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l'Université et les étudiants algériens floués par le système LMD….
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 08 - 03 - 2011

Tout ce que j'ai prédit depuis 2008, vient de se confirmer : le système LMD tel qu'il a été conçu et appliqué par le MESRS et ses experts s'est révélé au grand jour comme un grand fiasco. Les protestations et les manifestations estudiantines en cours, suivies de grèves depuis quelques semaines, donnent raison à tous les enseignants nationaux qui, à mon instar, n'on cessé d'alerter les pouvoirs publics sur les dangers que comporte cette réforme bâclée, précipitée et hâtive, mais que ses défenseurs, en premier lieu le MESRS, n'ont de cesse de présenter comme une grande « innovation » destinée à produire de la « Performance » et de l' « Excellence ». Mots plus grandiloquents que grandioses, mais qui ont le mérite cependant d'occulter aux yeux des profanes, et aux yeux des naïfs aussi, le caractère importé de ce « modèle » dont l'imitation et l'application mécanique en contexte algérien a eu pour effet désastreux de susciter des désordres inextricables dans les esprits aussi bien des émetteurs ( les enseignants) que dans celui des récepteurs ( les étudiants). Les approches de transmission des connaissances, comme le contenu même de ce modèle LMD tant célébré et chanté sur tous les tons et sur tous les airs par le MESRS et ses experts plus intéressés que consciencieux et compétents, demeurent en fait confus, vagues et indécis.
Les instigateurs de ce prétendu projet de réforme de l'Enseignement supérieur ne se rendent pas compte ou font semblant de ne pas savoir à quel point ils ont porté de graves préjudices à ce secteur vital de la nation en transportant et en transposant un « modèle » exogène inadapté au contexte national.
Les raisons légitimes de la colère estudiantine
Les causes de cette levée de bouclier étaient prévisibles. Le système LMD dont la tutelle reconnaît qu'il « représente une architecture d'enseignement supérieur inspirée de celle en vigueur dans les pays industrialisés », (cf. site du MESRS) constitue le motif essentiel de ces protestations généralisées et qui se justifient justement par le fait que ce système « copié » se trouve appliqué chez nous de manière chaotique. Sa prétendue « architecture » se réduit à ses initiales empruntées et que la tutelle a reproduites telles quelles sur son site. Elle prétend que ce système LMD « repose sur une architecture à trois (03) cycles de formation, sanctionné chacun par un diplôme agrée et reconnus mondialement ». Dire que ce diplôme est « reconnu mondialement » relève en fait d'une entorse faite à la vérité, et qui ne résiste guère à l'épreuve des faits. Les faits disent que l'espace européen n'accorde pas d'équivalence à nos diplômes, qu'ils soient produits par le système classique ou par celui copié du LMD. La raison en est simple : c'est que le contenu et les méthodes d'enseignement qui président à la formation des trois cycles dans notre pays sont bien en deçà de ceux dispensés en Europe. Cela est prouvé par maintes données et comparaisons internationales.
Nos étudiants eux-mêmes comme nos enseignants, y compris les plus suivistes d'entre eux, ne sont pas dupes et savent que ces diplômes délivrés ou qui vont l'être ne valent pas une once de valeur. Les protestations et les grèves en cours traduisent une prise de conscience claire et distincte chez les étudiants quant à l'avenir que leurs réservent ces diplômes démonétisés par anticipation. Au plan national, leur valeur sera d'autant plus faible que leurs futurs porteurs auront peu de chance d'avoir des postes ou des emplois qui répondent vraiment à leurs rêves, désirs ou attentes ; au plan international, leur cote ou leur parité sera exactement ou presque proportionnelle à la valeur de notre DA- cette monnaie de singe- qui, rapportée à l'euro donne la mesure vertigineuse de l'écart : 140 DA pour obtenir un euro ! Les étudiants ont compris au bout de quelques années de mise en application de ce système introduit chez nous comme par effraction qu'ils ont été bel et bien grugés, et se sentent d'ailleurs comme les véritables dindons de la farce…Comme les enseignants qui n'ont pas été consultés lors du « copiage » ou du « plagiat » honteux de cette prétendue belle « architecture », ils ont été joués par le MESRS qui, par une sorte de mépris hautain, n'a pas daigné les associer à ses réflexions « réformatrices ». Le résultat est là : irréversiblement catastrophique !
Théoriquement comptables et responsables devant la nation de cette gestion désinvolte de la chose scientifique, le ministre actuel et « les experts » qui l'ont « conseillé » ou « trompé » devraient, s'ils étaient fidèles à l'éthique et à la déontologie dont ils se prévalent, donner leurs démissions et faire amende honorable. Mais il est fort improbable, en effet, qu'aucun d'eux ne reconnaisse ses fautes ou ses responsabilités dans cette dérive dangereuse de l'enseignement et de la recherche qui est en passe de mener notre pays vers l'abîme.
