Le peuple syrien, tenu d'une main de fer par la famille El ASSAD, le père puis le fils, mais aussi par le clan alaouite et le parti Baath, depuis 42 ans, a pu enfin faire tomber le mur de la peur, et sortir dans la rue, pour revendiquer son droit à la dignité, et à la démocratie. C'est grâce à Facebook et Al jazeeera, qui sont décidément devenus des relais révolutionnaires puissants, que ces manifestations sont devenues possibles. Il faut savoir que la Syrie est sans doute, avec l'Irak de Saddam Hussein, le pays le plus policier du monde. Les redoutables « moukhabarates » sont omniprésents. Jusque dans la poche, dit-on dans ce malheureux pays. Presque tous les syriens adultes sont fichés, et suivis à la trace. Le nombre d'agents des moukhabarates sont partout. Au point où un syrien ne fait confiance à personne, y compris parmi ses proches et ses amis. Une simple allusion à la dictature, ou la plus petite critique du régime pouvait valoir des conséquences terrifiantes. Cela n'est plus le cas, depuis que la révolution de jasmin a ébranlé les fondements du despotisme arabe. La Syrie n'est plus en reste. La jeunesse a investi la rue, et ne craint plus de crier sa colère, et d'exprimer ses légitimes revendications. Pris de court, le régime a réagi très violemment, en faisant tirer sur la foule. Il semble que les victimes se comptent par dizaines de morts. Des centaines d'arrestations ont visé des jeunes qui avaient été repérés par les mouchards des « moukhabarates » et les vidéos qui circulent sur le net. Mais cela n'a fait qu'intensifier la contestation. Le régime, qui semble tout à fait désorienté, ne sait plus comment appréhender les évènements. Après avoir ordonné la répression, et avoir accusé l'ennemi extérieur, comme ses autres compères de Tunisie, d'Egypte, de Lybie, du Yemen et de Jordanie, voici qu'il fait marche arrière. Il a désavoué un gouverneur, qu'il aussitôt destitué, libéré tous les jeunes arrêtés, et promis des augmentations de salaires, ainsi que de nombreuses autres mesures sociales de replâtrage. Trop tard, et trop peu, vraisemblablement. Le train de la révolution est parti, en Syrie aussi. Et les trains ne s'arrêtent qu'en gare. Celle vers qui tendent les rêves des jeunes Syriens s'appelle « La Gare de la Liberté! » D.Benchenouf