La crise que vit le MSP s'intensifie. Des députés du clan Menasra ont claqué la porte pour créer leur propre groupe parlementaire, «le groupe du changement». Le conseil national du parti se réunit aujourd'hui à Zéralda pour «doter ses cadres d'outils, en vue de faire face à la dissidence». Le divorce entre le leader du MSP, Bouguerra Soltani, et son concurrent, Abdelmadjid Menasra, qui vient de lancer son propre mouvement, est désormais consommé. Dernière illustration en date, la démission supposée d'une vingtaine de députés à l'Assemblée populaire nationale (APN), qui ont décidé de créer leur propre groupe parlementaire dénommé «Le groupe du changement». Selon un des démissionnaires, en l'occurrence Abdelaziz Mansour, député de Boumerdès, ils seraient 28 à avoir claqué la porte pour protester énergiquement contre les agissements de Soltani qui joue la carte de l'exclusion. Ils lui reprochent de les avoir écartés car ils n'étaient pas de son côté lors du 4e congrès. Joint hier à ce propos, Ahmed Issaâd, chef du groupe parlementaire du MSP, tout en regrettant «amèrement» cette scission qu'il confirme par ailleurs, tient à affirmer : «Pour le moment, nous n'avons reçu aucune démission. Certes, ça fait plus de 6 mois qu'on vit cette situation, ce n'est pas un fait nouveau, ce mouvement dit de changement, mais je peux vous affirmer que le nombre de dissidents ne saurait excéder 16 députés sur les 51 que possède le parti.» Notre interlocuteur s'en remettra à l'épreuve du terrain «qui jugera». «Nous continuons notre travail dans la sérénité comme nous l'avons toujours fait», a-t-il dit. Autre son de cloche chez Ahmed Dane, du désormais parti de Menasra. «Nous ne reconnaissons pas de légitimité à Issaâd. Notre requête a été adressée à Abdelaziz Ziari pour l'informer de notre volonté de créer notre propre groupe», a-t-il dit, considérant désormais «qu'un séisme a touché la structure du MSP». Pour lui, ils sont bel est bien 28 députés à avoir quitté le groupe parlementaire du MSP. Interrogé sur les activités du nouveau parti, notre interlocuteur fera savoir qu'un programme de travail est en cours d'élaboration. «Nous nous réunirons la semaine prochaine pour le finaliser.» «Ce qui est sûr, a-t-il ajouté, c'est que nous faisons un travail continu au niveau des communes. Notre mouvement est ouvert à tous les militants et autres citoyens. Je suis persuadé que des milliers vont nous rejoindre.» Le chargé de communication au sein du MSP, Mohamed Djemaâ, tente de minimiser la crise. «Certes, la dissidence qui s'est déclarée après le congrès s'est maintenant officialisée. C'est peut-être aussi l'effet de la médiatisation», a-t-il commenté. Notre interlocuteur tient à réaffirmer que «90% des militants sont avec la légalité». pour lui, ceux qui suivent Menasra sont une infime minorité. Pour illustrer ses propos, Djemaâ rappellera l'opération de collecte de signatures pour le candidat Bouteflika, à laquelle se sont livrés les deux clans, chacun de son côté. «Nous avons collecté 1800 signatures d'élus alors que Menasra et ses partisans n'en ont récolté que 150», a-t-il précisé. Même s'il minimise les effets de la crise, notre interlocuteur fera savoir que la session du conseil national du mouvement qui se tient aujourd'hui à Zéralda sera en grande partie consacrée à cette crise. «Nous réunirons aujourd'hui (hier soir, ndlr), les instances et structures du parti, entre autres les présidents des bureaux de wilaya, pour les doter d'outils en vue de faire face à la dissidence et demain (aujourd'hui, ndlr), nous poursuivrons les travaux du conseil national», a expliqué Djemaâ tout en précisant que ces rencontres ont été prévues bien avant l'annonce de Menasra de lancer son propre parti. Evoquant l'ordre du jour du conseil consultatif, notre interlocuteur dira : «La matinée sera consacrée à la poursuite des travaux avec les structures alors que durant la séance de l'après-midi, deux points seront traités. Il s'agit en premier lieu d'aborder l'aspect politique dans lequel nous ferons notamment le bilan de la campagne électorale. Mais nous n'omettrons pas de débattre de l'actualité, c'est-à-dire ce qui se passe au sein du mouvement. C'est tout à fait logique.» La dissidence n'a décidément laissé personne indifférent. L'issue du conseil consultatif du MSP nous renseignera davantage sur l'ampleur de la crise qui touche le mouvement.