Nous apprenons par « Al Jazeera » qu'une branche dissidente du MSP, dite faction de Menasra, vient de créer un parti politique dénommé « Front du Changement National ». Au sein du Front du Changement National, qui existe depuis le 19 mars 2011, et dont l'intention a été publiquement affichée depuis le 19 mars 2009, les membres fondateurs ont été stupéfaits par ce piratage éhonté de leur sigle. Nous comprenons mal, même si nous en devinons les intentions chafouines, comment un groupement qui prétend s'opposer au régime, qui est censé être au fait de l'actualité politique, et qui ne peut ignorer par conséquent la naissance du FCN, puisse ainsi mettre le grappin sur une dénomination crée et revendiquée publiquement par ses fondateurs, avec une déclaration, une plate forme d'action, et des objectifs politiques clairement définis. Un FCN dont le compromis politique, les objectifs et les formes d'action ont été débattus sur LQA, l'organe de l'Appel du 19 mars 2009, pendant deux années, jour pour jour. Deux faits retiennent notre attention, et démontrent que ce « piratage » n'est ni fortuit, ni innocent. D'abord le timing. Pourquoi, en effet, avoir attendu que le FCN soit créé, pour en inventer un autre ? A ce moment précis. Ce succédané de FCN a été créé une semaine après la création du FCN authentique. En des circonstances qui annoncent de grands bouleversements. Qui aurait empêché ces gens, si tant est qu'ils sont sincères, d'opter pour un autre sigle ? Non ! Il a fallu qu'ils volent celui-ci précisément, parce qu'un plan a été échafaudé. Parce que le FCN a été évalué par les forces de l'ombre comme une vraie menace pour leur survie. Le deuxième point, et qui montre la précipitation dans laquelle s'est déroulée cette initiative, est que hormis un discours de circonstance, et un meeting qui a bénéficié de facilitations zélées, de la part de l'administration, ceux qui nous ont concocté ce clone de FCN, sans aucune consultation patente de ses membres, n'ont même pas eu le temps de préparer un programme, aussi hâtif soit-il. Il fallait parer au plus pressé, et ne pas laisser le champ à des gens qui se sont résolument engagés pour un changement radical et pacifique du système. Trop dangereux pour les laisser faire. Il fallait les parasiter, injecter une contrefaçon dans le paysage politique. Un parti maison, qui bénéficiera, bien sûr, de toute la sollicitude de ceux qui tiennent le bon côté du manche. Et les cordons de la bourse. Nous ne sommes pas particulièrement adeptes de la théorie du complot, mais cette copie du FCN ressemble étrangement aux partis qui avaient été créés par le DRS pour contrer le FFS et le FIS, et aux syndicats maisons, qui avaient été lancés en catastrophe, pour disperser les salariés qui s'apprêtaient à rejoindre de nouveaux syndicats autonomes. Mais malgré cela, l'outrance n'a pas été poussée au point de copier-coller un sigle. A ce point, ils auraient pu, tout aussi bien, prendre les noms des membres fondateurs. Bien sûr, ils ne vont pas manquer de nous opposer des arguments légaux. Ils vont nous dire bien sûr, que nous ne sommes pas agréés par l'Etat sous ce sigle, que nous n'avons pas d'existence légale. Et c'est ce qui fait notre différence avec eux. Parce que le FCN authentique, qui a décidé de se mettre aux côtés du peuple algérien, pour chasser ce régime, n'a pas besoin de celui-ci pour exister, ni de ses subventions, ni de ses injonctions à la presse, pour se faire connaître. Nous comprenons maintenant pourquoi les médias algériens ont massivement boudé la création du FCN authentique. Gageons que dès demain, l'annonce de la création de cet avatar du FCN va être relayée par tous les journaux. Peut-être même par les radios et la télévision algériennes. Mais nous nous réjouissons, d'une certaine manière, de cette sournoise initiative . Non seulement elle aura eu le mérite de démasquer certains parmi ces islamistes de service, qui apparaissent aujourd'hui sous leur véritable jour de baltaguias politiques, mais cela nous aura appris, de surcroît, que le FCN authentique a inquiété les officines du régime, au point de les pousser à adopter une attitude aussi saugrenue qu'elle est stupide. Le peuple reconnaîtra les siens! Pour le bureau provisoire du FCN Salah-Eddine SIDHOUM