El Watan le 11.04.13 Nouveau rebondissement dans les enquêtes sur les cas de corruption au sein de la compagnie nationale des hydrocarbures. Une affaire Sonatrach III serait sur la table des magistrats instructeurs faisant du feuilleton de la corruption à Sonatrach une trilogie, du moins en attendant de nouveaux développements à venir. Il s'avère en fait que les auditions menées par les magistrats du pôle pénal spécialisé près la cour d'Alger et auxquelles ont été convoqués plusieurs ex-dirigeants de la compagnie ont abouti à une nouvelle affaire que celle liée aux contrats passés avec Saipem. Il s'agit d'un dossier en rapport avec des ventes de pétrole ayant échappé au circuit normal et légal. L'affaire Sonatrach III concernerait, selon ce qu'a rapporté hier le site d'information Maghreb émergent, la gestion de la filiale trading de Sonatrach, la SPC basée à Londres. Il s'agit plus précisément «d'éventuelles commissions touchées par des Algériens en fonction» à l'occasion de la vente d'hydrocarbures algériens durant la période allant de 2005 à 2010. Des sources de la défense des prévenus dans le cadre des affaires de Sonatrach de janvier 2010 ont ainsi précisé à Maghreb émergent que cette nouvelle affaire n'a rien avoir avec le contrat de réfection du centre de Ghermoul, ni avec le contrat signé avec Saipem dans le cadre de la réalisation du GK3. Ainsi, seul Chawki Rahal, ex-dirigeant de la SPC Londres et ancien vice-président commercialisation de Sonatrach, lequel a été mis lundi sous mandat de dépôt, a eu à répondre aux questions concernant cette affaire. Au-delà de la question de savoir si cette nouvelle enquête fait suite à une commission rogatoire ou constitue une suite logique aux investigations en cours en Algérie, il y a lieu de souligner que c'est là un tout autre métier de Sonatrach qui est aujourd'hui au cœur de l'enquête. La corruption ne touche plus les seuls contrats de réalisation et de prestation de services, mais concernerait aussi et (surtout) les contrats de vente des hydrocarbures algériens. Des intermédiaires et des commissions S'agit-il de ventes de pétrole en haute mer, où Sonatrach Petroleum Corporation a permis une gestion qui a abouti au détournement via un système de commissions d'une partie des recettes de Sonatrach qui, pendant longtemps, «captait la totalité des recettes d'exportation d'hydrocarbures» ? L'ex-vice-président commercialisation de Sonatrach, Hocine Malti, avait, il y a quelques mois, attiré l'attention de l'opinion publique sur toute la corruption qui gangrène les contrats de vente d'hydrocarbures à l'export. Contacté, ce dernier nous expliquait hier que «le pétrole est une denrée stratégique et qu'à ce titre, les grandes puissances sont prêtes à verser des commissions pour s'assurer des approvisionnements». Et d'ajouter que les contrats de vente et d'achat «se négocient entre Sonatrach et les compagnies étrangères, mais on ne peut exclure le rôle des intermédiaires à l'image du rôle joué par Farid Bedjaoui dans d'autres affaires». M. Malti indique ainsi que dans le cas du pétrole, il y a «un prix officiel et un prix réel, vu que l'acheteur verse plus que le prix officiel». L'intermédiaire a, quant à lui, la charge, selon l'ex-responsable de Sonatrach, de capter les commissions qui alimentent «les barons du régime». M. Malti dit aussi ne pas être au courant de la vente de pétrole en haute mer, mais n'écarte pas cette possibilité dans la mesure où, indique-t-il, des traders achètent du pétrole aux compagnies pétrolières pour le revendre aux consommateurs et qu'ils sont en contact permanent avec leurs clients. De son côté, le directeur de Maghreb émergent, Kadi Ihsane, estime que si au départ cette affaire pouvait donner l'impression d'un contre-feu devant servir à démontrer que les affaires de corruption remontent à une période antérieure à la gestion khelilienne du secteur de l'énergie, les premiers éléments tendent à prouver le contraire. Car c'est encore une fois l'ère Khelil qui est mise en cause, sauf qu'il s'agit d'un nouveau volet de l'affaire. Melissa Roumadi et Mehdi Bsikri