Aïn El Malha, Beni Messous, Baba Hassen batailles rangées, les cocktails Molotov réapparaissent El Watan le 15.05.13 Des batailles rangées ont lieu dans des quartiers de la périphérie : Aïn El Melha, Beni Messous, etc. Les autorités mises à l'index. Les affrontements sont quotidiens à la cité d'Aïn El Melha, au Gué de Constantine. Chaque soir et jusqu'à l'aube, des jeunes se livrent bataille. Des objets hétéroclites sont utilisés dans ces batailles rangées entre bandes rivales dont la moyenne d'âge ne dépasserait pas la vingtaine : cocktails Molotov, barres de fer et même des sabres de samouraï. «Le spectacle est le même chaque soir. Des jeunes, originaires des quartiers de Dergana et La Carrière à Oued Koreïch, relogés dans les cités des logements sociaux d'Aïn El Malha se rassemblent au site AADL qui sépare leur deux sites. Ils se jettent des objets en s'insultant à tue-tête. Les batailles durent jusqu'à l'aube. Les gendarmes s'interposent quelquefois entre les deux groupes ou viennent occuper le terrain avant l'arrivée des groupes, mais il suffit qu'ils repartent pour que les hostilités reprennent», raconte un habitant du site AADL, cadre d'une entreprise publique. Depuis l'ouverture des deux autres sites de logements sociaux, ce sont des troubles permanents dans cette partie de la commune de Semmar, proche banlieue, au sud d'Alger. Les nouveaux relogés, venus des quartiers «rivaux» de Oued Koreïch et Dergana cherchent chacun à «prendre le dessus». La victime expiatoire : les résidants de la tentaculaire cité AADL des 1516 Logements pris au milieu de ces batailles dont les «enjeux» leur échappent. «Nos voitures sont cassées et/ou volées. Plus de 200 véhicules ont été endommagés depuis le début des escarmouches, il y a quatre ans. Dix véhicules ont été endommagés ces derniers jours», raconte un résidant. Le plus dur toutefois, c'est le désarroi de la population. Un sexagénaire, chauffeur de taxi de son état, a eu un malaise et il en est mort quelques semaines après. «Le bonhomme que tout le quartier d'Aïn EL Melha appréciait voyait de son balcon les jeunes casser son véhicule. Il a eu un malaise. Un mois après il est décédé. Une jeune fille a été agressée avec un sabre de samouraï. Des ouvriers de l'APC venus réaliser des tranchées ont, eux aussi, été molestés et leur matériel volé. Ces scènes se répètent à n'en plus finir. Comment ces jeunes chômeurs ont pu se procurer ces sabres qui sont vendus à 7 millions l'unité ? Comment peuvent-ils acheter de l'essence ? Y aurait-il quelqu'un qui veut pousser au pourrissement ?», s'interrogent des résidants, réunis au bas de leur immeuble. Des objets hétéroclites : pierres, pavés arrachés, barres de fer rouillées jonchent «le terrain» de bataille réinvesti chaque soir. Les jeunes sont absents ou presque du décor de ce quartier de la commune du «Gué», où seront réalisés 5000 autres nouveaux logements. Les habitants, des cadres moyens paisibles, vaquent à leurs occupations avant que ne reprenne ce spectacle de batailles entre bandes rivales. Ces agissements cacheraient, selon des échos, des activités plus dangereuses : le trafic de drogue et le vol avec effraction. Les services de gendarmerie réagissent-ils ? Zone de non-droit ! «La brigade de gendarmerie se trouve loin de notre quartier. L'effectif des gendarmes envoyé le soir n'est jamais important face à la soixantaine de jeunes bien décidée à en découdre avec leurs rivaux de l'autre ‘‘houma''. Il arrive même que ces voyous poursuivent ces gendarmes qui se font insulter», s'étonne un habitant, qui affirme que le siège d'une brigade a été réalisé, mais n'est pas encore occupé. La population réclame l'ouverture d'un poste des services de sécurité sur le site et aussi l'installation d'infrastructures de proximité qui font défaut. «Nous avons écrit plusieurs fois au wali délégué, qui s'est déplacé sur place. Nos correspondances n'ont pas eu à ce jour l'écho voulu. Le quartier n'est pas un site urbain, donc impossible pour les autorités d'envisager d'y implanter un commissariat. Nous demandons à ces mêmes autorités de hâter le reclassement de cette partie de la ville d'Aïn Naâdja», réclament les habitants qui menacent de bloquer les institutions publiques pour protester contre la montée de l'insécurité. D'autres sites d'habitation de la wilaya d'Alger connaissent des accès de violence : à Beni Messous, des batailles entre jeunes ont éclaté dans la soirée de lundi. Même scène à Birtouta, Baba Hassen, Bordj El Kiffan. «Les délinquants sont assurés de l'impunité. Les autorités qui font sortir les CRS pour boucler les sorties d'un hôpital ou mater des chômeurs ne font rien face à ce retour des gangs», s'indigne un habitant récemment relogé au site social de Beni Messous.