Aïn Témouchent : colère après l'enterrement d'un manifestant El Watan, 15 juillet 2011 Bachir Mohamed est décédé lundi sans se réveiller du coma depuis l'intervention chirurgicale qu'il avait subie, suite à son évacuation le 3 juillet du commissariat de police quand des douleurs l'avaient pris après son arrestation. Il a été enterré sans que l'on ait procédé à une autopsie. La justice ne s'étant pas saisie de l'affaire a ainsi conforté le démenti de la police quant à des brutalités dont aurait été victime le défunt. A cet égard, deux versions ont été données au sujet des circonstances ayant entraîné son décès. Celle de son épouse et de son père qui accusent la police de violences sur le défunt. Dans une déclaration écrite, l'épouse et le père rappellent que lors de la manifestation du 3 juillet, suite à l'affichage des listes de bénéficiaires de logements sociaux, Mohamed était parmi ceux qui, du siège de la daïra, avaient pris la direction de la radio régionale pour faire entendre leur protestation. «Ils y ont été accueillis par des coups assénés aveuglément par les agents de police. Mohamed, poursuivi, a été arrêté et menotté à 11h30. Il avait, devant des témoins, reçu des coups sur tout le corps et a été emmené au commissariat avec quatre personnes. Là, il s'était plaint de douleurs abdominales. A l'hôpital, son opération a duré 7 heures. Le 4 juillet, il a été évacué vers le CHU d'Oran.» Quant à la version de la police, c'est l'officier chargé de la communication qui précise que sept personnes ont été arrêtées, dont Bachir Mohamed. Ce dernier, aussitôt s'être plaint de douleurs abdominales, a été évacué par la Protection civile à l'hôpital. Concernant les violences, l'officier explique que si le médecin qui délivre le certificat d'inhumation affirme qu'il s'agit d'une mort suspecte, ce sera au procureur de demander une autopsie sur la base de laquelle une suite judiciaire sera donnée. Mais comme aucune procédure n'a été entamée, une centaine de personnes, parmi celles qui ont accompagné Mohamed à sa dernière demeure, ont manifesté en ville. Les protestataires se sont arrêtés devant le siège de la radio régionale, là où, il y a une quinzaine de jours, Bachir Mohamed aurait été molesté. Notre journaliste pourchassé A la mémoire du défunt, les manifestants, scandant des «Allahou Akbar», ont poursuivi leur marche vers le siège de la wilaya sans rencontrer le moindre agent de police sur leur chemin. Tous les policiers, que ce soit ceux de la circulation ou ceux en faction au siège de la wilaya, avaient reçu l'ordre de rester discrets. Seul, un officier de la gendarmerie accompagnait les contestataires pour veiller au grain. Il a réussi à éviter le pire en faisant rebrousser chemin illico presto à quelques policiers dans un véhicule qui arrivait à toute allure, des agents apparemment non informés sur la réalité de la situation. Mais le même officier a failli provoquer l'émeute en s'en prenant à nous pour réclamer la remise de notre appareil photo au motif qu'il avait été photographié parmi la foule, ce qui était inévitable parce que constamment dans le champ de l'objectif. Au vu de la vive réaction des manifestants réclamant leur droit à l'image, le gendarme a fait preuve de compréhension et nous a laissés travailler. Des membres de la famille du défunt ont été reçus par le secrétaire général de la wilaya. Ils ont réclamé que justice soit faite, que la famille du défunt soit dédommagée et qu'un logement soit attribué à sa veuve et à ses deux enfants. La manifestation s'est terminée quand le SG de la wilaya a promis de prendre en charge l'affaire. Bachir Mohamed avait 33 ans et vivait avec ses parents dans un F3 avec dix autres membres de sa famille. Hier, une commission d'enquête dépêchée par le DGSN Hamel est arrivé à Aïn Témouchent et a entendu la famille de la victime. Mohamed Kali