L'ONG s'interroge sur sa non-comparution au tribunal Human Rights Watch s'intéresse au cas El Para El Watan le 19.06.12 Les autorités algériennes ont refusé de répondre aux demandes de visa émises par HRW. L'organisation internationale de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) s'est intéressée, dans une publication datée d'hier, au cas du détenu Amari Saïfi, alias Abderrezak El Para, poursuivi sans comparaître dans l'affaire de l'enlèvement de 32 touristes en 2003. L'ONG internationale, par la voix de sa directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord, Sarah Leah Whitson, souligne que «les retards accusés par les autorités algériennes pour porter devant la justice d'importantes affaires de terrorisme portent atteinte au droit des inculpés à un procès équitable». Et d'expliquer : «Human Rights Watch s'est intéressée de près à huit suspects détenus au secret – certains depuis six ans – en dehors du système judiciaire et qui, à présent, sont confrontés à des procès à l'équité contestable étant donné que les juges refusent d'autoriser un témoin crucial à témoigner. La plupart des inculpés sont accusés d'avoir participé à l'enlèvement d'un groupe de 32 touristes européens dans le désert algérien en 2003. Ces affaires mettent dramatiquement en évidence les obstacles persistants que rencontrent ceux qui sont accusés de délits terroristes pour obtenir une justice à la fois rapide et équitable, et ce, même après la levée de l'état d'urgence en 2011.» Mme Whitson indique, dans son rapport, que «le président Abdelaziz Bouteflika parle souvent de la réforme de la justice, pourtant quand il s'agit de juger des terroristes présumés, la réforme ne se traduit pas encore par l'équité». HRW précise qu'à la faveur de la levée de l'état d'urgence, «des hommes placés en détention secrète pendant des mois ou des années sont enfin traduits en justice. Mais les retards dans leurs procès et le refus du tribunal de citer des témoins-clés suggèrent que l'injustice qui frappe ces hommes continue toujours». Ceci et de noter que le système judiciaire a divisé l'affaire de l'enlèvement en plusieurs procès, dont certains mis en suspens à cause du refus de citer le meneur de cette opération d'enlèvement, en l'occurrence Abderrezak El Para. Tout en signalant que les autorités algériennes ont refusé de répondre aux demandes de visa émises par HRW, cette ONG rappelle qu'El Para a été placé en détention en 2004 et est maintenu dans un lieu secret, sans accès à un avocat. «Bien qu'il soit avéré que Saïfi était détenu au secret à partir de 2004, les tribunaux algériens l'ont tout de même jugé par contumace. Ils l'ont condamné à mort lors d'un procès et à la prison à vie lors d'un autre, violant ainsi son droit d'assister à son propre procès», note la publication de HRW, en précisant que toutefois, les autorités «ont finalement présenté Saïfi devant un juge d'instruction en mars 2011 et l'ont transféré à la prison Serkadji, à Alger. Mais il n'a toujours pas été présenté devant un tribunal». Mme Whitson arrive à la conclusion que «la façon de traiter Amari Saïfi suggère que dans les grandes affaires de terrorisme, les tribunaux ne sont pas disposés à respecter les droits des inculpés, ou bien en sont incapables». Et de préciser que «les tribunaux devraient respecter le droit à un procès en bonne et due forme, en citant des témoins et en jugeant les inculpés sur la base d'un examen objectif de toutes les preuves disponibles». Le cas de Malek Medjnoune et Abdelhakim Chenoui, inculpés dans l'affaire de l'assassinat de Matoub Lounès, est aussi cité. «Malek Medjnoune et Abdelhakim Chenoui ont passé plus de 11 ans en détention provisoire, en violation de leur droit à être jugés rapidement et à être présumés innocents. En juillet 2011, lors d'un procès d'une journée, ils ont été reconnus coupables et condamnés à 12 ans de prison pour complicité dans l'assassinat de Matoub Lounès», indique HRW. Chenoui et Medjnoune ont été libérés respectivement en mars et en mai 2012, les années de détention provisoire ayant été comptabilisées dans leurs peines. Mme Whitson estime que «l'Algérie doit montrer que même ceux qui sont accusés de crimes odieux ont accès au système judiciaire (...), les suspects doivent être présumés innocents jusqu'à ce que leur culpabilité soit prouvée, si on veut que les verdicts des tribunaux algériens aient la moindre légitimité». Nadjia Bouaricha