Le LMD, pomme de discorde et de friction
Censé être le sésame ouvrant les portes de l'avenir, le LMD se révèle au bout du compte comme une véritable impasse, une voie de garage pour ceux qui s'y sont engagés. Le classique n'est pas en reste. Les deux systèmes en cohabitation, dont le second touche en principe à sa phase finale d'extinction, ont suscité des frictions, des jalousies, voire même des animosités entre les étudiants des deux systèmes parallèles. Dans certains établissements, les étudiants du LMD se sentent lésés par ceux du classique, et ceux du classique leur reprochent d'être mieux servis et mieux gâtés qu'eux. Ceux du Master 1 en particulier se montrent hostiles à ce que les étudiants du classique empiètent sur leur périmètres « sacrés » et de revendiquer le droit d'entrée dans leur système « réservé » en optant pour le master. Autrement dit, certains des étudiants du LMD prétendent que le système classique menace leurs intérêts et les prive de certains de leurs « droits », et c'est pourquoi ils voient d'un mauvais œil le retour au magister qui menacerait selon eux le LMD sur lequel les étudiants du classique lorgnent. Ces divergences se sont manifestées surtout à l'université de Msila mais que les étudiants qui viennent de se constituer en un collectif dénommé « Etudiants Libres » tente de résorber en tendant la main à leurs camardes du LMD dont quelques uns se montrent rétifs au débat et tiennent à préserver ce qu'ils considèrent comme « un acquis » de taille… Pourtant ces étudiants du LMD, quoique qu'ils puissent rêver pouvoir tirer leur épingle du jeu, ils ne sont pas sortie pour autant de l'auberge, puisqu'ils se trouvent confrontés à une foule d'incertitudes quant à la valeur de leurs futurs diplômes, valeur qui ne semble pas leur garantir la carrière désirée et désirable.
Les étudiants du LMD et ceux du classique logés à la même enseigne
L'une des revendications essentielles des étudiants du LMD porte sur la valorisation de leur échelle, qui est de 11. Il faut que celle-ci passe, comme le magister, à l'échelle 13, et que le master soit égal, en valeur, au magister. De leur côté, les étudiants du classique demandent d'être admis dans le master 1, et que cette admission se fasse sans sélection, mais seulement sur le mode d'examens. Ceux du LMD s'estiment lésés par l'échelle 11 qui leur est affectée, et par le fait qu'ils désiraient effectuer quatre ans d'études en vue d'une licence classique, et les voici qui se retrouvent avec une licence LMD dévalorisée correspondant à une formation professionnelle, qu'on peut acquérir sans la détention du BAC. Avec un tel diplôme, ils ne peuvent enseigner ni au moyen ni au lycée, mais seulement dans le primaire, ce qui n'est pas une réussite, mais bel et bien une voie de garage. Autrement dit, la licence de trois années affectée de l'échelle 11 équivaut à un diplôme de technicien des écoles de formation professionnelles qui ne requiert pas le BAC, alors que le titulaire de la licence classique peut enseigner dans le cycle secondaire et moyen. Quant au master 1 et 2 , ils sont ouverts uniquement à un nombre de licenciés très restreints, en raison de la carence d'encadrement, en particulier dans les sciences sociales et humaines ( lettres, langues, droit, histoire, sociologie…). Compte tenu de ce filtrage que double un cruel déficit en encadrement de qualité, nous aurons affaire à un grand écrémage d'où des milliers de licenciés seront exclus d'office du master. Le « système Haraoubia », qui conjugue ses effets pervers au « système » non moins pervers de Ben Bouzid, le patron inamovible de l'Education nationale, auront des conséquences néfastes sur l'ensemble du système éducatif national et ne manqueraient pas de provoquer de graves conséquences sociales et politiques à plus ou moins longue échéance. Avec la population juvénile qui augmente sans cesse et le taux de réussite anormalement élevé du BAC ; avec le rétrécissement du marché de l'emploi, la crise du logement qui reporte l'âge du mariage aux calendes grecques ; avec la cherté de la vie et l'accroissement de la délinquance juvénile et criminelle, on peut s'attendre à des explosions sociales que nul ne saurait contrôler. Il faut être aveugle pour ne pas voir la réalité en face ou de feindre de ne rien y voir.
Comme on vient de le voir, les étudiants aussi bien du LMD que ceux du classique sont logés à la même enseigne, puisqu'ils souffrent tous d'un mauvais encadrement, de mauvaises conditions d'accueil, d'orientation pédagogique et d'avenir bien défini, quant aux diplômes qui paraissent être des papiers dévalués par avance.
