Me Abdelmajid Silini accuse Tayeb Hellali, président du tribunal criminel d'Alger, d'impartialité vendredi 19 avril 2013 19:30 Ecrit par Redaction Jeune Independant «Vous n'êtes pas à la hauteur de la mission qui vous est confiée !» Un très grave incident s'est produit jeudi matin dans la salle n° 2 de la cour d'Alger où devait se tenir le procès des 17 prévenus impliqués dans l'affaire dite Banque d'Algérie internationale, entre le bâtonnier Abdelmajid Silini et le président du tribunal criminel d'Alger, Tayeb Hellali. En effet, tous les moyens notamment humains étaient réunis, avant-hier, pour le bon déroulement de l'affaire qui a déjà été renvoyée lors des dernières sessions criminelles, à deux reprises pour divers motifs, notamment celui du délai sollicité par le collectif des avocats pour pouvoir examiner les dossiers et par-delà préparer les plaidoiries. Il était presque 9h35 minutes lorsque le président chargé du dossier est entré dans la salle d'audience en compagnie de ses deux conseillers, Mme Dahou Nacéra et Belazzoug Djafer. Le juge invita l'assistance alors nombreuse à prendre place et ce dans le but de suivre les débats. Le président, après avoir fait l'appel des mis en causes s'est rendu compte que l'accusé Abdelhalim L. ne s'est pas présenté à l'audience pour répondre aux accusations qui pèsent sur lui. Il a ensuite demandé l'avis du procureur général qui, sans hésitation a requis la perpétuité. Quelques minutes plus tard, il procéda à la composition du tribunal en désignant deux jurés. Il a ensuite demandé poliment au collectif des avocats constitués au profit des prévenus et des parties civiles s'ils avaient des remarques à faire avant le début des débats, et ce en l'absence de Me Abdelmajid Silini, arrivé en dernier. Sans tarder, l'ancien bâtonnier s'est dirigé vers la barre où se trouvait son client Me Mohamed Tahar Benabid, dont l'audition venait juste de commencer. A ce moment-là le président s'apprêtait à faire savoir au mis en cause les chefs d'inculpation en lui notifiant les accusations retenues à son encontre par les juges de la chambre d'accusation de la cour d'Alger. Il a tenu à lui préciser tout d'abord qu'il avait opposé sa signature sur un document administratif alors qu'il savait qu'il s'agissait d'un faux. Me Silini est immédiatement intervenu, ordonnant au greffier de lui donner acte, en déclarant à la direction du président : «Vous avez déjà une conviction que mon client est coupable des faits qui lui sont reprochés et vous voulez la faire (conviction) passer aux membres du jury.» Le bâtonnier d'Alger s'est encore une fois dirigé vers le greffier et lui a demandé de lui donner acte sur « les déclarations faites par le juge». A cet instant, le président a répliqué : «Je ne vous donnerai rien. La police d'audience me revient et c'est à moi de prendre les décisions.» Furieux, Me Silini s'est dirigé cette fois-ci vers le pupitre et s'est mis à crier de toutes ses forces : «La justice ne vous appartient pas. Vous n'êtes pas habilité à statuer dans une affaire pareille.» Il est allé encore plus loin en accusant le juge d'impartialité : «Je ferai tout pour vous destituer du dossier car vous n'êtes pas à la hauteur de la mission qui vous est confiée. Petit juge... !» Le bâtonnier en colère a ensuite ordonné au collectif des avocats de quitter la salle en signe de protestation et de contestation. Obligation de réserve oblige, le président se leva et invita ses conseillers ainsi que les jurés à se retirer de la salle d'audience. Tous les avocats, notamment les jeunes, se sont dirigés vers le premier responsable du barreau d'Alger et attendaient ses orientations et directives concernant le boycott de toutes les audiences, notamment criminelles et pénales, se déroulant au siège de la cour d'Alger. Un membre du conseil de l'ordre des avocats d'Alger, Cherif Lakhlef a en marge de cet incident, appelé, les avocats à se mobiliser dans les jours à venir pour boycotter les chambres pénales présidées par quatre magistrats, tout en les citant devant l'assistance. Il s'agit de Benkharchi, Bekri, Hellali et enfin Rekkad. L'avocat en question a émis le vœu que ces juges «partent» de cette juridiction. Cet incident a créé une véritable anarchie dans la salle qui devait abriter le procès, et n'était-ce l'intervention sage des éléments du dispositif sécuritaire déployé sur place, les choses auraient pris une autre tournure. L'affaire en question est renvoyée à la prochaine session criminelle. Au passage, il convient de noter que les faits de cette dernière remonte au 18 septembre 2005 lorsque la brigade économique de la sûreté d'Alger a ouvert une enquête suite à une plainte déposée par la Banque centrale d'Algérie, contre les mis en cause. L'enquête a conclu que certains actionnaires n'ont pas versé d'apport et que les actes ont été signés dans leurs domiciles sans la présence du notaire incriminé. Ce dernier a estimé lors de son audition que «toutes les formalités liées à la création de la Banque d'Algérie internationale étaient réunies et respectées, notamment en ce qui concerne le dépôt du registre du commerce auprès des instances concernées et le dépôt du capital au niveau du Trésor...». Par ailleurs, le préjudice causé à la Banque centrale d'Algérie serait de l'ordre de 400 milliards de dinars.