Abdelkader Dehbi - Alger - Lettre Publique à M. l'ambassadeur de la Confédération Helvétique à Alger. Adresse E-mail : [email protected] Objet : Dénonciation de l'attitude arrogante d'une préposée suisse, responsable au Service des visas au Consulat Suisse d'Alger. Monsieur l'ambassadeur, Ayant été invité par la fondation Cordoue de Genève pour animer une Conférence, je me suis rendu ce matin 25 Septembre 2013 à 9h10, aux guichets du Consulat Suisse à Alger, muni des justificatifs suivants : - Invitation de la Fondation Cordoue de Genève, pour contribuer à une conférence-débat et comportant engagement d'hébergement et de défraiement; - mon passeport en règle et 2 photos; - ma carte de crédit American Express valide jusqu'en 2016; - attestation de compte en devises crédité de 3500 Euros; - Télex de réservation Alger-Genève-Alger, sur Air Algérie; Comme la préposée me fit savoir que ce dossier n'était pas complet, j'ai demandé à voir le ou la responsable du Service. Après quelques seconde d'absence, la préposée revint, flanquée d'une dame suisse d'un certain âge, passablement avinée – vous me permettrez cette remarque – pour m'apostropher derrière le guichet, en me demandant de produire un justificatif de mes « ressources en Algérie » (!) et que je n'avais qu'à lire sur le site Internet du Consulat, les conditions exigées pour un visa en Suisse. Devant tant de mépris et d'arrogance à l'égard d'un citoyen algérien ordinaire, de la part d'une personne censée être « diplomate suisse » j'ai repris mon dossier en lui faisant remarquer à haute voix, et devant les quelques six ou sept personnes présentes dans le hall du 1er étage, combien j'étais écœuré de voir tant de discrimination dans le traitement des citoyens algériens, selon qu'il appartinssent à la catégorie des citoyens algériens ordinaires ou à celle de la nomenklatura des gros truands de la grande délinquance du système politique militaro financier, détenteurs de gros coffres en Suisse. En lui lançant en guise d'au-revoir avant de partir : « C'est peut-être le général Nezzar, le criminel de guerre que votre pays n'a pas osé arrêter en Suisse qui met ses coffres suisses à ma disposition, non ? !… Monsieur l'ambassadeur, Vous me pardonnerez peut-être mon manque de... diplomatie, mais quand une espèce de vieille chipie manifestement éthylique vous toise du regard par-dessus vos 76 ans et par-dessus toute une vie au service de votre pays, vous demande de justifier de vos ressources, dans votre propre pays, avouez qu'il y a de quoi enrager. Surtout quand on sait par ailleurs – la vox populi d'Alger, croyez m'en, est certainement beaucoup plus honnête et mieux informée que les médias outre-Méditerranée... – qu'en plus des gros bonnets – civils et militaires – détenteurs de gros coffres en Suisse, il y a aussi, toute une catégorie de petits mafieux, trafiquants en tous genres qui eux, n'ont jamais de problème de visa. Comment pourrait-on l'expliquer, M. l'ambassadeur sans se poser de graves interrogations ? Je me souviens encore du temps de ma jeunesse quand la Suisse accueillait généreusement sur son sol, les chefs de la Révolution algérienne à l'occasion des pourparlers des Rousses, puis d'Evian près de leur frontière. Une Suisse – alors vraiment « au-dessus de tout soupçon » – qui symbolisait un neutralisme politique, d'essence hautement humaniste et morale, puisant ses fondements dans l'Histoire-même de la longue tradition de lutte pour la liberté, la démocratie et la paix entre les nations que symbolisait votre pays. Bien entendu, c'est moins au représentant d'une nation étrangère dans mon pays qu'à mon propre gouvernement, rongé par l'impuissance où l'ont conduit les sentiments de sa propre illégitimité, et sa propre corruption, de sa propre culpabilité, que j'adresse mes griefs, au regard de la situation qui est faite depuis toutes ces dernières années dans les officines de la quasi-totalité des chancelleries européennes, à mes compatriotes candidats à l'obtention d'un visa, pour tel ou tel pays de l'espace de Schengen ; comme s'ils étaient tous des délinquants potentiels ou des fraudeurs potentiels, alors que les vrais voleurs, les vrais criminels de guerre – je veux dires leurs petits télégraphistes, leurs vaguemestres – sont reçus avec des égards. Dans quel monde vivons-nous donc M. l'ambassadeur ? Je vous prie de croire M. l'ambassadeur, à ma considération. Signé : Abdelkader Dehbi.