Le système Haraoubia qui prolonge et complète à merveille le système de Ben Bouzid, contribue à la crise morale de la société, et surtout à la radicalisation de cette masse de jeunes lycéens, qui, « reçus avec succès au Bac », finissent par s'échouer à l'université où ils gonflent démesurément les effectifs des « inutiles ». A ce stade, les « heureux reçus au Bac » de la veille connaissent dès la première année de fac des rejets considérables, suite à des déceptions et à des découragements liés tant aux mauvaises orientations pédagogiques qu'à la médiocrité de l'encadrement constitué pour une grande part d'anciens maîtres d'école, de collèges et de lycées devenus maîtres assistants, Maîtres de Conférences A et B ainsi que des docteurs dont certains se signalent par un vocabulaire peu fleuri et par un style de communication rêche.
Ces exclus, que deviennent-ils ? Ils vont grossir les rangs des désœuvrés et des chômeurs forcés, mais qui tiennent fermement les mûrs (« les hittistes »). Bientôt rejoints par d'autres exclus venus d'horizons sociaux divers, ils finiront par former une masse de « réservistes » désœuvrés, disponibles et prêts au moindre suggestion d'un halluciné pour entrer dans une danse macabre …
Le LMD, style Haraoubia, signifie tout, sauf la performance et l'efficacité. Sur le papier et dans le discours, on parle de tutorat, de supports pédagogiques, d'encadrement de qualité, d'accueil par chaque enseignant de ses étudiants au moins trois heures par semaine, etc., choses qui n'existent pas en réalité, mais dont s'efforce de faire croire qu'elles sont réunies. On ouvre dans presque tous les établissements, et à tout bout de champ, des filières et des spécialités, sans tenir compte des capacités pédagogiques limitées ni du déficit cruel en matière d'encadrement.
Les grèves actuelles des étudiants ne sont pas seulement une réaction à ces insuffisances flagrantes ; elles sont également une réponse à ces mensonges qui s'efforcent de faire accroire que ce n'est pas le LMD, en tant que projet de réforme qui « cloche », mais ce sont surtout et globalement les enseignants qui sont « nuls », et qui font, par cette même nullité supposée, échouer l'entreprise courageuse et hardie du MESRS et de ses « brillants » experts. Mais alors pourquoi n'avoir pas pris dès le départ en compte cette « tare » dans les prévisions, ce qui nous aurait éviter ces errements ? Pourquoi avoir lancé ce projet inspiré des « grands pays industrialisés » tout en sachant que les conditions de sa réussite n'étaient pas réunies ? Le MESRS dispose bien de statistiques pour savoir le taux exact de l'encadrement recuis pour la réalisation d'un tel projet, ainsi que d'experts pour évaluer les points forts et les points faibles de notre système d'enseignement et de recherche et de décider en conséquence. Or, ce travail préalable, d'analyse et de prospective, ne semble pas avoir été mené comme il le fallait, et d'où les déboires. Les choses ont été faites avec précipitation et dilettantisme. Cela nous coûte cher en termes d'argent, de déperditions de temps et d'énergies. L'échec du LMD a un « coût politique » aussi, puisqu'il ne constitue pas un gage de succès, ni source de satisfaction pour ceux auxquels il est destiné, mais un motif de mécontentement et de malaise, qui ne manquerait pas de déborder le cadre de nos universités. Derrière les étudiants frustrés ou exclus, il y a les parents, puis la société, mais aussi l'Etat qui, tous, doivent faire face à ces immenses volumes d'insatisfactions et de mécontentements qui pourraient bien se muer en émeutes ou en révoltes dangereuses/
On voit bien la part de la responsabilité tant politique que morale qui revient au Ministre Haraoubia et de son département dans ce fiasco, source des conflits actuels.
C'est pour ces raisons, entre autres, qu'ils réclament un encadrement de qualité, et la possibilité d'accéder au master avec le retour de la licence à l'échelle 13. Par ailleurs les déperditions dans le système LMD sont nombreuses en raison de l'orientation imposée, en particulier dans les sciences humaines, où le fameux système de tutorat n'a jamais été appliqué. La discrimination instituée entre les ingénieurs des grandes écoles et ceux des universités est un autre comble de l'arbitraire. Par le biais de cette discrimination, on veut créer des écoles élitistes, à l'imitation de la France napoléonienne. Les ingénieurs des grandes écoles, détenteurs de BAC+5, on leur donne la possibilité d'accéder au master 2, et peuvent s'inscrire en doctorat, de même que ceux des écoles préparatoires de certaines grandes universités réputées plus prestigieuses. En revanche, ceux des universités considérées comme « mineures » ou moins « importantes » ( comme Msila, Ouargla…), n'ont pas cette possibilité au motif qu'ils sont bien moins « brillants » que ci- devants Certaines écoles, considérées manifestement comme peu « prestigieuses », telle l'Ecole supérieure de commerce (ESC) d'Alger se voit rétrogradée, puisque les étudiants de cette Ecole ont exprimé bruyamment leurs mécontentements en disant que leur diplôme a connu une dévaluation, passant de l'échelon 13 à l'échelon 11 au niveau de la fonction publique.
