Les autorités en ce mois de mai ne semblent tolérer aucun rassemblement de protestataires. Sinon, comment expliquer la bastonnade qu'ont subie les médecins résidents hier, à quelques mètres du siège de l'autorité suprême, la Présidence. Ces derniers, qui avaient l'habitude d'organiser des sit-in devant le palais d'El Mouradia ont été surpris par l'accueil à la matraque que leur ont réservé les CRS. «On n'est pas des voyous, on est des médecins venus revendiquer nos droits», lance le Dr Merouane, délégué de la Coordination nationale des médecins résidents algériens (Camra). «Pour effacer toute preuve de leur brutalité, les policiers ont saisi nos téléphones et appareils photo», raconte-t-il, les larmes aux yeux. «Des médecins se font bastonner, et les voyous sont protégés», résume, pour sa part, un autre résident. Mais l'incident, qui a le plus marqué les esprits, c'est lorsqu'un résident qui se faisait battre par les hommes en bleu, a été sauvé in extremis par une dame d'un certain âge, qui était de passage. Voyant la situation dégénérer et leurs vies en danger, les jeunes résidents ont décidé de se «replier» vers la place du 1er-Mai, à Alger. Ce repli a été l'occasion pour eux de marcher. 1500 résidents ont réussi à faire, comme l'avaient fait au préalable les étudiants. Ils ont marché d'El Mouradia vers la place du 1er- Mai. «Nous avons réussi à le faire, ça été difficile, mais on l'a fait», avoue fièrement le Dr Sahnoun, porte-parole de la Camra. Cette marche a été nommée par les résidents, «Marche de la dignité», après que cette dernière eut encore une fois été empêchée par les autorités. «Notre but était comme d'habitude, un rassemblement pacifique. Mais en voyant la police nous bousculer, on a opté pour le plan B, qui consiste à marcher vers le 1er -Mai», relate-t-il. «On avait, au préalable, prévu cela. Si on se faisait malmener, tout le monde doit marcher vers la place du 1er mai où on s'est rassemblés», explique encore le Dr Sahnoun. Ainsi, cette marche a bloqué la circulation automobile pendant presque une heure. Les autorités, qui ont voulu mettre fin au squat des trottoirs jouxtant la Présidence, ne l'ont, comme à leur habitude, que repoussé... Reporter le problème ne fait que l'empirer. Un sit-in contrôlé, s'est transformé en une marche qui aurait pu dégénérer!