Au mois de décembre 2010, le ministère des Travaux publics avait rassuré le groupe pour un règlement imminent de toutes les factures… Le contentieux entre le consortium japonais, Cojaal, et l'Agence nationale des autoroutes (ANA), portant sur le non-paiement des factures, n'a toujours pas été assaini. Ce qui a mis les Japonais dans une mauvaise situation, se traduisant par un lourd ralentissement des travaux de réalisation du tronçon Constantine-frontière tunisienne de l'autoroute Est. Dans une déclaration à El Watan, le chargé de communication du ministère des Travaux publics, Omar Oukil, avait reconnu, au mois de décembre dernier, un retard de paiement d'une facture de 300 millions d'euros, tout en affirmant que le règlement de ce montant était incessant. Or, selon des sources proches du consortium, à ce jour «la somme n'a toujours pas été versée. Ce qui s'est traduit par d'énormes problèmes financiers qui ont entravé le bon déroulement des travaux». Selon notre interlocuteur, cette situation a poussé le consortium à puiser de ses fonds propres pour injecter 30% du montant du marché et redresser quelque peu le déséquilibre. Il explique que les «nombreuses» réunions tenues avec les responsables de l'ANA «n'ont abouti à rien, poussant le groupe à injecter une seconde fois et sur ses fonds propres, l'équivalent de 88 milliards de dinars. A la fin de novembre 2010, l'ardoise a atteint 91 milliards de dinars». Tout en exhibant les factures non honorées, il tient à souligner que les retards dans la réalisation du lot unique Est, de 200 km, reliant Constantine à la frontière tunisienne, ne sont pas le fait du groupe. «Ils sont d'ordre technique et contractuel liés à des problèmes de glissement de terrain, de matériaux de remblai à utiliser en zone inondable, la prise en charge des travaux supplémentaires non prévus sur le marché initial tels que les échangeurs, les barrières et les multitubulaires, difficultés de dédouanement de matériels et matériaux importés du Japon, entraves empêchant le développement rapide des travaux d'où le dépassement des délais de réalisation. Or, pour parachever ce tracé de 400 km au plus vite, on doit prendre tous les règlements en retard de paiement ainsi que le paiement des travaux supplémentaires qui n'étaient pas prévus dans le contrat et qui s'élève à 30 milliards de dinars.» Ces révélations rejoignent celles publiées par la presse nippone au mois de décembre 2010, faisant état d'une facture de 1,19 milliard de dollars que le gouvernement algérien «ne veut pas payer» à Cojaal. Le journal avait même affirmé que ce contentieux a été au centre des discussions à Alger entre le ministre des Affaires étrangères japonais en visite à Alger au mois de décembre dernier avec son homologue algérien. Des promesses ont été données pour que le contentieux soit assaini dans les plus brefs délais. Mais selon toute vraisemblance, cela n'a pas été le cas. Omar Oukil avait expliqué à El Watan que le ralentissement constaté dans les chantiers de Cojaal à l'est du pays est dû «à la nature géologique de la région» et précisé que ces projets «n'ont rien à voir avec l'autoroute, dont les opérations ont été totalement payées», précisant : «Il y a eu entre autres le rajout de 16 ouvrages d'art, 5 rétablissements, 9 dédoublements et des ouvrages de franchissement de lignes de chemin de fer à l'ouest qui n'étaient pas prévus dans l'étude initiale. Ils ont nécessité une nouvelle procédure administrative. Ce qui a retardé quelque peu le paiement de la situation.» Pour de nombreuses sources, le retard du paiement des factures constitue en réalité les dommages collatéraux du scandale de l'autoroute Est-Ouest, dont l'instruction judiciaire se poursuit toujours. Depuis l'éclatement de cette affaire, l'administration s'est retrouvée comme paralysée. Les responsables n'avaient plus les coudées franches pour prendre toute décision administrative, sans se référer aux plus hautes hiérarchies, occasionnant des retards énormes en matière de règlement de factures à tous les niveaux. Aujourd'hui, le groupe japonais risque de jeter l'éponge vu l'importance des montants non honorés par le gouvernement algérien. La décision serait trop grave et entacherait lourdement la crédibilité de l'Etat. Salima Tlemçani Lectures: