Le corps médical a marché. Les médecins résidents ont pu échapper au filet de l'impressionnant dispositif de sécurité et marcher de la Présidence à la place du 1er -Mai. Plusieurs incidents ont été enregistrés : le journaliste d'El Khabar malmené et des résidents interpellés. Hier, le Collectif autonome des médecins résidents (Camra) a tenu un rassemblement au siège de la Présidence. Ils étaient près d'un millier cantonnés face au lycée Bouamama, entre dentistes, pharmaciens, médecins en spécialité, externes et internes. Ils sont venus dire clairement leur détermination et leur attachement à leur plate-forme de revendications. Les protestataires criaient à tue-tête leur ras-le-bol en scandant : “Quelle honte, un ministère sans décision”, ou “Plus de salaire minable, plus de service civil”, “Résidents civilisés pas besoin de policiers”. Face à cette situation, les forces de police perdent patience. Près d'une dizaine de blouses blanches sont interpellées. Le journaliste du quotidien d'El Khabar est malmené et son appareil confisqué. Plusieurs autres résidents sont bastonnés. Devant une telle scène, le Dr Yelles prend la parole et dénonce le traitement auquel ils ont eu droit. “Des médecins se font bastonner, c'est inadmissible ! Face à un tel traitement, les autorités algériennes s'étonnent encore qu'il y ait une fuite des cerveaux”, lâche le porte-parole du collectif. Après cet épisode, les résidents ont maintenu le sit-in pendant une demi-heure avant de descendre de la Présidence vers la place du 1er-Mai. Arrivés au niveau de l'hôtel El-Djazaïr et faisant croire qu'ils allaient se disperser, les résidents ont pu “dribbler” les policiers qui ont lâché du lest. Profitant de cette aubaine, les résidents courent et entament leur marche vers la place du 1er-Mai. À cet instant, les forces de police se rendent compte du piège dans lequel ils sont tombés. Un vent de panique souffle sur les lieux. Il ne fallait pas les laisser marcher. On entend alors des directives de partout. Les uns demandent de réprimer, les autres ordonnent aux éléments des unités républicaines de sécurité de garder leur calme. Des policières ont même été éloignées des lieux par leurs collèges vu qu'elles semblaient quelque peu dépassées par les choses. Le contrôle n'y est presque plus. Les protestataires, profitant alors de la situation, forcent le cordon de sécurité et marchent jusqu'à l'hôpital Mustapha-Pacha. Le mouvement d'hier avait pour objectif de dénoncer la position du ministère de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur qui ont, selon les représentants du collectif, opté pour le “pourrissement”. “Le pourrissement vient de la part de notre tutelle. Nous sommes toujours ouverts au dialogue et nous voulons trouver des solutions”, lance, de son côté, le Dr Mohamed Sahnoun, un autre porte-parole du collectif. Avec leur action, les résidents ont perturbé la circulation, mais non jusqu'à irriter les automobilistes qui, en signe d'encouragement, klaxonnaient. En grève depuis près de six semaines, les médecins résidents dénoncent les “fausses” promesses de leur tutelle. La semaine dernière, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière avait tenté une approche avec les résidents par le biais du syndicat des professeurs en leur promettant une éventuelle abrogation du service civil. Pour sa part, le doyen de la faculté d'Alger avait signé les PV des réunions pour la satisfaction des revendications pédagogiques. Mais, à ce jour, rien n'est fait. Avec une telle “stratégie”, le gouvernement espère-t-il l'essoufflement du mouvement ? Rien n'est bien sûr.