Ce n'est pas le LMD ou sa transposition en Algérie qu'il faut incriminer. Ce sont surtout la qualité de l'encadrement, qui reste fort insuffisant ou médiocre dans certains cas, ainsi que la carence des supports pédagogiques, qui sont en cause. Lorsque on a affaire une pléthore d'enseignants mal formés ou dont le cursus « académique » est marqué d'un bout à l'autre par une trajectoire heurtée, sinueuse, sinusoïdale ( comme ces anciens enseignants des collèges et des lycées devenus soudain professeurs de faculté), il ne faudrait pas s'attendre à ce qu'ils dispensent un enseignement de qualité. Par ailleurs ceux des enseignants qui détiennent de réelles compétences dans leur spécialité, ils se trouvent confrontés à l'incapacité d'assumer pleinement leurs missions pédagogiques en raison de l'absence de moyens mis à leur dispositions ( bureaux, téléphone, fax , ordinateurs…). Le suivi des étudiants, comme le tutorat, par exemple, suppose que l'encadreur ait non seulement le temps nécessaire à consacrer au « thésard » », mais aussi et surtout des équipements pédagogiques et une autonomie scientifique à l'égard de l'administration et de ses interférences envahissantes. Il lui faut également un logement décent et situé de préférence à proximité de son lieu de travail. Or, ce qu'on constate, c'est que la plupart des enseignants, et notamment ceux de Msila, habitent en majorité à des distances très éloignées de cette ville, et le temps consacré en trajet s'avère bien plus important que celui investi dans leurs missions pédagogiques.
La valeur fictive du LMD
Dans une série d'articles que j'ai publiés dans la presse nationale durant l'été 2008, et tous consacrés au « LMD »[1], j'avais dénoncé la supercherie que celui-ci comportait en montrant par de nombreux exemples ses caractères anti-pédagogiques et inopérants. Outre qu'il était, y ai-je dit, une pâle copie du système européen, il comportait le risque de ne pouvoir être appliqué avec succès en Algérie en raison tant du manque d'encadrement, qu' en raison du fait que le pays n'était pas partie prenante de l'élaboration du processus de Bologne qui avait donné naissance au LMD, et ne pouvait pas profiter de ce fait des échanges scientifiques, des contenus et des méthodes mis en œuvre dans le cadre de cette réforme qui concerne avant tout l'Europe, ses attentes, ses besoins et ses objectifs stratégiques sur le long terme. On a oublié que nous sommes pas insérés dans l'espace européen, que nous n'avons pas les mêmes moyens matériels et humains que l'Europe, ni par conséquent, les mêmes capacités d'absorption de nos excédents de diplômés. Nos étudiants en « LMD » ne bénéficient ni d'encadrement de qualité, ni de mobilité, ni de séminaires permanents, ni de suivis pédagogiques, ni d'initiation aux enquêtes du terrain, ni moins encore de stages en entreprises, comme cela se fait dans l'espace européen. Notre économie de « bazar », appelée à tort et à travers « économie de marché », ne permet pas d'établir des passerelles entre l'université et les entreprises publiques et privées, et c'est ce défaut d'interdépendance qui fait que nos formations universitaires demeurent amputées de cette dimension essentielle que constitue le monde de l'entreprise, lieu d'apprentissage, de découverte et de mise en pratique de la théorie
On peut dire qu'avec le recul du temps, mes analyses de 2008, relatif au LMD se confirment aujourd'hui, puisque les étudiants de ce système le contestent pour la plupart et exigent son annulation pure et simple.
En affectant ainsi une valeur purement artificielle au système LMD par rapport au système classique, valeur qui ressort plus de l'ordre de l'idéologie que de la science et de l'efficacité, le MESRS pousse sans le savoir peut-être à la dévalorisation du diplôme national et à l'incitation à la médiocrité déjà triomphante dans le domaine de l'enseignement et de la recherche scientifique, en particulier dans les sciences sociales et humaines réduites à la compilation, au plagiat et au remplissage dont les cours dispensés et les polycopies distribués aux étudiants en sont la preuve des plus éclatantes. Les enseignements dispensés dans le cadre du LMD, dont le contenu se réduit au sigle, balisent déjà le terrain à la dévalorisation exubérante des diplômes qui en sont issus, et donc à l'accroissement d'une masse de plus en plus importante de postulat aux fonctions d'enseignants universitaires mal lotis en matière de connaissances et d'approches méthodologiques, puisque les enseignements reçus au cours de ce cursus par l'impétrant sont souvent bâclés.
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[1] .Voir El Watan du 14 et 16 août 2008, entre autres.
Lectures:


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