Tunis, à l'époque de Bourguiba. Je suis dans un taxi à places. Arrivé à destination, un passager descend puis claque violemment la portière. Le chauffeur du taxi s'exclame : - Mais enfin, tu veux fracasser la porte ou quoi ? Doucement, doucement avec la porte, Bourguiba nous a ramené l'indépendance en douceur, sans violence ! Alger, année 2000. Je suis à la maison, un logement d'astreinte de la présidence. Dans la journée, un provocateur inconnu avait téléphoné à plusieurs reprises à la maison, utilisant le trois chiffres de la ligne intérieure. L'objet de son appel : manquer de respect à ma famille. Dans la soirée, un nouvel appel sur le trois chiffres, c'est moi qui décroche : - Allo, oui ? - …(Silence) - Oui, je vous écoute… -…(Silence) - Mais enfin, parlez, qui êtes-vous ? -…(Resilence) - Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est probablement toi qui a importuné ma femme et ma fille durant la journée…Ouvre bien tes oreilles salaud… …Suit tout le vocabulaire obscène entendu durant mon enfance à Souika, la vieille ville de Constantine, vocabulaire que j'e m'étais toujours refusé d'utiliser…Je m'en excuse auprès de sa mère et de sa sœur …objet principal de ces obscénités! Le lendemain, le provocateur avait été identifié comme un élément du cabinet du chef de l'état. Aucune suite à ma plainte, mais je ne regrette pas le chapelet d'obscénités que j'avais déversé dans l'oreille de ce provocateur, apparemment assuré de l'impunité dont peut jouir le chef de l'Etat en personne ! Tunisie, Tabarka, août 2005. Mon fils a trois ans, il était temps de le circoncire selon la tradition musulmane. Ne pouvant entrer en Algérie, je fus dans l'obligation de faire subir à mon fils la circoncision dans une clinique tunisienne, en même temps que de petits tunisiens venus en fête. Juste avant de procéder à la césure du prépuce, le médecin demande à ma femme et moi d'assister à l'opération. Le médecin m'interroge : - « Comment ça se passe avec votre fils ? ». - « Hé bein, il est quelque peu turbulent… ». Le médecin tunisien s'esclaffe : - « Ah bon ! Vous connaissez un algérien qui ne soit pas turbulent ? ». Abu Dhabi de 2002 à 2012. Durant dix ans aux Emirats, je n'avais jamais entendu la moindre obscénité, ni assisté à la moindre bagarre. Je défie mes compatriotes d'en dire autant, ne serait-ce que lors d'une journée passée dans une ville algérienne ! Juin 2011, aéroport de Dubaï où j'avais accompagné un parent rentrant à Alger. Pardon, je retire ce que je viens d'affirmer. En effet, pour la première fois j'ai entendu des obscénités, proférées par une dame de surcroît ! Et quelques instants après, j'avais assisté incrédule à un spectacle inhabituel aux Emirats : une bagarre à coups de poings entre deux jeunes gens. Cela s'est passé devant le guichet d'Air Algérie, et les protagonistes tous de nationalité algérienne. La dame en question étant une trabendiste qui voulait à tout prix renter à Alger avec ses marchandises, sans OK, quitte à griller les passagers avec OK ! Je retire mon pardon en début de paragraphe : Devant le guichet d'Air Algérie, à Dubaï ou ailleurs, nous ne sommes plus en territoire étranger, mais en Algérie, pays de grossiers personnages n'est-ce pas ? Abu Dhabi, le 25 mars 2012 Abdelkrim Badjadja Consultant en Archivistique http://badjadja.e-monsite.com/ http://badjadja.over-blog.com/