20 ans depuis ce jour du 12 janvier 1992, jour de l'annulation du processus électoral qui plongea l'Algérie et son peuple dans la plus pire tragédie qu'ait connue la région du monde arabe. 20 ans depuis cette date fatidique qui scella le sort d'un peuple condamné sans appel à une impitoyable guerre fratricide. 20 ans depuis cette décision aveugle d'un système politique qui ne recule devant rien pour assurer sa survie et qui va se saisir de l'aubaine islamiste pour légitimer sa terreur contre le peuple et se prévaloir, auprès du puissant occident, du rôle de rempart de la démocratie contre le péril « vert ». Un discours trompeur qui a été porté à travers le monde par une pléiade de serviteurs ou les harkis du système, pour reprendre l'expression consacrée d'un des membres les plus influents de l'époque. Leur zèle a grandement crédité le pouvoir et même plus, l'a dispensé de toute recherche de dialogue ou solution négociée. Sûr de ces alliances, le pouvoir ferma la porte au dialogue et condamna le peuple à une logique sanglante qu'on voulait sans témoin. 20 ans d'un délire politique qui a souillé l'histoire de l'Algérie en inscrivant ses plus sombres pages avec le désastreux bilan de centaines de milliers de victimes, dont 200 000 morts, des milliers de disparus, traumatisés, orphelins, etc. Je ne parle pas des milliards de dollars perdus, car chez les peules qui se respectent le coût humain d'une action est au-dessus de tout calcul. On aurait cru cela digne de l'Algérie, pays de la révolution exemplaire de novembre 1954 et d'un million et demi de martyrs pour la liberté. Ce ne fut pas le cas. Pour notre malheur, nous n'avons pas été à la hauteur des enjeux et avons regardé collectivement notre pays se distancer de ses valeurs ancestrales et tourner le dos à ce qui a fait sa grandeur aux yeux du monde. Nous avons vu, notre peuple, otage d'extrémistes des deux bords (pouvoir et islamistes) sombrer dans la plus sale des guerres, celle où l'humanité cède la place à la cruauté de la jungle. 20 ans plus tard, que reste-t-il de la démocratie promise par les auteurs du coup d'état de janvier 1992 qui scandaient partout leur « mission » de sauver l'Algérie du péril islamiste? Que reste-t-il du chant de liberté à peine entamé par la jeunesse d'octobre? Que reste-t-il de cette Algérie qui fut, grâce à la génération de novembre, l'exemple de résistance, la Mecque des révolutionnaires du monde? Enfin que reste-t-il de nous, peuple algérien, trahi par les siens et relégué au rang des plus indigents malgré l'énorme richesse de notre pays et l'illustre histoire dont nous sommes les héritiers… indignes. Sûrement pour ce que nous tolérons de mépris et de reniement. Sûrement par la faillite de la génération de l'indépendance. La seule leçon flagrante que les Algériens peuvent tirer de leur tragédie, c'est qu'elle a grandement profité au pouvoir et ses satellites civils postés un peu partout sur le territoire pour empêcher l'éveil de la société. Alors que le peuple émergea dévasté de la décennie noire, le pouvoir n'a rien perdu de sa puissance. Bien au contraire, en plus d'avoir mis à profit la tragédie du peuple pour détourner les richesses du pays, le pouvoir a profité du chaos et de la terreur pour verrouiller les champs d'expression et retirer aux Algériens les quelques brèches de liberté qu'il leur avait consenties suite aux révoltes sanglantes d'octobre 1988. Ainsi, on se retrouve en 2012 avec un pouvoir totalitaire des plus corrompus et arrogants trônant sur un pays riche qui ne donne ni travail aux jeunes, ni logement aux pauvres, ni salaires décents à ses travailleurs. Un pouvoir imbu par l'impunité qu'il s'est octroyée et tout à fait en décalage autant avec son peuple qu'avec la réalité environnante qui nous enseigne bruyamment que ce genre de pouvoir est révolu et qu'aucun peuple ne doit subir l'humiliation et l'injustice de ses gouvernants. 2012 sera sûrement l'année du changement en Algérie, la seule inconnue, sera-t-il conjugué aux aspirations du peuple, ou simple remake de la formule magique du pouvoir passé maître du « changement dans la continuité ». Résistera-t-il au message fort de « 50 ans barakat » que promet de lui livrer l'année 2012? Pas sûr.