Toufik Halimi, alors commis de l'Etat au tribunal de Sidi M'hamed, Alger, reçoit une ordonnance de président du tribunal à exécuter. Séisme... «Puisque tu ne veux pas marcher, tu vas chèrement le payer», aurait menacé, en son temps, un ponte du pouvoir d'alors, Youcef Mimouni, ce fidèle collecteur de loyers employé par des propriétaires d'immeubles à Alger. Mimouni avait sur lui plusieurs apparts. Il se comportait en un digne citoyen traîné durant quatorze ans dont huit mois de détention, une peine en crim' de cinq ans de réclusion criminelle, cassation, retour devant le tribunal criminel. Avec lui, Toufik Halimi, un jeune notificateur effectue son travail. Il est poursuivi pour faux lui aussi, pour avoir transcrit sur le PV de constat le 4e étage, au lieu du 3e pour avoir désigné la porte à droite au lieu de gauche. Quel gâchis! Mais nous, qui sommes têtus dans ce canard, on croit fermement en notre justice même si on dit d'elle qu'elle est aveugle. Le collectif d'avocats Silini et Ksentini en tête, est décidé d'arracher l'acquittement. Quelle belle oeuvre, mes amis. Toufik Halimi et Youcef Mimouni sont deux accusés de faux et usage de faux autour d'une expulsion d'un appartement, sis à Hassiba Ben Bouali. L'affaire remonte à 1991. Depuis, la victime de l'expulsion, un avocat, sont décédés. Et c'est Messaouda Karcar qui préside le tribunal criminel ce jeudi. Si Halimi a bien voulu répondre à toutes les questions posées par toutes les parties, Mimouni, lui, a affirmé être totalement étranger à cette étrange affaire. «Ce sont les avocats qui ont suivi ce dossier d'expulsion. J'ai sur moi une procuration du propriétaire de l'immeuble qui vit à l'étranger. Je n'ai jamais manipulé qui que ce soit», se défend le second accusé qui a, en outre, confirmé n'avoir jamais pris le risque d'assister à l'expulsion. «Je suis mandataire alors que Halimi était à l'époque «greffier», un commis de l'Etat, pas installé à son compte. Alors, qu'est-ce qui s'est réellement passé à l'époque et où se situe le crime? C'est le PG qui aide dans la recherche de la vérité. Il dit à Mimouni: «Oui, vous aviez une procuration et vous n'aviez pas le droit de vendre. Vous étiez chargé de collecter le loyer et que dans le cas de contentieux, vous vous adressiez au seul propriétaire. Qu'aviez-vous déclaré devant le juge d'instruction?» L'accusé répond au sujet du défunt Abdelhamid que son appartement était inoccupé et qu'il n'avait pas payé le loyer depuis un bon bout de temps. Le PG assène: «Pourquoi avoir questionné la concierge sur l'inoccupation de l'appartement alors que c'est vous qui collectiez les montants du loyer?» Mimouni s'accroche au fait qu'il était étranger à toute cette affaire. Le PG le harcèle: «Quelle était votre mission à cette époque?» L'accusé signe et persiste: «J'ai appris la décision de la justice à propos de cette expulsion, c'est tout» et il persiste encore et signe enfin: «C'était le boulot des avocats, pas le mien». Mené de main de maître par l'efficace Me Bachir Mechri, le collectif d'avocats a procédé comme un «onze» décidé à arracher le «match» sur le terrain de l'adversaire: Maîtres Brimo, Morsli, Beghdadi, Ksentini, Akboudj et le bâtonnier national, Me Abdelmadjid Silini se sont concertés pour une stratégie de défense qui aura payé puisqu'à l'issue des délibérations, Messaouda Karcar la présidente du tribunal criminel d'Alger, entourée de Saâd Larouk, Souad Adda-Soltani et des deux jurés, prononça l'acquittement que nota Mokrane Boussaïd, le greffier d'audience. L'AOP Rabah, lui, le chargé du box des accusés, souriait car «Ouissal» son 1er enfant, venait de naître. Félicitations à tous.