Alors que trois personnes, dans un état semi-comateux, ont été évacuées vers l'hôpital hier, le sit-in organisé à d'El-Mouradia s'est soldé par plusieurs interpellations. Quel avenir pour les enseignants vacataires lesquels, pour arracher leurs droits élémentaires, jouent leur vie ? C'est une question de vie ou de mort. En grève de la faim depuis le 14 juillet dernier, les enseignants vacataires ne tiendront pas plus que cela. Au bout du 30e jour de jeûne forcé, les contractuels commencent à évoquer la mort au niveau du siège du syndicat du Snapap à El-Harrach. Ils la côtoient chaque jour. Hier encore, des professeurs ont été hospitalisés, dont trois dans un état semi-comateux. De l'autre côté de la rive, plus précisément à El-Mouradia, silence radio. Le ministre de l'?ducation nationale, Boubekeur Benbouzid, n'a ni plus ni moins considéré leur requête. Il refuse même de faire un geste humanitaire et recevoir les grévistes, afin d'éviter la mort à plusieurs professeurs qui ne demandent qu'à être réintégrés dans leur poste, alors que le secteur souffre d'un grand déficit. Bien au contraire, non seulement le ministère ignore leur revendication, mais il préfère lier cette affaire à la Sûreté nationale qui réprime leur sit-in. C'est devenu une habitude : chaque semaine, les enseignants, déterminés, tentent des rassemblements devant le ministère concerné et, à chaque fois, ils se font malmener, matraquer, puis sont interpellés avant d'être libérés. Le bras de fer continue. Un dispositif de sécurité est visiblement renforcé afin d'empêcher les contractuels d'accéder au département de l'?ducation nationale et d'y déposer leur requête. Hier, il était dix heures, lorsque les enseignants ont commencé à affluer en rangs dispersés vers le lieu du rassemblement où la brigade anti-émeute les attendait. La situation a vite dégénéré lorsque les manifestants ont tenté de brandir des pancartes dénonçant leur situation. Des femmes et des hommes, affaiblis par la faim depuis tant de jours, ont été bousculés, insultés, sous prétexte qu'aucun rassemblement n'est toléré. En l'espace d'une seconde, un important dispositif leur barre le chemin. Toutes les issues menant au département de Benbouzid ont été quadrillées. Les manifestants ont été contenus sur le trottoir, puis repoussés jusqu'à leur dispersement. Un autre groupe est bloqué plus loin. La situation prend de l'ampleur, des membres du comité de soutien aux grévistes négocient avec les policiers pour qu'une délégation soit autorisée à se rendre au ministère, en vain. Obéissant aux ordres de leurs supérieurs, des policiers ont embarqué toute personne leur tenant tête, notamment le médiateur. Les ordres étaient clairs : personne ne doit accéder au ministère de l'?ducation. Après quelques minutes de bras de fer, sous les yeux des citoyens, tout est fini. “Le ménage a été fait”, comme dirait un agent de l'ordre. El-Mouradia est devenu ce quartier paisible où rien ne transparaît. “C'est une certitude, nous allons tous mourir physiquement car cela fait des années que nous ne vivons plus ; nous ne sommes que des fantômes !” déclare un gréviste de la faim. Leur seul réconfort arrive des associations, des syndicats autonomes, notamment et des Ong internationales, à l'image de l'Internationale des services publics qui a envoyé une lettre au président de République, le priant d'intervenir. Par ailleurs, un dépôt de plainte sera fait au niveau d'Amnesty International. Cette plainte est motivée par les violences physiques et verbales que les forces de l'ordre ont fait subir aux enseignants contractuels et autres manifestants qui ont participé au sit-in. Ils dénoncent également le mutisme du gouvernement. “Notre gouvernement prône la démocratie de vitrine avec la mort d'un gréviste de la faim, l'image de notre pays sera dévoilée”, s'indigne un gréviste de la faim. Nabila Afroun