C'est une histoire comme seule l'Algérie peut en produire : sombre et grotesque à la fois. Alors que le DRS est devenu un musée qui excite la curiosité des touristes étrangers, nos élites continuent à le promouvoir comme si ce monstre est toujours en activité, prêt à dévorer de ses longs crocs tout sur son passage. Au fait, ce sont les élites qui refusent le changement. Certains sont mêmes prêts à l'exhumer de sa tombe et à le ressusciter. Le DRS est un alibi dont chacun s'est servi et se sert à sa guise pour s'enrichir et devenir une notabilité, pour étouffer dans l'œuf le génie de militants authentiques qui risquent de dévoiler notre imposture et nos limites morales et intellectuelles et surtout pour justifier notre forfaiture et notre trahison collective. Si les choses vont mal dans ce pays, si le peuple est si malheureux que cela, c'est la faute au DRS, une institution qui n'est plus de ce monde depuis un bout de temps déjà. Cela n'est pas sans nous rappeler le film « le boulevard du crépuscule » de Billy Wilder. Un jeune scénariste qui fait la p… pour le compte d'une actrice que les aléas et les exigences de son époque ont relégué au musée de l'histoire. Surtout ne dites pas que le DRS est mort, ne dites pas que le DRS est une arnaque, un conglomérat de petits mercenaires sans scrupules qui traînent derrière eux un passé des plus douloureux, parce que vous allez subir les foudres de toute l'élite algérienne. Non ! Le DRS n'est pas mort, c'est seulement une ruse de la part du régime qui veut gagner du temps, qui veut déjouer notre résistance, mais alors quelle résistance ! et notre vigilance, ripostent du haut de leur notoriété les uns et les autres. Si vous persistez à le dire et à le rejetez, alors vous n'êtes plus seulement un proscrit, mais vous êtes un James Bond 007... Pourquoi ne disent ils pas simplement que sans la férocité de cet ennemi fictif qui les persécutent, les pourchassent et les surveillent, ils ne valent rien, ils ne peuvent plus accéder à cette vie de Pacha qu'ils mènent depuis toujours. Il ne faut pas réveiller le peuple de sa torpeur, le secouer dans ses vieilles habitudes, ses vieilles croyances et ses vieux mythes. Tout le pays résigné à outrance, croit dur comme fer qu'il n'a aucun droit devant une institution clandestine et scélérate. Et cela convient bien à nos élites. Pourquoi changer l'ordre des choses et éveiller les soupçons du peuple sur un DRS, sur un mythe qui n'existe plus ? Messieurs les leaders, Messieurs les intellectuels et Messieurs les universitaires, le temps du populisme, des légendes et de la ruse est fini. Le DRS c'est de la m…. ! Désormais, il faut vous défaire de votre conformisme légendaire et justifier votre statut social auprès du peuple. Jouer aux victimes, nous connaissons les vraies victimes, du régime ne marche plus.