même pas s'opposer par le verbe à des faits délictueux qui se comment sous leurs yeux, agressions de jeunes filles, de mères de famille de vieillards et de pères de famille, sont le lot quotidien des algériens et progressent sans que cela n'entraine d'alarme. Qu'est ce qui peut faire comprendre aux algériens qu'ils doivent se prendre en charge et « bouger, comme disent les jeunes d'Alger, pour manger du rouget ». Il est certain que ce n'est pas en restant dans l'expectative que les choses changeront et s'amélioreront d'elles même, loin de là, on descend de plus en plus dans les abysses et nous ressentons comme le plongeur cette pression qui s'exerce sur nous et qui devient intolérable à mesure que nous descendons dans les profondeurs de cet abime de misère intellectuelle et sociale. Lorsque les ressorts sociaux de l'Homme sont cassés, il en ressent une profonde inquiétude, une profonde tristesse et il sombre peu à peu dans la dépression, il se sent mal dans sa peau et la vie lui importe peu et il se voit agir à l'encontre de ses instincts de survie. Car de par sa nature l'Homme est social et ne peut vivre en dehors de la société et lorsque il ressent que celle ci le chasse ou l'exclut, il en meurt ou peut en mourrir. On ne peut dire que la société algérienne garde encore tous ses ressorts, sa trame est en train à l'évidence de se dissoudre de plus en plus et nous risquons de jour en jour des déchirures de plus en plus graves, qu'il échet dès maintenant de prendre en considération pour pouvoir juguler le raz de marée ou tout au moins le canaliser vers des lendemains plus sereins en essayant de garder le maximum intact. Ce n'est pas avec la force des armes et des gourdins qu'on remplace la cohésion sociale, au contraire, on ne fait qu'aggraver la situation de cette façon, puisqu'une société déchiquetée et qui n'a plus de raison d'être à tendance à agir de manière primitive, irraisonnée et n'a plus peur de rien, ni des armes ni de la force et qu'elle devient un raz de marée incontrolable et qui draine tout sur son passage comme un fleuve en furie pour le jeter à la mer. Le Rwanda hier encore faisait frémir le monde. Que les sages de ce pays se concertent et trouvent au plus tot une échappatoire à cette alternative inéluctable et dont les signes sont de plus en plus chaque jour, projetés au devant de nos consciences. Que ceux qui se targuent d'être des intellectuels, des patriotes et des responsables se remettent un instant en cause et choisissent entre leur vie éphémère et celle du pays qui a abrité leurs parents et ancêtres depuis des temps immémoriaux. Tout est perdu d'avance et il n'y a plus rien à perdre et tout à gagner. Tous autant que nous sommes, nous sommes tous responsables de notre pays et il est de notre devoir d'arrêter sa marche inexorable vers les abysses. Aujourd'hui vaut mieux que demain. Et il est maintenant certain que le train est en marche et que rien ne l'arrêtera, je ne pense pas que ce soit un événement propre à l'Algérie, mais la résultante de la mondialisation, un èvènement de l'Histoire, un autre bond quantitatif de la démocratie avant son bond qualitatif et qui touchera même l'occident. Il est évident maintenant que ce qu'on nomme en Algérie « l'opposition » n'est plus crédible aux yeux de cette jeunesse abreuvée de messages contradictoires et qui ne croit plus en la classe politique, cette classe politique dont une grande partie à émargé sur les rôles d'un système parasité et dont les plus honnètes ont été écartés bien que choyés par ce système. Cette jeunesse à besoin d'un sang nouveau, d'une nouvelle façon de faire de la politique, d'une nouvelle façon d'être mobilisée, d'une nouvelle façon de concevoir les rapports sociaux, sur des bases de compétence, sur des bases de savoir, sur des bases de justice. Le temps est définitivement révolu ou il faut recourir à des personnalités connues pour mobiliser les masses, les jeunes se mobilisent par eux mêmes grace aux méthodes modernes de communication et un simple sms relayé arrive aux confins de l'Algérie en quelques minutes, pour ne pas parler de l'internet. Le jour où cette jeunesse sera en mesure de bouger, les garde fous doivent être déjà en place, non pas pour l'empêcher d'agir, ce qui serait non seulement peine perdue mais dangereux pour tous, mais plutot d'éviter que le peu d'acquis de notre chère Algérie ne rejoignent le néant comme le reste et qu'on doive tout reconstruire à zéro, en d'autres termes de tenter de la canaliser dans la mesure du possible afin qu'elle arrive à ses fins sans trop de dégats. Ceux qui s'opposeront à cette jeunesse, ou ne l'assiteront pas, iront rejoindre leurs compères dans la poubelle de l'Histoire. M.J Lectures: 2