Publié le 15.08.2013, 22h47 | Mise à jour : 16.08.2013, 12h08 Jacques Vergès est mort jeudi 15 août à l'âge de 88 ans. L'avocat serait décédé de cause naturelle, a-t-on appris auprès du président du Conseil national des barreaux (CNB), Christian Charrière-Bournazel, confirmant une information de BFMTV. «Il est mort il y a environ 2h30. J'ai été prévenu par ses proches», a confié Charrière-Bournazel vers 23 heures. Le président du CNB a raconté avoir «dîné avec lui il y a une dizaine de jours. Il avait fait une chute il y a quelques mois. Du coup il était très amaigri, marchait très lentement. Il avait des difficultés à parler mais intellectuellement il était intact. On savait que c'étaient ses derniers jours mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite». Défenseur de Klaus Barbie, «Carlos», Laurent Gbagbo Jacques Vergès avait notamment défendu le dignitaire nazi Klaus Barbie lors de son procès à Lyon, en 1987. Parfois décrit comme «l'avocat de l'indéfendable», il comptait aussi parmi ses anciens clients le terroriste Illich Ramirez Sanchez, dit «Carlos», et l'ancien président serbe Slobodan Miloševic, reconnu coupable de crime contre l'humanité en 2002. L'un des derniers a l'avoir recruté était l'ex-président de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, en 2011, qui l'avait engagé avec un autre grand nom du barreau, l'avocat et ex-ministre Roland Dumas. Né en 1925 d'un père consul de France et d'une mère vietnamienne, Jacques Vergès, surnommé «le Chinois», avait aussi été résistant pendant la deuxième Guerre mondiale et s'était affirmé comme un anticolonialiste convaincu. Sa carrière d'avocat avait débuté lors de l'affaire de la Sonacotra, sur les frais illégaux au sein des foyers visant des étrangers en situation irrégulière. Bien plus tard, il sera aussi l'un des avocats d'Omar Raddad. L'hommage de Kiejman et Collard Sur BFMTV, l'avocat et ancien ministre sous François Mitterrand Georges Kiejman, a rendu hommage à sa manière à son «meilleur ennemi» dans les tribunaux : «Jacques Vergès était un homme fascinant et mystérieux. Sa dimension intellectuelle dépassait le cadre judiciaire. Il faisait partie des deux ou trois avocats extraordinaires de ma génération. Pendant la guerre d'Algérie, il a été physiquement très courageux et a risqué sa vie (il militait pour le FLN ndlr), a-t-il confié. C'est sans doute la période la plus glorieuse de sa vie. Au fil des années, ses convictions ont évolué. Il a défendu les intérêts des Allemands nazis ou des terroristes comme Carlos. Le personnage avait changé. Il n'avait pas perdu son talent mais sans doute de sa puissance de conviction.» L'avocat et député (FN) Gilbert Collard a lui aussi salué la mémoire de son confrère. «Il était de ceux qui sont capables de dire non. C'est ce dont nous avons besoin aujourd'hui. D'hommes capables d'être aux cotés de ceux sur lequel tout le monde s'acharne», a déclaré l'élu sur BFMTV. Il y a six mois, Vergès avait reçu des journalistes du Point pour évoquer son dernier ouvrage, intitulé «De mon propre aveu». Il avait évoqué son parcours atypique. «Qu'aimeriez-vous pour vos obsèques en France», lui avait demandé à la même époque le quotidien Sud-Ouest, lors d'une interview. Réponse sans ambages de l'illustre avocat : «Trois ou quatre personnes qui m'aiment et qui m'enterrent. Et si des faux culs de politiques me récupèrent, j'aimerais leur dire : Soyez un peu plus dignes. » ============================================================================ LeParisien.fr btn_noimpr