Madjid Khelassi Mardi 4 Septembre 2012 Ahmed Ouyahia, multiple premier ministre est « remercié ». Il quitte le fumet enivrant de l'exercice du pouvoir (même réduit). Difficile pour ce globe-squatteur de trouver un dérivatif à cette mise à l'écart qui ressemble à un placard définitif. Ah ! Le poste de premier ministre ! Quelle gageure qui résiste à l'épreuve du temps ! C'est un fourre-tout avec un sublime caetera. Dés les premiers instants, le désigné déménage son âme vers des territoires inconnus. Il truste le fauteuil, se fabrique un double et dirige ses troupes avec ce double. Le règne de l'ubiquité s'empare des lieux. Elle fait croire au premier ministre que c'est son reflet fidèle... On ne choisit pas son interface sans croire en lui ! Voyons. De même qu'on n'occupe pas le PG. On passe juste un certain temps L'immersion est une entrée. La vassalité une autre. On souffre de l'intérieur au PG. D'une douleur que nul affect ne régit. C'est un poste qui prête le flanc à des douleurs exquises. Archi-masos. Et son avatar s'oxyde vite car l'incarnation est toujours temporaire. Chaque jour à ce poste augmente la décomposition !!! « Naffed ouesket » : exécute et tais-toi ! Le mode béni oui- oui est de rigueur. Il adoucit les ambitions et taraude les consciences. Rais el houkouma dit-on ! Il s'encombre de ses propres leurres en essayant d'adapter son âme afin qu'elle cesse de bugger. Le poste est un fauteuil sans mémoire. L'amnésie son placebo permanent. Au PG, le roi est nu. Et son pouvoir a le gout de l'amertume. Le bâtiment carré ressemble plus à un Houla-hoop qu'a un headquarter. C'est la plus belle quadrature du cercle politique du pays ! C'est un édifice qui vous file le bourdon. Avec en rab, un siège révisionniste : il oublie tout de suite celui qui l'a occupé il y'a quelques secondes avant la disgrâce. Et lorsque la tétanie saisit le chef du PG, on panique à l'idée que le mec soit freezé pour de bon. Presque un cadavre politique en sursis même pas bon pour le plus infime des placards. Le palais du gouvernement est une zone verte où tout le monde est trop mûr. Ici les sensations n'existent pas : on ne sent ni le chaud, ni le froid, ni l'humidité. C'est un microclimat régit par des remontrances hautes températures et des savons de basses eaux. « Tag aala Men tag » ! Mais on ressent l'ennui, l'inutilité de x texte, de y projet à soumettre à plus haut. Ici mêmes les secrétaires (hyper-maquillées) ne sanglotent jamais. Que sont –elles sinon des ombres ? Elles sont de la même matière que l'édifice : amiantées par l'inutilité de leurs tâches. Car comment se concentrer sur l'action quand il y'a au dessus un cercle concentrique des pouvoir dont le « prime minister » est exclu ! Ça lasse car la satisfaction est exclue du programme. On ne s'en remet qu'à soi. Le job c'est juste des exigences qui ne se manifestent que pour être contentées ! Personne n'espère, tout le monde convoite ! Le manque crée vexation. Et la langue de bois, langue du jeu politique se diffuse sans écho. C'est une fausse monnaie qui ne gage rien. Sellal remplace Ouyahia : l'invite a des allures de casse gueule. En cette soirée de ce septembre de brise marine, les vitres de l'imposante bâtisse du Forum réverbèrent pour la dernière fois le visage fatigué de Si Ahmed (comme l'appellent ceux qui nomment et dégomment). Son reflet à le visage d'un Icare qui s'est longtemps cru indéboulonnable. Il a tout fait Ouyahia, tout exercé, tout malaxé, tout anesthésié... Il n'a oublié qu'une chose : c'est qu'au PG, la chrysalide ne devient jamais papillon. Ouyahia parti, Sellal arrive, l'aggiornamento du palais du futur ex premier ministre n'est pas pour demain. Et si on détruisait ce bâtiment qui a happé des centaines de carrières prometteuses ? *Nom donné au Palais du gouvernement par les employés.