LES «RESIDENTS» ONT MARCHE HIER À ALGER La matraque pour les médecins Le Soir d'Algérie 05 mai 2011 Les médecins, dentistes et pharmaciens résidents ont marché hier à Alger et promettent de marcher encore et encore, jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites. D'El-Mouradia où ils se sont rassemblés jusqu'à la place du 1er – Mai, ils ont manifesté pacifiquement et se sont surtout ingéniés à scander des slogans exprimant leur ras-le-bol. Lyas Hallas – Alger (Le Soir) – Brutalisés par la police antiémeute qui les a empêchés de se rapprocher de la présidence — ils devaient tenir à partir de 11h un sit-in place Mohamed- Seddik-Benyahia à El Mouradia —, un premier groupe de résidents est poussé à descendre plus bas où ont été bloqués leurs camarades. Bien plus nombreux ainsi, ils n'ont pas tardé à briser le cordon de sécurité et à marcher tout au long de l'avenue de Pékin et de celle de l'Indépendance, jusqu'au Champ-de-Manœuvres où ils se sont rassemblés encore une fois devant le CHU Mustapha. En plus de ceux d'Alger, des médecins, des dentistes et des pharmaciens résidents sont venus d'Oran, Blida, Tizi-Ouzou… Ils étaient presque un millier et les policiers — le dispositif n'était pas si important en tout cas — n'ont pu les contenir. Et même si la marche a perturbé la circulation sur ces deux axes, les klaxons des automobilistes ont ajouté à l'ambiance des blouses blanches : «Résidents civilisés, pas besoin de policiers !» scandent les protestataires. En marchant, ils ont scandé d'autres slogans, exprimant leur ras-le-bol : «Y en a marre, ça suffit ! Fierté, dignité, grève illimitée ! Ya la el aâr, wizara bila karar (quelle honte, un ministère qui ne décide pas). Et hormis l'incident qu'a provoqué un chauffard qui conduisait un véhicule de l'entreprise DHL, lequel s'est précipité sur la foule, la manifestation s'est terminée dans le calme et il n'y a eu aucun débordement. Les résidents ne démordent cependant pas, ils décident d'aller jusqu'au bout de leurs revendications et disent qu'ils marcheront encore une fois. «Nous tiendrons des AG pour débattre de la suite à donner à notre mouvement mais ce qui est sûr, c'est que nous passerons à la vitesse supérieure, marche sur marche, jusqu'à satisfaction de nos revendications. Et c'est possible de le durcir un peu plus en séchant les gardes», avertit le Dr Mohamed Sahnoun Omar, médecin résident à l'hôpital Zmirli, l'un des porte-parole du collectif des résidents. Cette marche marque le début de la sixième semaine de la grève illimitée. Les délégués des résidents affirment qu'ils n'ont, jusqu'ici, perçu aucune volonté chez la tutelle de régler le problème. «Les ministères de la Santé et celui de l'Enseignement se rejettent la balle et personne, en dépit de plusieurs réunions tenues avec des responsables des deux départements, ne veut signer le moindre engagement », a regretté le même délégué. Ces derniers, rappelons-le, revendiquent l'annulation du service civil (tout en étant en formation, des médecins résidents sont affectés obligatoirement dans des structures sanitaires du Sud ou dans des contrées isolées pour une durée allant de 1 à 4 ans, l'Etat vise à doter ces structures en nombre suffisant de spécialistes), la clarification de leur statut et des moyens pour travailler correctement. «Qu'ils enlèvent l'obligation sur le service civil et laissent le choix aux résidents d'aller ou pas dans ces régions. Et puis, là-bas il n'y a pas les moyens de travailler, ni plateau technique ni encadrement, et parfois même pas un logement de fonction. Qu'ils nous donnent les mêmes droits que les fonctionnaires affectés là-bas, notamment la prime de zone, et beaucoup ne vont pas refuser d'y aller», suggère une résidente. Et de s'indigner : «Il y a aussi un problème dans le système d'évaluation. Ils nous imposent un examen après quatre ans d'exercice, ce qui est injuste. Pourquoi ne pas établir un carnet où seront mentionnés tous les gestes médicaux accomplis par le résident et l'évaluer sur cette base. Par cet examen, passent plutôt les pistonnés. » L. H.